La Galice m’intriguait. Cette Espagne océanique, verte et arrosée que l’on compare volontiers à la Bretagne a toujours excité ma curiosité. Et pour cause : voilà une région qui va à rebours de cette Espagne méditerranéenne et ensoleillée que j’ai fait mienne à force de séjours répétés plus ou moins longs.
Alors… C’est comment l’Espagne côté Atlantique ?
C’est le bout du monde à Cabo Fisterra !
En Galice, carte, étymologie et géographie concordent pour vous amener au bout du monde : Cabo Fisterra ou Finis Terae (qui signifie bout du monde en latin) est loin… encore plus loin qu’il n’y parait sur la carte qui la matérialise pourtant comme un ultime point de terre aux confins de la péninsule ibérique.
Ce cap mythique est chargé de symboles bien réels. Il y a la borne km 0 du chemin de Saint Jacques mais aussi et surtout les restes laissés par les pèlerins, vêtements et chaussures, tantôt calcinés suite à un autodafé purificateur, tantôt intacts, déposés là en guise d’offrande… Ok, Le geste est beau : par cet acte libérateur notre ami le pèlerin signe la fin d’un long voyage. En attendant il transforme Cabo Fisterra en un vaste dépotoir… Parce que pour être honnête, je soupçonne le pèlerin de profiter de cette tradition pour se débarrasser de ses vieux vêtements usés par les longues marches.
Alors quitte à faire dans la métaphore, pourquoi ne pas simplement marcher le plus loin possible, aller au bout… de ce bout du monde, escalader les rochers et contourner les genets pour finalement se retrouver seul à seul avec l’océan à perte de vue ? La charge symbolique me parait tout à fait recevable et ça fait moins de déchets ! La preuve en photo:
C’est les plus belles plages du monde et des attaques de Goélands dans les îles Cies.
Les îles Cies méritent largement une journée complète de balade.
Tout le charme du lieu réside dans ses paysages contrastés avec d’un côté le versant occidental et son long déploiement de falaises abruptes tournées vers la mer, les intempéries et le vent.
De l’autre côté, la façade orientale de l’île qui regarde vers le continent. Elle est constituée de dunes et de plages considérées comment les plus belles du monde (voir l’article du Guardian à ce sujet ). Il faut dire qu’avec leurs eaux turquoises et leur sable blanc elles n’ont pas à souffrir de la comparaison avec les plages des Caraïbes.
Les îles Cies font partie d’un ensemble d’archipels déclarés « Parc National » en 2002.
Le lieu est particulièrement protégé, ce qui permet à bon nombre d’espèces animales de s’installer et prospérer en toute quiétude à commencer par des colonies de goelands qui ont élu domicile un peu partout pour couver, avec une prédilection pour les abords des chemins.
Si comme moi vous n’êtes pas très au fait du comportement dudit Geoland en période de couvaison, c’est la débandade assurée ! Sauve-qui-peut ! Des escadrons de la ponte, particulièrement agressifs veillent sur les précieux nids et n’hésitent pas à lancer l’assaut si vous avez l’affront de vous approcher d’un peu trop près. Sur certains chemins c’est toute une formation militaire qui vous attend, avec un mâle posté tous les 3m prêt à lancer l’attaque au moindre faux pas.
Si vous ne voulez pas revivre “Les Oiseaux” d’Hitchcock, gardez vos distances, surtout sur le chemin qui relie le phare de Cies au Phare da Porta, c’est un vrai champ de mine, les nids sont partout et bien entendu, les sentinelles qui vont avec !
C’est des paysages à couper le souffle !
Oubliez le sacré, les pèlerins, Compostelle et la bonne vielle coquille, osez emprunter d’autres chemins que le trop célèbre « camino de Santiago », c’est là que vous pourrez apprécier pleinement toute la richesse de ses paysages composés :
- de grands rochers colonisés par un lichen d’un jaune franc qui s’allie à merveille aux bleus de l’océan et du ciel.
- de genets, jaunes eux aussi, qui tapissent les collines en mai et apportent une lumière irréelle au coucher du soleil,
- D’un nombre incalculable de phares, point de mire et point de chute inévitable (avec Saint Jacques de Compostelle) dans cette région ouverte sur l’atlantique. Ils constituent souvent l’unique repère humain au milieu d’un décor sauvage où alternent plage de sable infinies et falaise battues par des siècles de pluie et de vent.
- Des forêts d’Eucalyptus qui bien que clairsemées apportent un peu de verticalité dans cette région où l’horizon de l’océan n’est jamais loin.
- De petits ports de pêches qui s’égrènent le long de la côte et qui attestent d’une économie encore majoritairement tournée vers la mer. Ces villages font parfois office de station balnéaire mais qu’on se rassure, on est très très loin du déferlement de masse de la côté méditerranéenne.
Comment se rendre aux îles Cies depuis Vigo ?
Plusieurs compagnies maritimes assurent le trajet au départ de Vigo. Ci-dessous le lien vers deux compagnies:
http://www.piratasdenabia.com/islas-cies/horarios-y-tarifas
Le coût est d’environ 17€ .
Attention, le billet retour n’est pas ouvert autrement dit quand vous achetez l’aller vous êtes obligé de choisir l’horaire de retour ce qui est toujours délicat. D’expérience je vous conseille de prendre le retour le plus tard possible car même si l’île n’est pas très grande, il faut compter une bonne journée pour prendre le temps de flâner et de faire au moins un circuit de randonnée complet.
Autre mise en garde: l’île est très protégée et l’accès est limité à 2.200 personnes par jour, une mesure nécessaire et louable pour limiter l’impact du tourisme sur ce fragile écosystème. Bref d’un point de vue pratique cela veut dire qu’en haute saison soyez prévoyant et réservez votre billet à l’avance !