« Embarquement pour Cythère ! » Les guillemets s’imposent, en référence au chef-d’œuvre de Watteau, le maître de la peinture galante. Ce tableau et la splendeur d’un nom évocateur d’amour (Cythère est considérée comme un des lieux probables de naissance d’Aphrodite, déesse de l’amour), tels sont mes uniques repères. Tout reste donc à découvrir ! D’ailleurs l’enjeu de ce mini séjour de 3 jours sur l’île de Cythère est simple : se laisser porter par la surprise et l’absence d’à priori.
➡️ Comment aller à Cyhthère ?
⛵ La traversée en bateau peut se faire au choix depuis Athènes (port du Pyrée) ou comme nous depuis le port de Neapoli dans le Péloponnèse.
Depuis Néapoli comptez 1h15 de trajet
En haute saison il y a en principe 2 liaisons par jour, une le matin et une l’après-midi
Prix: 44€ pour la voiture et 12,5€ pour un passager
+ d’infos
3 jours sur l’île de Cythère – #jour 1
Qui aime la Grèce doit aimer la mer et les traversées en bateau ! La nôtre dure à peine 1h15 ; le temps de voir s’éloigner le continent pour rejoindre la magie d’un territoire clos et miniature que forme une île. J’adore les petites îles. Elles me rassurent et m’intriguent. Il me parait illusoire de vouloir appréhender un pays dans toute sa complexité sur à peine une semaine ou deux (allez, même trois). Par contre, l’exercice m’a toujours paru plus accessible quand il s’agit d’une petite île (d’où mes séjours en Sicile, Corse, Cyclades, Irlande, Madère, Cuba…). Elles incarnent une géographie de l’ailleurs et une identité locale saisissables dans le temps hélas souvent contraint des vacances.
A mesure que le bateau se rapproche des côtes sauvages de l’île, j’ai l’impression de rejoindre un nulle part oublié du monde et du tourisme. Ce ressenti n’allait pas me quitter du séjour. De sa capitale en passant par ses rivages cristallins et ses vallées arides, 3 jours durant j’ai ressenti une étourdissante impression de paix.
L’île d’à peine 50 km du Nord au Sud se traverse facilement. Les 1ers paysages traversés se composent pour l’essentiel de collines pelées digne d’un pays africain. Et puis de ci de là, un village, dont Chora, la capitale, située tout au Sud et où nous faisons un stop. Tout semble endormi, il n’y a pas âme qui vive dans les ruelles serrées les unes aux autres. En attendant qu’elle se réveille, on va à pied jusqu’au château en ruine installé sur un promontoire rocheux. Cette magnifique situation offre une double panorama avec d’un coté les grappes serrées de maisons blanches de la capitale (avec un faux air du Maghreb), et de l’autre la vue sur la double baie en forme de cœur de Kapsali.
De là haut, forcement on se laisse attirer par ce qu’on voit tout en bas. On file donc jusqu’à Kapsali où nous attendent une longue plage de sable, un petit port de pêche du bout de monde et une poignée de restaurants tous ouverts dans l’attente d’un hypothétique client. Ce ne sera pas nous car ce soir on décide de diner là ou se trouve notre hôtel, à Potamos au centre de l’île.
3 jours sur l’île de Cythère – #Jour 2
Randonnée aux ruines de Paléochora
Ce matin, à 9h nous avons rendez-vous avec Frank van Weerde. Derrière ce nom aux consonances toutes flamandes, il y a un hollandais tombé en amour pour l’île d’Aphrodite. Il a décidé de quitter son pays natal voilà des années pour vivre, habiter et travailler à Cythère. Franck irradie d’un amour sincère pour l’île. Couplé à un vrai sens des affaires, ça donne un figure incontournable du tourisme local ! Outre le gîte, il propose, en collaboration avec différentes personnalités locales, une foule d’activités : de la randonnée (c’est sa spécialité, il a arpenté l’ile à pied de fond en comble), des cours de cuisine, du canyoning, des leçons de danse grecque traditionnelle, des sorties en kayak de mer, des dégustations de miel ou d’olives ! Il ne vous reste plus qu’à faire votre choix. Pour notre part, ce sera randonnée suivi d’un cours de cuisine !
➡️ Retrouvez ici toutes les activités & hébergements proposés par Frank van Weerde à Cythère
Ce matin, une brume de mer cache l’horizon. Elle envahit le ciel et son humidité fait écho à ces régions tournées vers l’Atlantique. C’est dans cette atmosphère alourdie que nous entamons notre randonnée en direction de Paleochora, magnifiques ruines de l’ancienne capitale de l’île construite au XIIe Siècle. C’est une fois sur les chemins pierreux que l’on apprécie toute l’étendue des connaissance de Frank. Derrière chaque élément qu’il soit animal végétal, humain ou climatique, Franck a quelque chose à transmettre:
- Le chemin de randonnée = Autrefois n’y avait pas de route bétonnée, pas de voiture, uniquement des sentiers muletiers comme celui que nous empruntons. L’ensemble constituait un vaste réseau qui reliait entre eux les 64 villages disséminés de l’île.
- Un muret à l’abandon = Le symbole de la fin d’un monde rural, l’exode des compagne vers les villes. En effet la manne paysanne a depuis longtemps disparue. Faune et flore sauvages ont repris leurs droits les champs cultivés et les oliveraies. Les chèvres autrefois domestiques sont devenues sauvages et d’ailleurs posent de vrais problèmes car elles mangent absolument tout y compris les jeunes arbres que l’homme plante suite aux incendies fréquents ici comme ailleurs en Grèce.
- La brume = L’île se situe à la croisée de 3 mers (Mer Egée, Mer Ionienne et mer de Crète), résultat elle est exposée à tous les vents. Surtout elle bénéficie d’un climat un peu plus doux et tempérée que sur le continent. Bien souvent il fait 2 à 3° degrés de moins qu’en Grèce continentale.
- la végétation : Si l’île bénéficie d’une météo un peu plus tempérée elle n’est pas pour autant épargnée par la canicule. Depuis le début de l’année Cythère n’a été arrosée que 3 fois ! Et la végétation en pâtit. Tout semble prêt à s’embraser. Le thym omniprésent est réduit à l’état d’arbuste calciné. La sauge par contre commence à pousser (cf photo) et les oignons maritimes sont en cette mi-septembre les seules fleurs à nous gratifier d’un peu de vie dans ce paysage particulièrement éprouvé par la sécheresse. Franck nous dit qu’il faut venir au printemps, l’île est alors transfigurée.
Chemin faisant nous approchons de notre objectif ; les ruines de Paléochora. D’un coup, sans crier gare, elles se livrent au regard au détour d’un virage. Quelque chose d’austère ou de mélancolique se dégage mais rien de triste ou de désespéré. Cette ville fantôme est brodée de légendes autour de la fuite de ses habitants face à BarbeRousse en 1537. De quoi faire galoper l’imagination. Mais ce qui prévaut c’est le silence de la terre et de l’histoire derrière ces pierres. L’environnement est époustouflant. Un respect craintif entoure les deux canyons gigantesques qui encerclent l’ancienne petite cité, avec au loin la mer d’où arrivait tous les malheurs: les pilleurs et les pirates dont Barberousse.
Cours de cuisine grecque
C’est avec deux bonnes heures de retard que nous arrivons chez Chrysoula pour le cours de cuisine. Pas d’atelier aseptisé et impersonnel pour ce cours, nous somme directement plongées dans le petit intérieur modeste, suranné mais tellement chaleureux de Krithoula, habitante de Cythère depuis… toujours !
Chrysoula rayonne de gentillesse et de petites attentions. Elle n’est pas avare non plus de bavardages…en grec. Heureusement Frank assure le rôle d’interprète du grec à l’anglais. Charge à Aline et moi de digérer l’info en anglais.
Chez Chrysoula, on ne déroge pas à la tradition du « Glyko tou koutaliou » qui veut qu’on offre a tout visiteur, chez les riches comme les plus humbles, une confiserie faite par la maitresse de maison qui consiste en une confiture de saison servie sur un grand plateau avec un verre d’eau et une cuillère; d’où son nom « friandise à la cuiller ». Début de l’automne oblige, c’est une confiture de coing que nous dégustons. Délicieux ! Le tout accompagné d’un verre de Fatourada, une eau de vie locale à base de cannelle et de clous de girofle.
Ensuite direction la cuisine où Chrysoula officie en grande prêtresse des fourneaux. Recette du jour : une pita traditionnelle aux épinards et à la féta. Tout le secret réside dans la pâte ultra fine. Elle nous enseigne les rudiments mais face à son tour de main et son expertise exceptionnelles on ne fait pas le poids. Je me sens plus utile à jouer les commis et couper oignons ou épinards.
Place ensuite à la dégustation sachant qu’entre 2 passages de rouleau, notre hôte trouve le temps de réaliser en 2 temps 3 mouvements un repas complet à base de salade feta (of course!), de poissons frits et de légumes frits. Un régal sain, de saison et en provenance directe du jardin pour les fruits et légumes.
Où dormir à Cythère ?
Il est situé à Potamos, une petite ville plutôt animée du centre de l’île. Cet hôtel tout neuf n’est pas simple à débusquer même avec GPS car les rues sont tellement minuscules qu’il ne les repère pas ! Mais une fois arrivées, nous sommes récompensées de notre patience par un petit verre de Fatourada. Les chambres hyper agréables avec leur lit king size, donnent directement sur une petite jardin verdoyant, chose rare et garantie grâce un arrosage quotidien. L’accueil est incomparable de gentillesse, bref une belle étape du séjour que je recommande les yeux fermés.
3 jours sur l’île de Cythère – #Jour 3
Ce matin, sous mon nez, du café fumant, une ou deux guêpes affamées dansant au dessus des pots de confiture et une plaquette avec des photos de plages paradisiaques. Sur laquelle allons nous bronzer aujourd’hui ? Tel est le dilemme que nous avons à résoudre Aline et moi. Notre choix se porte rapidement sur la plage de Kaladi. Avec son gros rocher planté au milieu, ses eaux turquoise et son côté crique sauvage (pas de transat ou de paillote) elle nous tape tout de suite dans l’œil.
La bonne nouvelle c’est qu’à cette époque, les touristes l’ont désertée (c’est pourtant une des plages les plus fréquentées de l’île) . C’est donc dans un calme et une paix absolus que je barbote dans l’eau (avec quelques autres tout de même) des heures durant. Les bains de mer me font un bien fou. Délestée de toute contrainte, de toute attache, seuls comptent la la liberté du corps et l’évasion de l’esprit.
Ensuite cap sur les sources de Milopotamos, lieu idéal pour reposer mes yeux de tant de sècheresse et de terre brulée. La balade n’a rien d’extraordinaire. On nous avait parlé de moulin en ruine, on les cherche encore…. Mais c’est un plaisir de retrouver la fraicheur et l’exubérance végétale qu’apportent un simple petit cours d’eau. Depuis le village de Milopotamos nous avons pas rencontré de grosse difficulté pour trouver le chemin de randonnée.
Rien de tel qu’un coucher de soleil pour conclure la journée et surtout profiter jusqu’au bout d’un ensoleillement qui va dégringoler avec l’hiver qui approche. Aline et son bon sens légendaire identifie tout suite la bonne plage pour voir le soleil jouer les prolongations. Seul bémol, l’idée de reprendre de nuit la petite route tout en lacet qui nous a conduit à ce spot de rêve. On écourte donc à regret le spectacle flamboyant du ciel qui s’embrase sous les derniers rayons de lumière pour rejoindre sereinement nos pénates.
Mes 5 bonnes raisons de visiter l’îles de Cythère
- Tout le monde tombe amoureux de l’île d’Aphrodite ! Moi la première 💙💙
- C’est une île très authentique qui s’est perpétue sans changement majeur
- Partir sur l’île de Cythère c’est partir à la découverte de l’inconnu, d’un lieu qui n’a pas été instagrammé des millions de fois. Beaucoup plus secrète et discrète que ces voisines cycladiennes (Santorin en tête), l’effet de “déjà vu” est ici inexistant.
- Si elle est moins connue, cela sous-entend qu’elle est moins fréquentée. Croyez moi on y gagne au change: plages désertes, prix bas, c’est plutôt pas mal ! Attention elle est moins fréquentée par les touristes étrangers, par contre en été les grecs sont nombreux à s’y rendre. Il faut donc être prévoyant et réserver à l’avance votre hébergement en juillet-août.
- le cours de cuisine proposé par Frank est l’occasion de contribuer à la vie économique locale de façon intelligente et d’éprouver la grande générosité des grecs malgré toutes les difficultés qu’ils traversent.