3 ans après ma mise en bouche à Sulens, me voilà reparti en montagne avec ma voile, mon sac à dos et ma tente. Et, dans le projet de progresser en parapente, je me suis inscrit à un stage de parapente rando-vol bivouac avec copain Seb, de l’école Carpe Diem à Doussard, spécialiste du genre. Au programme, 5 jours dans le splendide massif du Beaufortain à en prendre plein les yeux !

Marche et vol en parapente

Si l’esprit même du parapente est de tirer parti des forces de la nature pour se mouvoir, il est la plupart du temps accompagné d’un bilan carbone pour son préambule, l’ascension, et d’une certaine approche consumériste de notre environnement. Le goût de la dite-liberté a donc un relent amer. Pour retrouver alors un certain équilibre, le voyage peut ainsi commencer dès le bas. En plus du plaisir de la randonnée, de la lenteur de la marche en phase avec le lieu dans lequel on évolue, en en prenant le pouls, en en humant l’essence, en en sentant la vie, le flux, cela, de fait, en augmente l’expérience. N’est-on pas justement en montagne pour cela ? Être ici et maintenant, et le vivre pleinement, avec tous nos sens en éveil.

…et bivouac !

Pour ce stage de rando-vol bivouac dans le Beaufortain, l’organisation consistait à (apprendre à) identifier un lieu de décollage à partir d’une analyse aérologique/topographique, monter en randonnée pour y passer la nuit ou au plus près du décollage pour, le lendemain matin, redescendre en parapente. Un somptueux projet, n’est-ce pas ? La journée, discussions pédagogiques, détente, bonne humeur, préparation des sacs, et, si les conditions le permettent, éventuellement un vol en fin d’après-midi. Le tout encadré de plusieurs moniteurs de parapente et de copine Virginie, accompagnatrice en montagne. Autre intérêt de ce stage chez Carpe Diem, les moniteurs disposent de parapentes biplaces, ce qui permet de pouvoir participer à l’aventure même si on ne sait pas voler seul (pas assez autonome, pour accompagner quelqu’un, découvrir…).

Avant de partir, êtes-vous bien équipé ? ➜ retrouvez le contenu de sac à dos en randonnée ✔︎

Rendez-vous à 8h dans le salon de « l’école buissonn’air » (rien à voir avec le projet de finir dans un arbuste, bien au contraire !), à Doussard. Rencontre avec les autres stagiaires (nb : au préalable, via le groupe WhatsApp créé, mettez-vous d’accord pour ne pas tous venir avec 10 viennoiseries par personne !), prêt du matériel au besoin, finalisation des sacs à dos (pour ma part : un 50 litres pour le matos de parapente et de bivouac + 1 sac plastique de vêtements de change + 1 autre de nourriture à laisser dans le camion navette) et c’est parti pour 5 jours de rando-vol ! Au vu des conditions météo, le choix du lieu s’est porté sur le massif du Beaufortain que Seb connait comme sa poche (je l’avais d’ailleurs croisé par hasard là-bas, avec sa voile, en train de tester des spots de décollage).

Premier vol depuis le Mont Bisanne

Premier arrêt à Marcôt pour repérer l’atterrissage (officiel). Attention à la ligne électrique en fond à l’Ouest mais il y a de la marge, la zone est confort, longue et large, avec une manche à air. Informations sur la brise et ses changements, observation du point d’envol (que l’on a de visu) et élaboration des différents plans de vol éventuels. Puis, pour ce premier vol, la navette nous monte directement au décollage de mont Bisanne (officiel aussi), à 1930 mètres d’altitude. L’herbe n’est pas « moquette » mais très régulière, l’aire est suffisamment grande pour pouvoir préparer sa voile sans avoir à se marcher dessus et l’atterro de Marcôt est visible. Conditions très sereines donc. Pour la petite histoire, c’est d’ici que décollent François Cluzet et Omar Sy dans la scène du parapente du film Intouchables.

En cette fin de matinée de mois d’août, la brise commençant à remonter la vallée et les pentes ensoleillées, le décollage se fera en Sud (vidéo), chapeauté par Léo et Stéph, les deux autres moniteurs de parapente de ce stage. Un premier vol tranquille, poussé doucement dans le dos, avec une magnifique vue sur le Mont Blanc et les sommets du Beaufortain avec la montagne d’Outray, le roc du Vent, la pointe de la Terrasse, l’aiguille du Grand Fond, la Pierra Menta, le crêt du Rey, le Grand Mont, le mont Mirantin… Atterrissage, PTU main droite en direction d’Albertville, 4,5 km plus loin et 1300 mètres plus bas, où on rejoint Seb resté à l’atterro pour superviser. Les premiers sourires de joie s’imposent à nous.

Bivouac et décollage à Roche Plane

Direction le plan d’eau pour le pique-nique et le débrief des vols. Ensuite, consultation des conditions aérologiques pour le lendemain matin : peu de vent et une légère instabilité thermique. On ira donc sur un versant Est pour profiter d’une brise de pente au réveil, avant que ça ne chauffe trop et que ça s’emballe. Seb propose d’aller à roche Plane. On prépare les sacs à dos avec le nécessaire pour bivouaquer et en route jusqu’à Sous le Clou.

Le groupe se met en chemin, longeant la tourbière puis la clairière du Clou avant de s’enfoncer dans les sous-bois. Virginie en profite pour nous partager ses connaissances sur la végétation et notamment sur les différents lichens (signes d’un environnement sain) dont l’usnée barbue. Plus loin, on sort ensuite de la forêt pour arriver sur un superbe plateau, très sauvage, où une sente serpente sur un pare-terre de myrtilliers et de rhododendrons. Sur notre gauche, le paysage beaufortain commence à prendre des teintes chaudes. Puis, le sentier commence à se raidir pour éprouver un peu les cuisses et les bâtons de randonnée sont les bienvenus. Après 1 heure, on atteint les 2094 mètres d’altitude du col de roche Plane. Si le réflexe oculaire est de plonger sur le vallon du Doron en contrebas, le regard est tout de suite après attiré par le très esthétique enchainement de pointes rocheuses et escarpées sur la gauche que sont la Légette du Mirantin, le Nid d’Aigle et le mont Mirantin (2460 m) en arrière-plan. L’itinéraire se poursuite ensuite sur une ligne de crête (assez large pour ne pas être vertigineuse), avec juste un micro-passage de crapahute et on arrive sur un petit plateau herbeux. C’est ici qu’on installera notre campement pour la nuit.

Un petit tour au sommet de roche Plane (2166 m) pour admirer la vue à 360° sur la chaîne des Aravis (du mont Charvin à la pointe Percée) et le massif du Beaufortain (mont Bisanne, l’aiguille Croche, la montagne d’Outray et les rochers des Enclaves, le roc du Vent, l’Aiguille du Grand Fond, la Pierra Menta, le crêt du Rey, le Grand Mont…). En arrière-plan, le massif du Mont Blanc, les pointes Léchaud et des Ouillons ainsi que, émergeant, l’aiguille de la Grande Sassière, le mont Pourri, Bellecôte et la Grande Casse. Pour connaitre précisément le nom de chaque sommet alentour, je vous conseille l’application Peakfinder.

Retour aux tentes pour casser la croûte face au soleil couchant avec, à contre-jour, le massif des Bauges (la dent de Cons, la pointe de Chaurionde et celle de la Sambuy, le mont Trélod, le roc des Bœufs, le Semnoz) et la Tournette. Splendide ! Le soir, nous serons bouche bée par l’intense et spectaculaire cellule orageuse se déchainant au-dessus de Turin. De dire d’insomniaques, ça a duré toute la nuit !

© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Le lendemain, réveillés les uns après les autres par la lumière du soleil à travers les tentes, on se regroupe au fur et à mesure autour du petit déjeuner. Néanmoins, Seb, lui, goûte l’air et nous dit qu’il ne va pas falloir trop traîner : « en parapente, quand c’est bien, il faut se dire qu’on n’aura pas mieux et y aller » (qu’espérer, laisser passer l’occasion et finalement ne plus pouvoir décoller). Ok, on avale notre thé et prépare le parapente dans la foulée. Léo part en premier pour superviser les atterrissages. Apparemment, avec lui, sa passagère en biplace aura vécu « le plus beau réveil de sa vie »… De mon côté, là-haut, le décollage depuis roche Plane n’est pas très long avec une pente relativement marquée. Il nous faudra donc profiter de la brise ascendante (certains partiront face voile). Seb, lui, redescendra en voile avec Virginie près du camion laissé à mi-hauteur et pour nous rejoindre après.

le décollage en parapente depuis roche Plane

Départ Sud-Est. Le plan de vol consiste à partir ensuite en direction de Beaufort pour longer la crête avant de la contourner pour poser à l’atterrissage de Marcôt, près de 1450 m plus bas. Au passage, je profite de quelques bulles qui commencent à se former au-dessus de clairières. Et c’est vrai que c’est vraiment merveilleux de se réveiller comme ça, en l’air, face au Mont Blanc (quelle “chance” on a toute de même de vivre ici !), dans un environnement à la douceur pastel enveloppant notre corps en quasi apesanteur. Quasiment, car oui, on descend quand même. Vu qu’il est encore “tôt” (positionnement temporel tout à fait relatif et variant entre un alpiniste, un agriculteur et un teufeur…), la brise de vallée est encore descendante : je ferai ainsi une PTU main gauche, face à Beaufort. L’herbe haute du champ gardant la rosée matinale et le poids surprenamment plus conséquent du sac à dos de bivouac m’ont fait faire un amusant atterrissage en glissade façon Holiday on ice sur quelques mètres, finalement plus controlée et finissant sur les fesses. 😁

Bivouac et décollage au Pas d’Outray

Traditionnel retour à la base de loisirs de Marcôt pour les besoins primaires (toilettes, douche, pique-nique, recharge en eau…), débriefer des vols et discuter de la suite. Nous consultons la météo et la confrontons à la carte IGN. Les prévisions pluviométriques ne sont pas unanimes. Si l’orage sera évité ce soir, il existe une incertitude quant au matin et la qualité d’eau pour l’éventuelle averse. On mise sur l’optimisme ! On refait les sacs et on monte dans la navette pour Plan du Mont, au-dessus de Beaufort, pour passer la nuit au pas d’Outray et y décoller le lendemain.

Le départ du parking du plan du Mont commence raide sur un sentier terreux dans les sous-bois. La chaleur de cette mi-août caniculaire est accablante. Heureusement, telle une providence de mère Nature, un immense bosquet de framboisiers vient dilater nos pupilles et enchanter nos papilles. Plus loin, Virginie nous offre une pause pédagogique sur le nom de certaines fleurs de montagne, leur origine et la théorie des signatures. Très intéressant ! Au bout de plus ou moins 1h, on sort de la forêt pour rejoindre le plateau Nord-Ouest de la montagne d’Outray. La vue se dégage et une agréable brise nous caresse. S’en suit une montée dans la combe (tracé assez régulier) qui se finit par un pierrier avant d’atteindre le pas d’Outray (2181 m). Un superbe panorama se déploie alors sur le massif du Beaufortain (encore et toujours !), du lac de Roselend avec l’aiguille du Grand Fond et la Pierra Menta jusqu’au mont Bisanne, en passant par roche Plane, d’où nous avons décollé ce matin. À l’Ouest, la chaîne des Aravis.

On pousse encore un peu sur un sentier balcon pour arriver sur le plateau herbeux, non loin d’une cabane (privée) de chasseurs où se trouve un tronc bassine avec un filet d’eau de source (mais venant des alpages juste au-dessus donc à ne boire que si vous avez des filtres !). On monte les tentes, profite du soleil, certains montent sur l’épaule à 2277 m pour la vue, moi aussi mais à la pointe Sud à 2175 m. On observera aussi Sophie qui s’envolera pour rejoindre ses obligations du bas. Au fil des minutes, les couleurs sur les montagnes prennent des teintes rose, orange et violet, zébrées et mouchetées par les ombres des nuages à l’horizon. La nuit venue, le courroux de Zeus repart de plus belle sur le Piémont tandis que la voie lactée veille sur nous ici.

Le lendemain, nous ne sommes pas vraiment réveillés par la lumière et la chaleur… En ouvrant la tente, je découvre un beau plafond gris… Le petit déjeuner n’est pas très enthousiaste… On attend, suppose, observe, déduit… Les masses nuageuses se rapprochent par intermittence, pleurant des rideaux plus ou moins épars… jusqu’à la grosse trombe ! Mais, après la pluie… Et, ni une ni deux, on replie les tentes dans lesquelles on s’était réfugié et on se met en place. Le décollage du pas d’Outray se fait sur la butte un peu plus haut, en Sud-Sud-Ouest. Les conditions sont bonnes, avec quelques ascendances le long des versants Sud. Le vol est une longue traversée au-dessus de Beaufort, offrant le temps d’apprécier le paysage, malheureusement encore bien couvert ce jour-là. Perte d’altitude à l’Ouest de l’atterrissage de Marcôt, analyse de la dérive avec une légère brise de vallée ascendante qui se met en place et PTU main droite pour une finale confortable 1600 m plus bas. On sent qu’on commence à mieux connaitre le spot !

Marche et vol à Petite Berge

Pour la deuxième partie du stage de parapente, nous changeons de secteur. Au vu du vent à 2500-3000 m, nous abandonnons l’idée de faire un décollage en parapente depuis le mont Coin, vers le cormet d’Arêches, pour aller au lac de Roselend. Un lieu que j’affectionne tout particulièrement. On ne traine pas pour le ravitaillement car l’idée est, malgré le “retard” (nécessaire !) pris ce matin, de pouvoir faire un deuxième vol aujourd’hui. Reconnaissance de l’atterro et élaboration du plan de vol en prenant en considération la brise (encore forte en ce milieu d’après-midi). On remonte pour aller poser le camion sur le parking du refuge du plan de la Lai puis on part léger pour cette mini randonnée marche et vol (juste mon pack de parapente dans mon sac 44 litres). L’itinéraire est très simple, suivant la piste carrossable passant aux abords du gîte de plan Mya, en prolongeant vers la Mora (une bifurcation sur la droite amène à la fameuse cabine téléphonique anglaise du Beaufortain) puis on remonte un sentier en zigzags jusqu’à atteindre le sommet de la butte de Petite Berge.

Au fil des pas, la vue offre un splendide panorama de la roche Parstire, à gauche, au roc du Vent, à droite. Puis, le regard plonge sur le lac de Roselend, paré d’émeraude, avec l’enchevêtrement des montagnes du Bersend et d’Outray, tombant dans le défilé du Doron, puis du mont Bisanne, la Tournette, le mont Charvin, la pointe de Mandallaz, l’Étale… Le décollage de Petite Berge en parapente est hyper confort, très large et long, avec une pente douce et régulière, face à un paysage somptueux. On a véritablement l’impression de sauter dans le lac ! Heureusement tout de même, le parapente prend le relai ! Car, en effet, c’est un vol de fin de journée idéal, quand le soleil vient taper les parois rocheuses de Roselend orientées Nord-Ouest, couplé à la brise de vallée remontant le vallon. Quel bonheur cela a été de longer les falaises du Biolley, rougeoyantes, face au roc du Vent. La sensation d’être en plein milieu d’une palette de peinture. Tellement heureux de vivre cet instant que j’en ai complètement oublié d’en faire des images ! Mais les miennes, pour sûr, resteront gravées à vie. Cohabitation beaufortine, on peut voir à ce moment-là les grimpeurs sur l’arête Sud de la via ferrata de Roselend.

560 mètres plus bas, tout le monde raconte son vol, partage son expérience de la beauté. Néanmoins, si le cœur et les yeux sont encore sous l’émotion du sublime, nos encadrants n’oublient pas l’objectif du stage, nous faire progresser en vue de l’autonomie, avec quelques remarques et conseils individualisés. Bivouac le soir au bord du lac de Roselend, avec un bon gueuleton tous ensemble pour faire honneur à cette mémorable journée, observation des étoiles, dont quelques-unes enfin filantes et absolument magnifiques ! Cela faisait 3 jours que je regardais, mais en vain.

Rando-vol au passage d’Arpire

La veille, nous discutions de l’option de randonner après notre vol de Petite Berge et bivouaquer afin de nous rapprocher du décollage (et donc avec tout le matériel de bivouac dans le dos) ou de celle de dormir au bord du lac et monter léger le lendemain. C’est la deuxième que nous avons élue avec, en contrepartie, un réveil plus précoce (aux aurores). Nous nous garons juste un peu avant le cormet de Roselend, point de départ de notre rando-vol du jour. C’est Seb qui a cherché et trouvé ce décollage de parapente dans le Beaufortain.

On suit une large piste carrossable s’engouffrant dans le vallon de l’Arpire, conduisant jusqu’au chalet d’alpage. Puis, l’ascension jusqu’au passage doit se faire hors-sentier en montant les pentes herbeuses du fond du vallon (lequel se divise en trois, prendre celui du milieu). On débouche ensuite sur une crête plongeant à pic sur Grand Berge et le lac de Roselend. Le Mont Blanc en Majesté. Le paysage a des allures de caresses du matin, douces et sereines. Un filet d’air cajolant le visage. Nous poursuivons la trace le long de la falaise jusqu’à atteindre le passage d’Arpire (2562 m), marqué d’une croix plantée dans un cairn. On est tout de suite saisi par l’imposante puissance qui émane de l’aiguille du Grand Fond et de la pointe de Presset, dressées devant nous, entrecoupées par la brèche de Parozan. En arrière-plan, la Pierra Menta et, en fond, le crêt du Rey et le Grand Mont.

perspective sur le vallon de Parozan © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Le décollage en parapente du passage d’Aspire se fait versant Sud, juste un peu plus bas. Il n’est pas très long et la pente est assez prononcée, avec une rapide rupture. Sentant une petite brise ascendante, on ne perd pas de temps pour pouvoir profiter de ces conditions favorables. Le plan de vol est quasiment identique à celui de Petite Berge. Après avoir gonflé mon UFO2, à peine quelques pas de course et je quitte le sol pour tirer ensuite à droite et surpasser la mini-crête. On bascule alors sur une vue absolument imprenable et sensationnelle au-dessus du lac de Roselend et face au Mont Blanc. La longueur de la transition fait qu’on a vraiment le temps d’apprécier. C’est complètement stupéfiant la sensation qu’on éprouve d’ici-haut ! Merci 1000 fois Seb pour cette expérience merveilleuse. C’est justement pour ce genre de vue que j’ai franchi le pas du parapente. Les falaises de Roselend étant encore à l’ombre, on ne peut pas vraiment rester en l’air mais ça fait quand même un vol de 1100 m de dénivelé^– ! Et pas des moindres !

© vidéo : L’Oeil d’Édouard 📷 / musique : O.J Nuit 🎵

Le Grand Mont en parapente !

Quand, lors de la quotidienne préparation de la prochaine rando-vol, Seb indique que ce sera le Grand Mont, j’ai explosé de joie ! Quelle magnifique montagne ! D’ailleurs, je la reluquais intimement depuis le début du stage en me disant que j’aimerais justement bien décoller un jour de son sommet… Nous prenons la direction du lac de Saint-Guérin où nous nous garons. Pour ce dernier soir ensemble, nous la jouerons confort et convivialité en passant la soirée et la nuit “en” refuge.

Pour cela, au lieu de prendre l’itinéraire classique du Grand Mont par le col de la Louze, nous montons directement par la forêt de Marlhonais. Histoire d’agrémenter la montée en file indienne, Virginie profite d’un arbre mort pour nous raconter des histoires : celle du bostryche dont la larve grave gravement les conifères, celle du pic-vert et sa langue faisant le tour de leur crâne, et pis, vers une immense fourmilière dont la partie émergeante était aussi haute qu’un être humain, celle des colonies de fourmis et leur impressionnante étendue possible. Tout le monde est ravi du supplément instructif de notre accompagnatrice en montagne ! Cela va de paire avec le projet d’ensemble de ce stage, une immersion en montagne, au plus près de cet environnement dans lequel nous évoluons en bas et en haut depuis 4 jours. Un rapport global au Monde. Être là et parmi.

Nous atteignons ensuite les prairies des Rognoux où les tarines sont en pâturage estival avant d’arriver au très charmant refuge de l’Alpage. Installation des tentes aux abords, bières fraiches et douches chaudes (ça change de la rivière, même si agréable). Accueil très sympa et repas maison goûteux et copieux (soupe et tian de légumes, tarte à l’abricot). À la tombée du jour, on profite de la terrasse avec vue sur la crête de la roche Parstire au mont des Acrays, le Mont Blanc, l’aiguille du Grand Fond, la Pierra Menta… On s’amuse à regarder tous les lieux d’où on a décollé au cours de ces derniers jours.

Ce dernier matin (après une nuit entrecoupée de quelques diverses péripéties de voisinage…), le petit déjeuner se fait avec les lueurs du soleil émergeant derrière les hauts sommets escarpés du Beaufortain et le Mont Blanc. Puis, notre dernière randonnée de ce stage marche & vol et bivouac… Déjà une certaine nostalgie… Une excitation mêlée à un pincement au cœur (ou à l’estomac pour certains…).

l’aiguille du Grand Fond, la pointe de Presset et le Roignais © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Sur un rythme tranquille, on monte le sentier parallèle à la piste de ski où nous nous arrêtons à la rencontre de marmottes. À la lecture de l’état de forme varié, Seb propose exceptionnellement de scinder le groupe en deux, histoire que tout le monde y trouve son plaisir : certains optent pour un décollage depuis le Grand Rognoux, juste à côté, d’autres préfèrent pousser au Grand Mont. Nous poursuivons alors au col de la Forclaz avant de serpenter au milieu des rochers (plus de détails sur l’itinéraire dans mon topo randonnée). Enfin, arrivée au sommet (2686 m) pour trouver le décollage, une pente herbeuse légèrement plus bas, au Nord. La vue est toujours aussi séduisante et l’excitation est à son maximum.

le sommet du Grand Mont d’Arêches

Le décollage du Grand Mont est un peu irrégulier et nécessite de faire attention aux grosses touffes d’herbes et cailloux affleurants. Néanmoins, la course est assez longue avec la rupture de pente. Cependant, vers 10h, la brise de pente remonte doucement le long de ce versant Est ensoleillé et offre des conditions optimales pour gonfler efficacement. Stéphane part en premier pour superviser nos atterrissages. Une fois en l’air, le plan de vol consiste à suivre le vallon en visant Nord-Est en direction du lac de Saint-Guérin. Léo, encore au sommet et nous observant, nous invite à jouir des thermiques en enroulant au-dessus des parterres rocheux du versant Est du Grand Rognoux (d’où nous regardent les copains). Et quel kif ! Pour la première fois avec ma monosurface, je prends des ascendances et m’amuse à monter. La vue est tellement belle… “Tout” le massif du Beaufortain, celui de la Vanoise à droite, le Mont Blanc en face, la chaîne des Aravis à gauche… Absolument merveilleux… Mais, au bout d’un moment, il faut bien laisser la place aux suivants. D’ailleurs, plus on reste là-haut, plus ça va s’agiter en bas…. (on aura le cas concret d’un stagiaire un peu trop gourmand qui se fera surprendre à l’atterrissage). Je poursuis donc en survolant les alpages du Rognoux puis en traversant au-dessus du barrage pour me poser non loin du lac de Saint-Guérin. Et, effectivement, environ 1200 mètres plus bas, la brise de vallée ascendante s’est bien développée et l’atterrissage, face au nord, nécessitera de ne pas se laisser avoir par la dérive.

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Au sol, on observera les deux derniers biplaceurs qui offrent à leur passager un vol prolongé, passant au-dessus du mont des Acrays pour une vue sur les deux lacs (avec celui de Roselend). Tout le monde partage son bonheur d’avoir eu un tel bouquet final pour clore ce magnifique stage de parapente, humainement et techniquement parfaitement encadré pour nos moniteurs et notre accompagnatrice en montagne. Grâce à un programme progressif très bien ficelé pédagogiquement (pourtant parfois improvisé suivant les conditions météo), chacun de nous a pu progresser, prendre confiance, découvrir des décollages splendides à plus de 2000 mètres d’altitude avec des vues à couper le souffle, dans un massif somptueux. « R’garde comme c’est beau ! » sera devenue l’expression consacrée.

Merci à Antoine, Cindy, François, François « semoule », Hélène, Jacques, Nathalie, Sabrina, Sophie et tout particulièrement à Léo, Seb, Stéphane et Virge pour ces exceptionnels et formidables 5 jours (et nuits) de rando-vol en parapente dans le Beaufortain.

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