Au départ de Plaine Joux et du lac Vert de Passy, le lac de Pormenaz fait partie des plus belles randonnées de Haute-Savoie. L’occasion était trop belle pour ne pas monter avec la tente et bivouaquer avec la vue sur les majestueux rochers des Fiz. En bonus le lendemain, l’ascension de la pointe Noire de Pormenaz pour un splendide panorama à 360° sur le massif du Mont-Blanc.
Sommet : Lac de Pormenaz (1945 m)
+ Pointe Noire de Pormenaz (2323 m)
Massif : Aiguilles Rouges (Haute-Savoie)
Départ : Plaine Joux (1350 m)
Durée : 3h à 5h (montée au lac de Pormenaz)
+ 1h à 1h30 (pointe Noire de Pormenaz)
Difficulté : ★★☆☆☆ à ★★★★☆
Dénivelé : +/- 800 m (lac de Pormenaz)
+ 350 m (pointe Noire de Pormenaz)
Distance (selon itinéraire) :
≃ 12 à 17 km a/r (lac de Pormenaz)
+ 3 km a/r (pointe Noire de Pormenaz)
Intérêt : ♥♥♥♥
Lacs de montagne, bivouac, refuges,
Bouquetins, d’oies, vautours, gypaètes
Période : mai à octobre
Carte IGN : Saint-Gervais-les-Bains 3531 ET
➜ Topos Randonnées Haute-Savoie
Itinéraires de randonnée au Lac de Pormenaz
En plus des différents départs possibles (depuis Plaine Joux, depuis La Côte, depuis Servoz…), il existe une multitude de sentiers de randonnée pour le lac de Pormenaz et la pointe Noire (en boucle ou non, par les gorges de la Diosaz, par le col d’Anterne…). Dans cet article topo, je vous présente les trois itinéraires classiques depuis Plaine Joux, au-dessus de Passy (cf : carte ci-dessous) : par la Chorde et ses échelles, par les Argentières et, plus simplement, par la piste et le refuge de Moëde Anterne ainsi que différentes éventuelles variantes. Après lecture, il ne vous restera plus qu’à choisir votre parcours selon la difficulté et votre envie.
Histoire de ne pas commencer d’entrée de jeu par un parking d’hypermarché et la foule d’un samedi après-midi dans une zone commerciale, on peut démarrer la randonnée au lac de Pormenaz depuis La Côte, située en contrebas du lac Vert sur les hauteurs du village de Servoz, au-dessus du hameau nommé Le Mont. Cela rajoute un peu de dénivelé (+ 120 m environ) mais le chemin, une piste 4X4, se monte sans vraiment d’efforts (à condition de laisser à droite le sentier du Lac Vert par chemin escarpé). En plus ou moins une 1/2h, on atteint le restaurant du lac Vert.
Autre possibilité qui m’avait tenté mais avec encore davantage de dénivelé (environ 250 mètres de plus par rapport au départ depuis Plaine Joux), partir depuis Le Mont au parking au bout du chemin du Souay. Le raide itinéraire remonte avec charme et fraicheur le torrent pour rejoindre l’itinéraire classique un peu avant les chalets de Souay. Cela permet également de fuir la foule allant au lac de Pormenaz par la voie classique et de faire, dans un sens ou dans l’autre, une boucle par les gorges de la Diosaz avec une vue depuis la tête de Fontaine. Une prochaine fois peut-être.
Depuis Plaine Joux
Il s’agit du départ classique pour la randonnée au lac de Pormenaz ou, juste, pour faire la balade au lac Vert en boucle (été ou hiver ; voir enneigement / risque avalanche). Du 1er juin au 30 septembre et durant la saison d’hiver, l’accès au lac Vert est interdit aux véhicules (pour les randonneurs qui ne voudraient pas marcher… il existe des navettes gratuites toutes les 15 minutes du mercredi au dimanche, 10h-13h / 14h-18h). Depuis le parking de Plaine Joux, suivre la route qui descend sur la droite pour ensuite la quitter par un sentier dans la forêt (très bien indiqué, aucun risque de se perdre !). En une quinzaine de minutes, on rejoint le parking du lac Vert avec la fontaine au sein jaillissant et le gros chalet hébergeant le restaurant éponyme.
Le Lac Vert de Passy
Modestement caché derrière un mur d’arbres, le lac Vert attire la foule. Au fil des pas, le joyau lacustre se révèle. Sa couleur émeraude, due à la présence d’algues bleues, envoute et les quelques rochers émergeants lui confère son charme tout à fait pittoresque. Celui-ci s’est niché dans une cuvette au pied des rochers des Fiz à la suite de l’éboulement du Dérochoir. Du fait de la fragilité de son écosystème, la baignade est interdite (comme, en fait, cela devrait être le cas pour tous les lacs de montagne !). Un aménagement permet de faire le tour du lac Vert en une quinzaine de minutes.
le lac Vert © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Mais le meilleur reste à venir mais aussi à faire. L’itinéraire de randonnée pour le lac de Pormenaz se dessine à la gauche du restaurant en montant la piste carrossable. Peu après, on découvre que le CR de Plaine Joux au Chatelet faisant le tour du lac Vert par le haut est fermé pour risques d’éboulement et d’avalanche lors de randonnées hivernales en raquettes (de toute façon, ce n’est pas notre chemin). On poursuit en enchaînant les virages peu esthétiques jusqu’au refuge du Chatelet des Ayères, avec une première vue dégagée sur les rochers des Fiz.
Un court replat et on reprend l’ascension sur cette « route à 4X4 » desservant les divers chalets de montagne. Très peu de plaisir sur cette partie… (je ne prends pas la peine de vous montrer de photo tellement ce n’est pas intéressant, vous pouvez imaginer une piste forestière terre/pierres comme vous en verrez plus loin). Du reste, sur les conseils d’autres randonneurs croisés sur leur descente nous recommandant cette parenthèse hors-foule, nous opterons pour un crochet forestier par le Gouet (voir juste en-dessous).
À la balise n°162 Le Gouet (1429 m), une trace dans l’herbe part à droite pour longer une bucolique prairie ornée de grande gentianes jaunes et de quelques chalets sur fond de barres rocheuses. Rien que cela réjouit l’œil après le Chemin de Croix de la piste… Le sentier s’engouffre ensuite dans les sous-bois aux allures elfiques où quelques rayons transpercent le moucharabié forestier pour fondre sur la verdoyante mousse recouvrant les rochers.
les chalets du Gouet
la Barme Trappier
Au niveau de la Barme Trappier (1383 m), on rejoint l’itinéraire de randonnée du lac de Pormenaz depuis Le Mont (voir plus haut la variante sus-citée). Après avoir traversé le Souay, le parcours se fait plus raide, mais digeste, en remontant plus ou moins près du ruisseau. Après un énorme bloc rocheux que les grimpeurs ont spité, on referme la parenthèse en retrouvant l’itinéraire normal aux Bennevy (1522 m).
Après Les Bennevy (1522 m), quelques virages et, 1h-1h30 après le départ de Plaine Joux, on atteint les chalets du Souay où, justement, vient le moment du choix des envies pour la suite de la randonnée au lac de Pormenaz : à gauche, la piste carrossable poursuit pour passer par le refuge de Moëde Anterne, à droite, le sentier mêle pour le moment deux itinéraires plus directs mais aussi plus « délicats », par la Chorde ou par les Argentières.
⚠️ À savoir que l’itinéraire vers le refuge de Moëde Anterne ainsi que celui par les Argentières pénètrent dans la Réserve naturelle de Passy et que les chiens sont strictement interdits pour ne pas perturber la faune (seule la montée par la Chorde n’en fait pas partie et permet l’accès au lac de Pormenaz avec un chien). Merci de votre compréhension et du respect conséquent.
Pour en savoir davantage sur les parcours, cliquer sur les bandeaux ci-dessous pour déployer chacune des parties :
Voici l’itinéraire de randonnée pour le lac de Pormenaz le plus direct, c’est-à-dire le plus court et le plus rapide. Néanmoins, cela implique un dénivelé plus abrupt et donc des passages plus techniques avec des barres, des chaines et des échelles. Si vous n’avez pas le « pied alpin » et/ou que vous êtes sujet au vertige, ce parcours est sans doute à éviter.
Difficulté : ★★★★☆
Distance : 1,7 km
Dénivelé : + 450 m
Durée : 1h à 1h30
Comme pour l’itinéraire par les Argentières, on quitte la piste carrossable au niveau des chalets du Souay pour descendre le sentier bordé de grandes gentianes jaunes et qui rejoint le torrent coulant à souhait. Une petite traversée sur les pierres et on se retrouve au pied du mur. Toutefois, si la verticalité s’annonce relativement prononcée, le tracé en zigzags, monté à son rythme personnel, rend la chose tout à fait digeste. Sur la fin de la partie combinée avec le tronçon via les Argentières, les marches en pierre et en bois seront assistées de chaines et de barres en fer pour les mains ainsi que de quelques repose-pieds.
la montée vers la Chorde (et les Argentières)
À la sortie de cette première montée, on atteint le point de bifurcation des chemins, marqué par un panneau d’indication. L’itinéraire de randonnée au lac de Pormenaz part à droite sur un sentier terreux ponctué de rochers avec quelques chaines ça et là. Si, jusque-là, le parcours est globalement fade, il va devenir beaucoup plus escarpé, plus sauvage, aura plus de sel (ne serait-ce déjà sur son front !) et donc plus intéressant. Après une petite traversée à plat avec vue sur la vallée, une première échelle de 6 barreaux a été placée pour gravir un passage raide et étriqué.
Cette mise en bouche passée et expérimentée (si vous ne vous sentez déjà pas du tout à l’aise, il est encore de faire demi-tour pour retrouver l’itinéraire par les Argentières), la longueur suivante remonte une épaule escarpée avec une série d’échelles fixées sur le rocher. Le « vide » au-dessus des gorges du Souay sur la gauche complète la sensationnelle impression, mariée à l’accroissement réciproque de la vigilance qui en découle. Si la pression monte trop négativement, on pourra se détendre en savourant la vue sur la vallée de Passy-Sallanches.
Enfin, sur un replat, un gros cairn pyramidal érigé sur un parterre de rhododendrons et de myrtilliers marque la fin des difficultés. Vous pouvez souffler en admirant les rochers des Fiz, dont notamment les pointes d’Ayères. Le sentier serpente tranquillement au milieu des fleurs en tutoyant une gouille. Quelques pas plus loin, 2 à 3 heures après le départ de Plaine Joux, le lac de Pormenaz apparait.
arrivée au lac de Pormenaz © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Remontant le défilé des gorges du Souay, cette « voie du milieu » (c’est le cas de le dire) est un bon compromis entre un parcours pas trop long et pas technique non plus. C’est d’ailleurs cet itinéraire qui sera, selon moi, à privilégier pour le retour du lac du Pormenaz, en boucle notamment.
Difficulté : ★★★☆☆
Distance : 2,3 km
Dénivelé : + 450 m
Durée : 1h30 à 2h
Comme pour l’itinéraire par la Chorde, on quitte la piste carrossable au niveau des chalets du Souay pour descendre le sentier bordé de grandes gentianes jaunes et qui rejoint le torrent coulant à souhait. Une petite traversée sur les pierres et on se retrouve au pied du mur. Toutefois, si la verticalité s’annonce relativement prononcée, le tracé en zigzags, monté à son rythme personnel, rend la chose tout à fait digeste. Sur la fin de la partie combinée avec le tronçon via la Chorde, les marches en pierre et en bois seront assistées de chaines et de barres en fer pour les mains ainsi que de quelques repose-pieds.
la montée vers les Argentières (et la Chorde)
À la sortie de cette première montée, on atteint le point de bifurcation des chemins, marqué par un panneau d’indication. L’itinéraire de randonnée au lac de Pormenaz par les Argentières part à gauche sur un sentier terreux s’engouffrant dans les gorges du Souay, fraiches à l’ombre du matin. S’il apparait relativement plat au départ, il va se raidir de plus en plus. Pour enjamber un ruisseau chutant de l’escarpement, une passerelle sur quelques pas. Vers 1840 mètres d’altitude, le chemin va tirer « dré dans l’pentu » pour avaler sèchement les 100 m de dénivelé positif. Une paire de bâtons s’avérera ici votre meilleure amie pour ne pas faire reposer l’effort de montée uniquement sur vos cuisses (et, à la descente, vos genoux !).
le sentier des Argentières remontant le long du Souay puis le dénivelé sec
Vers 1930 mètres d’altitude, le paysage s’aplanit pour arriver sur un grand plateau herbeux. L’embranchement des chemins mène, à gauche, vers le refuge de Moëde Anterne, tandis que, à droite, le petit pont en bois qu’on traversait naguère enjambe le ruisseau pour rejoindre, après une courte raideur, quelques gouilles logées au creux de la roche puis le lac de Pormenaz (environ 2h30 à 3h30 après le départ de Plaine Joux).
L’itinéraire de randonnée au lac de Pormenaz le plus facile mais également le plus long et le plus monotone. Consistant à remonter la piste carrossable la majeure partie du temps, il ne présente aucune difficulté sinon celle de l’« endurance » et de la lassitude. Heureusement, quelques sentiers de randonnée permettent d’agrémenter le parcours de passages plus bucoliques pour tout de même, après le refuge, retrouver un agréable sentier jusqu’au lac. Même si elle semblera interminable, c’est la voie à privilégier pour une randonnée au lac de Pormenaz avec des enfants sur 2 jours avec nuitée ou si vous avez mal aux genoux.
Difficulté : ★★☆☆☆
Distance : ≃ 5 km
Dénivelé : + 500 m
Durée : 2h à 3h
Juste avant d’atteindre les chalets du Souay, un sentier de randonnée quitte déjà la piste en partant sur la gauche dans les arbres (en fait, c’est un raccourci, on retrouve la route juste après le virage). Peu après avoir traversé quelques arbres, on atteint les plans d’Ayères (1635 m). Ici, la piste 4×4 continue mais on peut soit couper droit devant pour la retrouver juste à peine plus haut, soit, histoire d’agrémenter le parcours, partir à droite sur un sentier de randonnée à travers les alpages. À vous de choisir.
Si on opte pour le tracé bucolique plutôt que le terrassement à la pelleteuse, on pourra, quelques centaines de mètres plus loin, justement comprendre où l’on met les pieds puisque ceux des vaches ont déjà complètement labouré la terre au point de devoir placer des passerelles en bois pour traverser la zone quasi marécageuse. D’ailleurs, on pourra croiser les coupables tarines sur le chemin un peu après, paissant au milieu des grandes gentianes jaunes. Seule difficulté, une belle raideur de 50 mètres de dénivelé positif.
On sort ensuite sur la route carrossable au niveau de la pierre à l’Ours (1877 m) et de l’abri non-gardé, surnommé « cabane à Tintin », construit au pied d’un curieux rocher paréidoliquement ursin. Puis, juste après, on a là encore le choix entre remonter la piste 4×4 ou couper par un sentier de randonnée. Évidemment, je vous recommande cette deuxième option, laquelle offre en plus, après un passage entre de gros blocs tombés des rochers des Fiz juste au-dessus, une vue dominante sur le vallon du Souay avec l’aiguille du Belvédère et l’aiguille de la Fioria en fond et, sur l’autre versant, la montagne de Pormenaz avec le Mont Blanc pointant derrière.
la « cabane à Tintin », sous la pierre à l’Ours
le vallon du Souay
Vers 1955 mètres, on retrouve à nouveau la piste pour ne plus la quitter jusqu’au refuge (à moins de couper dans le fond de la combe en descendant jusqu’au Souay mais ça fait ensuite remonter une raideur pour rejoindre le col de Laouchet ou alors de complètement changer de plan en montant au col d’Anterne). On atteint le refuge de Moëde Anterne, situé à 2000 mètres d’altitude, étape sur l’itinéraire du tour des Fiz, du tour du Pays du Mont-Blanc et du tour des aiguilles Rouges.
le refuge de Moëde Anterne © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Après le coude, le sentier part au sud sur une ligne de crête. Le paysage à l’est m’a particulièrement séduit avec la prairie en contrebas puis avec, derrière, les pentes rocheuses du massif des aiguilles Rouges avec l’aiguille du Pouce et, en toile de fond, la haute-montagne escarpée avec l’aiguille Verte et les Drus, les aiguilles de Chamonix et l’aiguille du Midi. À droite, sur les pentes nord de la montagne de Pormenaz, des brebis en alpage gardées par des patous dont on entend les aboiements.
les aiguilles de Chamonix, massif du Mont-Blanc (📷 Canon EF 100-400 mm) © L’Oeil d’Édouard / Instagram
Enfin (on est plus très loin !), le chemin contourne au-dessus le lac de Laouchet stagnant sur son plan pour ensuite descendre sur le plateau herbeux qui rejoint l’itinéraire de randonnée par les Argentières. Reste à traverser le petit pont en bois qui enjambe le ruisseau pour rejoindre, après une courte montée, quelques gouilles logées au creux de la roche puis le lac de Pormenaz, environ 3h à 4h après le départ du parking de Plaine Joux.
Le Lac de Pormenaz et bivouac
Qu’importe l’endroit par lequel on y accède, le lac de Pormenaz impressionne par son élégance, où son bleu profond s’impose au milieu du vert des pentes de la pointe Noire (et/ou du blanc des plaques de neige persistantes au printemps). L’îlot au centre comme cerise sur le gâteau de l’esthétique. Lové dans son écrin en creux, on peut facilement en faire le tour pour en apprécier les différents points de vue, dominants ou à ras. Le plus beau étant à l’est, avec la somptueuse barre des rochers des Fiz en arrière-plan qui semble jaillir de l’eau en même temps qu’elle se reflète dans le miroir lacustre.
À savoir que les deux tiers nord-est du lac de Pormenaz font partie de la Réserve naturelle de Passy (voir la carte), ce qui implique certaines conditions réglementaires : pas de camping mais seulement une tolérance au bivouac de 19h à 9h (afin que la végétation puisse se régénérer la journée avec la lumière du soleil une fois la tente démontée), pas de feu (réchauds uniquement), survol en parapente et en drone et chiens interdits (pour ne pas troubler les espèces qui y vivent et s’y reproduisent mais également les infecter avec les crottes), pas de ramassage de fleurs et de pierres (pour conserver le patrimoine géologique) et ne pas laisser ses déchets (cela va sans dire car c’est une évidence mais pas encore pour certains gros cons qui avaient laissé leur bouteille de vin fièrement plantée sur leur spot nocturne comme un trophée de la crétinerie et que j’ai redescendue à leur place).
crépuscule sur le lac de Pormenaz et les rochers des Fiz © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Le plus immersif pour goûter le lieu et entrer en sympathie avec lui est assurément de faire un bivouac au lac de Pormenaz (chacun cherchera son havre selon son gré ; cf : mes conseils) et ainsi pouvoir jouir des changements de couleurs du paysage au coucher du soleil, à son lever, du mouvement des nuages, de la lumière en observant les ombres sur les reliefs mis ainsi en exergue, mais aussi avoir le ciel étoilé comme seul plafond, comme seule référence visuelle, nous rappelant à notre condition, parmi un tout transcendant. Lever les yeux, c’est élever son âme.
nuit étoilée et les rochers de Fiz éclairés par la Lune (📷 Sony FE 16-35 f/2.8 mm) © L’Oeil d’Édouard / Instagram
La Pointe Noire de Pormenaz
Alors que la suite du projet était éventuellement de monter au col le lendemain pour revoir le lac d’Anterne, l’envie de plutôt découvrir la cime belvédère juste au-dessus de nous a été bien plus forte (quitte à être là, ce serait tout de même bien dommage et regrettable !).
Le sentier part du sud-ouest du lac de Pormenaz (en fait, il en existe deux au départ qui se rejoignent ensuite, voir la variante plus bas) et prendre à droite lorsqu’ils se séparent (photo ci-dessous). Bien tracé, il est conjoint avec celui qui passe aux chalets de Pormenaz puis arrive au Mont via la tête de la Fontaine, au-dessus des gorges de la Diosaz. Au poteau en bois de la borne 128 (attention, les panneaux d’indication sont tombés et ont été fixés à même le sol sur des rochers), prendre à gauche un chemin pas si évident à voir. Néanmoins, l’itinéraire de randonnée à la pointe noire de Pormenaz est bien balisé tout le long avec un marquage jaune (plaques fixées et points peints sur le rocher ou pieux plantés dans le sol). Après une micro-crapahute, le sentier bien visible traverse un grand plateau herbeux avec vue panoramique sur la vallée avant de revenir en direction du sommet (c’est ici qu’on retrouve la variante un peu plus directe). On entendra aussi quelques cris de marmottes mais sans jamais réussir à les voir.
Légèrement plus au sud du lac de Pormenaz, un sentier part à gauche à la patte d’oie (cf : photo juste au-dessus), en direction d’une butte. Premier et seul obstacle comme droit de passage, une verticalité rocheuse de quelques mètres à gravir à l’aide d’une chaine (ainsi, l’itinéraire serait plutôt à privilégier pour la montée et revenir à la descente par le chemin classique, histoire de varier en faisant une boucle). Ensuite, on remonte une grande dalle de roche moutonnée puis il suffit de suivre les cairns jalonnant la sente assez évidente jusqu’à rejoindre le tracé balisé après être passé entre de gros blocs rocheux.
Après la jonction et un panneau très intéressant au sujet du géotope glacio-karstique de la montagne de Pormenaz (sur les roches moutonnées en dos de baleine, les cannelures et les différents types de lapiés derrière nous), un court passage raide atteint un nouveau grand plateau herbeux avec panorama. On borde ensuite une très charmante gouille ornée de linaigrettes. En regardant au sol, on peut remarquer les cachous laissés par les bouquetins qui viennent s’y désaltérer et se reposer à l’ombre du muret rocheux (l’odeur était déjà un indice….). Puis, le sentier va se raidir mais le tracé en lacets permet de ne pas subir l’effort. En regardant en direction de la pointe Noire de Pormenaz, on peut voir quelques vautours tournoyer (certains matinaux ont dit avoir aussi vu des gypaètes).
© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
1h à 1h30 depuis le lac, on arrive au très étendu sommet de la pointe Noire de Pormenaz, culminant à 2323 mètres d’altitude. En réalité, la vraie cime est l’éperon rocheux qui a donné son nom à la montagne. Libre à chacun d’y aller mais, au-delà de la satisfaction socio-égotique du « j’y suis allé ! », cela n’a pas réellement de plus-value visuelle et on pourra largement se contenter de la large épaule pour se délecter du panorama à 358°. Face au splendide tableau, on pourra prendre le temps de se poser, admirer, dessiner ses souvenirs et noter ses impressions dans son Carnet de randonnée.
En face, au sud-est, l’œil est irrémédiablement attiré par la vue frontale sur le majestueux massif du Mont-Blanc avec, de gauche à droite, l’aiguille du Chardonnet et l’aiguille d’Argentière, l’aiguille Verte avec les Drus et l’aiguille du Moine, le haut des Grandes Jorasses derrière les aiguilles de Chamonix, l’aiguille du Midi (décidément, il est bien plus facile d’en trouver une ici que dans une botte de foin !), puis le mont Blanc du Tacul, le mont Maudit et le Mont Blanc, le dôme du Goûter, l’aiguille de Bionnassay et le dôme de Miage. Au premier plan, le massif des aiguilles Rouges avec l’aiguille du Belvédère, l’aiguille du Pouce, l’aiguille de Charlanon et le Brévent.
le sommet du Mont Blanc (📷 Canon EF 100-400 mm) © L’Oeil d’Édouard / Instagram
Au sud, le mont Lachat (celui des Houches) et le Prarion, la vallée de Passy avec, en arrière-plan, les hauts sommets du massif du Beaufortain et, par temps très très clair, du massif des Écrins, celui de la Lauzière et de la chaîne de Belledonne. Dans l’alignement de Megève, le massif de la Chartreuse (avec notamment la dent de Crolles et Chamechaude), le massif des Bauges (le mont Pécloz, la dent de Cons, la pointe d’Arcalod, le mont Trélod…) puis, à droite, la chaîne des Aravis (du mont Charvin à son point culminant, la pointe Percée).
Au nord-ouest, la vue plonge sur le lac de Pormenaz. En toile de fond, un magnifique tableau composé de l’aiguille de Varan, l’aiguille Rouge, le Sautet et la tête de Colonney, puis la somptueuse barre de rochers des Fiz allant de la pointe de Platé, au-dessus du désert, à la pointe d’Anterne, le col d’Anterne avec, en arrière-plan, la pointe Rousse et la pointe des Avoudrues, puis la tête du Moëde et, tout à droite, le mont Buet. Pour connaitre précisément le nom de chaque sommet alentour, je vous conseille l’application Peakfinder.
la pointe de Platé et la tête de Colonney
le mont Fuji par Hokusai mont Buet
Aller-retour ou boucle ?
Tout dépend de par où vous êtes monté mais, globalement je vous déconseille de redescendre par les échelles de La Chorde tellement cela va être fastidieux (d’autant plus si vous devez croiser des personnes qui montent), impressionnant, vertigineux pour certains, voire dangereux. L’itinéraire classique de randonnée au lac de Pormenaz en boucle fait passer au retour par les Argentières (+/- 1h30 depuis le lac de Pormenaz). La descente est assez raide au départ mais le sentier qui longe les gorges du Souay a tout son charme en fin de journée. Autre solution, revenir par le refuge de Moëde Anterne puis la piste (+ 100 m de dénivelé) jusqu’aux chalets de Souay. Avec sa douce inclinaison, c’est sans doute l’itinéraire le plus facile quand on est fatigué et/ou peu aguerri à la marche, mais c’est également le plus long (2h à 3h depuis le lac de Pormenaz). Pour plus de détails, je vous renvoie en milieu d’article où j’ai présenté en détails ses différents itinéraires.
➜ Se rendre au départ de Plaine Joux
● depuis Annecy ou Annemasse, prendre la direction de Chamonix (autoroute ou nationale) en traversant Bonneville puis Cluses et Sallanches.
● depuis Albertville, traverser Ugine puis remonter les gorges de l’Arly via Flumet pour traverser Megève puis Combloux.
Ensuite, dans tous les cas, traverser Passy puis prendre la route passant sous le plateau d’Assy pour remonter les lacets menant à Plaine Joux. Se garer sur le grand parking gratuit à l’entrée du domaine skiable. Attention toutefois à ne pas arriver trop tard pour avoir de la place car la randonnée au lac Vert et au lac de Pormenaz est très populaire !
Avant de partir, êtes-vous bien équipé ?
➜ retrouvez le contenu de sac à dos de rando ainsi que tous nos conseils montagne ✔︎
Pour séjourner ou dormir la veille sur place, vous pouvez regarder les hébergements vers Passy (hôtels, gîtes, appartements…). Par ailleurs, si vous venez en week-end ou en vacances en Haute-Savoie, voici quelques activités à faire à Passy et ses environs (vol biplace en parapente, saut en parachute ou à l’élastique, canyoning, rafting, via ferrata…).
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