Le Grand Arc est cette large pyramide gardant l’entrée de la Maurienne et la Tarentaise. C’est une randonnée qu’on m’avait souvent proposée et qui ne m’emballait pas du tout… Mais un jour, j’ai découvert le versant Sud-Est en faisant le Bellacha et cela m’a fait réévaluer mon point de vue. Alors j’y suis allé en octobre et, avec les couleurs de l’automne, c’était absolument magnifique ! De plus, cet itinéraire passant par le lac Noir est varié et assez sauvage.
Sommet : Le Grand Arc (2484 m)
Massif : Lauzière (Savoie)
Départ : Lieulever / “Tioulevé” (1263 m)
Carte IGN : Albertville 3432 ET
➜ Topos Randonnées Savoie
Difficulté : ★★★☆☆
Dénivelé : ≃ 1250 m
(boucle : 1300 m d+ cumulé)
Distance : 6,5 km aller (boucle : 13 km)
Durée : ≃ 3h aller (boucle : ≃ 5h30)
Intérêt : ♥♥♥♥
(à l’automne !)
Lacs de Montagne
Période : mai à novembre
Avant de partir, êtes-vous bien équipé ? ➜ retrouvez le contenu de sac à dos en randonnée ✔︎
Se rendre à Lieulever
Depuis Albertville, compter 1 heure au total : prendre la D1090 pour Chambéry. Au niveau du giratoire de Grésy-sur-Isère, traverser l’Isère à main gauche en direction d’Aiton sur la D925.
Depuis Chambéry (1h au total) : prendre l’A43 pour Albertville. Passer Saint-Pierre d’Albigny et s’engager dans la Maurienne en direction de Turin–Milan mais sortir tout de suite à Aiton (n°24).
➜ Dans les deux cas, depuis le grand giratoire d’Aiton, se rendre à Aiguebelle par le D1006 et traverser l’Arc à gauche pour rejoindre Randens. Dans le village, suivre la direction de Montsapey et monter la D72b. Suivre la route jusqu’au bout pour atteindre Lieulever (anciennement “Tioulevé”) et se garer sur le parking du féérique relais du lac Noir.
Par le Col des Génisses
Au départ de Lieulever, aller au fond du parking puis quitter la piste pour prendre à gauche un “sentier nature et découverte” (plusieurs panneaux renseignent les enfants de manière ludique sur la vie alpagiste). Celui-ci passe au milieu des derniers chalets au-dessus des Platières avant de monter tranquillement à l’ombre des arbres. Parfait pour se chauffer les jambes. Après avoir traversé le ruisseau du lac Noir, le sentier va commencer à se raidir un peu mais tout en étant progressif.
Ensuite, vers 1600 mètres d’altitude, une courte côte fait légèrement monter la température. D’autant plus qu’on sort alors des arbres et que le soleil est déjà passé au-dessus de la chaîne de la Lauzière. Nous croiserons à cet endroit un troupeau de brebis en alpage, dirigé par une petite fille à l’autorité toute attendrissante. Le chien comblant les lacunes… Une petite traversée débonnaire et on arrive sur le replat de la Lognane, vaste prairie herbeuse parsemée de rochers qui fera rêver les raquettistes pour une randonnée en hiver.
la Lognane © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Puis, le sentier sillonne des champs entiers de myrtilliers. Le paysage est délicieusement époustouflant !! La rétine s’excite à la vue des couleurs rougeoyantes. On marche au beau milieu d’une palette fauviste, une abstraction presque hallucinatoire où vibrent carmin, vermillon, orange, doré, vert olive sur fond de ciel bleu. On pourrait se croire immergé dans une peinture abstraite de Gerhard Richter. L’œil aiguisé et gourmand saura repérer les pépites noires violacées… Des myrtilles plein les mirettes ! Et dire qu’avant je dénigrais cette randonnée avec mes a priori. La prochaine fois, je tournerai sept fois ma langue dans ma bouche, et pas que par gloutonnerie !
Doucement, au fil des pauses gastronomiques, on atteint le col des Génisses, passage au creux de la Pierre Courbe (1954 m). La vue sur cette mer rouge est à nouveau absolument sensationnelle. À voir tout de même en juillet, mais ça doit être pas mal du tout non plus avec les multiples fleurs de montagne. Le chemin se poursuit plus ou moins sur la courbe de niveau. Une légère descente vers un replat traversé d’un ruisseau puis une douce montée pour atteindre le promontoire du lac Noir (+/- 2 heures après le départ du parking). Cette plate-forme un peu humide est idéale pour avoir une vue globale sur le lac.
© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Le Lac Noir
Jolie découverte que ce lac de montagne, au creux des pentes du Grand Arc. On retrouve ça et là des randonneurs faisant une pause fraicheur et un repos plus long. Il faut dire que le cadre est idyllique et justifie à lui-même l’ascension par ce seul objectif. Certains font la sieste tandis que des enfants jouent au bord de l’eau (un caillou qui fait plouf leur est inlassablement merveilleux). Du reste, là encore, j’imagine le charme de ce paysage au printemps, avec les plaques de neige autour… (note pour plus tard : refaire cette randonnée en avril).
Les crêtes du Petit Arc
L’accès au sommet au Grand Arc se fait en suivant une ligne de crête qu’on rejoint sur un sentier caillouteux. Ce dernier fait un peu transpirer mais chaque pas est récompensé par une vue de plus en plus splendide. Pour un peu que l’on prenne le temps de se retourner de temps en temps, le regard se délecte du somptueux panorama sur la vallée de la Maurienne, la chaîne des Hurtières, la Combe de Savoie et les contreforts des Bauges. On passe ensuite sous les 2343 mètres du Petit Arc (libre à chacun d’aller cocher le sommet mais il n’y a semble-t-il pas un grand intérêt)
Le sommet se dresse maintenant juste devant nous. On traverse le plan incliné herbeux situé au-dessus du lac Piéru (les férus de pente adoreront cette descente en faisant le Grand Arc en ski de rando). Sur le sentier, quelques rochers plus ou moins déterrés forment des marches qui peuvent éventuellement être un peu délicates pour les moins expérimentés. Dans la coche montagneuse en face, rejoignant le mont Bellacha, on peut apercevoir pointer le mont Pourri et la Grande Casse.
© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Enfin, la partie finale devient légèrement plus alpine, alternant d’un côté et de l’autre de la crête. Le regard plonge alors sur le bassin d’Albertville. Un ou deux passages sur rochers nécessitent de lever le genou et incidemment poser une main (pour info, il n’y a pas de câble car ce n’est absolument pas nécessaire). Après cette ultime raideur, on voit alors la croix sommitale. Plus que quelques pas…
Le sommet du Grand Arc
Une heure après le lac Noir, on arrive aux 2484 mètres du Grand Arc. À l’instar du Grand Som, la croix est encerclée d’une table d’orientation en deux hémicycles. Très utile pour situer les montagnes (quand on n’a pas Peakfinder) et/ou pour s’inspirer pour ses prochaines randonnées. Petit bémol tout de même, cela a tendance à faire s’y agglutiner les gens. Mais, si on décentre le regard sur les alentours, la vue à 360° vaut vraiment le coup depuis le sommet du Grand Arc. En effet, par temps clair et sec, on peut voir la plupart des grands sommets de Savoie.
À l’Ouest, le massif des Bauges, pleinement visible maintenant, avec la dent d’Arclusaz (2041 m), le mont Pécloz (2197 m), le mont Colombier (2045 m), les pointes d’Arcalod (2210 m), de Chaurionde (2173 m) et de la Sambuy (2198 m), la Belle Étoile (1841 m) et la dent de Cons (2063 m). Puis, la Tournette (2351 m) et la chaîne des Aravis. Au Nord, le chaînon du Grand Arc avec l’alignement dent du Corbeau (2279 m) / Grand Lanche (2111 m). En arrière-plan, le massif du Beaufortain avec le mont Mirantin (2460 m), la pointe de la Grande Journée (2460 m), le Grand Mont (2686 m)… Evidemment, tout au fond, le Mont Blanc, coiffé de ses habituels nuages post-matinaux.
À l’Est, au loin, le massif de la Vanoise et ses blanc sommets : de gauche à droite, le mont Pourri (3779 m), le sommet de Bellecôte (3417 m), la Grande Motte (3653 m), la Grande Casse (3855 m), les glaciers de la Vanoise jusqu’à l’aiguille de Péclet (3562 m). Au premier plan, la chaîne de la Lauzière qui se dresse avec, en vis-à-vis, le mont Bellacha (2484 m). Au Sud, la vallée de la Maurienne où coule l’Arc, la chaîne des Hurtières avec la vallée des Huiles puis le Nord de la chaîne de Belledonne. Enfin, tout au fond, la barre rocheuse du massif de la Chartreuse avec le mont Granier (1933 m). Les plus accipitridés apercevront même peut-être le massif du Vercors au loin, à travers la “brume” grenobloise…
Boucle par le Char de la Turche
Le retour se fait par le même chemin. On peut à nouveau donc jouir pleinement de la vue. Attention toutefois à ne pas rouler sur un caillou traitre. Vers +/- 2100 mètres, on retrouve la bifurcation de l’aller. Il est alors possible de redescendre par le même itinéraire qu’à la montée (lac Noir, col de Génisses…. environ 1h30) mais également d’en prendre un autre, ce que je privilégie la plupart du temps. Cette seconde option fait une boucle (mais pas un détour) passant par une dernière petite pointe appelée char de la Turche. Pour cela, on poursuit le sentier bien tracé le long de la crête dans une balade contemplative au milieu des myrtilliers (oui, encore ! mais l’intestin a peut-être déjà atteint son seuil de tolérance gastrique…).
Une dernière bifurcation permet une fois encore de revenir au lac Noir (pour ceux qui auraient des regrets) et voilà la “grande” dernière ascension de 25 mètres de dénivelé. Le Char de la Turche (2010 m) est un petit promontoire plat (le terme c’har viendrait du patois savoyard signifiant “renflement de terrain avec esplanade” , d’après Jean-Philippe Buord). Belvédère privilégié, il offre une dernière vue carte postale sur le Grand Arc. Prenant la lumière dorée de fin de journée, il me semble alors que dire que la montagne est embrasée n’a, ici, vraiment rien de galvaudé. Merveilleux !
La suite est une longue descente sur un sentier face à la chaîne de la Lauzière. Le rouge des feuilles d’automne est peu à peu remplacé par le vert des aiguilles de conifères. Arrivés au-dessus du pas de la Chèvre, nous comprenons mieux pourquoi un panneau indiquait plus haut qu’il était “délicat” (un court passage de crapahute dans une zone humide). Toutefois, celui-ci remonte au lac Noir donc on le laisse sur la gauche pour continuer à droite dans une clairière… de myrtilliers ! C’est tout bonnement incroyable cette profusion !
Enfin, nous filons droit dans la forêt, avec ses bouquets amanites, jusqu’à retomber sur un chalet isolé en bout de piste, sous les câbles électriques. Nous sommes stupéfaits par le grésillement et nous interrogeons sur la notion de résidence secondaire au calme à la montagne… Le chemin se poursuit ensuite en zigzags, traversant La Chouette et Les Mouilles (ce qui n’a malheureusement pas tenu l’alléchante promesse d’un poème de La Fontaine). Deux grosses heures et demie après le sommet du Grand Arc, on rejoint le parking de Lieulever.
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Bonjour,
Il s’agit bien de Grésy-sur-Isère (où comme son nom l’indique passe l’Isère) et non de Grésy-sur-Aix, où on passe depuis Chambéry. Nous amis touristes pourraient partir dans l’autre sens 😉
La rando fait vraiment envie. Et si la montagne est belle, le Grand Arc est un monument vraiment majestueux !
Bonjour Didier,
Merci d’avoir signalé la coquille, c’est corrigé !
Je vous recommande vivement la randonnée au Grand Arc (et à l’automne de surcroît !).