L’île de Pâques. Un nom qui envoûte et attise la curiosité. Une île mystérieuse qui fait naître dans les esprits les plus incroyables hypothèses sur sa colonisation, qui titille notre imaginaire sur la culture Rapa Nui qui l’habitait et qui surprend lorsqu’on la visite.
Je n’ai jamais été porté sur les dates, religieuses encore moins. Lors de la préparation de mon tour du monde, je n’ai pas fait gaffe – hormis mon anniversaire – aux dates auxquelles je serai dans chaque pays. Ainsi, quelle ne fut pas ma surprise (grande et agréable) lorsque je me suis rendu compte que j’allais passer Pâques… sur l’île de Pâques !
Ahahah des fois le destin nous réserve de belles choses, des surprises qui vous marquent le reste de votre vie 🙂
Île de Pâques, kezako ?
L’île de Pâques, ça parait étrange comme nom nan ?! Et bien mystérieux. En fait l’île fut (re)découverte par le navigateur néerlandais Jacob Roggeveen… le jour de Pâques 1722, le 05 avril exactement (pour ceux qui aiment les calendriers). Du coup, le mec, faisant preuve d’une imagination débordante, a décidé de l’appelé Jacob Island. Nan je rigole, “Île de Pâques” bien sûr, c’est tout de même plus original !
Et comme l’occidental n’a que faire de l’Histoire des autres civilisations, elle porte encore aujourd’hui ce nom alors qu’en vrai elle s’appelle “Rapa Nui” dans la langue de la culture du même nom, ce qui signifie “la grande Rapa”.
Les mecs de la culture Rapa Nui viennent en fait de Polynésie (selon les dernières preuves scientifiques), et probablement des Marquises, ces îles aujourd’hui françaises. Ils se sont tapés genre des milliers de kilomètres en pirogue pour venir coloniser ce bout de terre perdu à 3700km des côtes chiliennes et à 2000km de la première île, Pitcairn. Y’en a qui sont motivés (et avec des bras comme mes cuisses) !
Ils se sont posés tranquillement sur cette île volcanique et vu qu’ils en avaient marre de ne voir personne, ils se sont construits des amis imaginaires : les Moaïs, ces statues en pierre sorties de la roche volcanique qu’ils ont érigé un peu partout sur leur territoire de Minipouss’.
Ensuite, quand ils en ont eu marre des Moaïs et de la consanguinité, ils ont pété un boulard et se sont pris pour des oiseaux : d’où le culte de l’homme-oiseau et du dieu “Make-Make”, belle métaphore collective de l’envie de se tailler de ce caillou perdu en plein océan. Certains sont morts évidemment, les jet-packs n’existants pas encore.
C’est ensuite que sont arrivés les occidentaux et leur capacité à bien faire les choses (surtout d’un point de vue extermination). Pour la petite histoire, ce n’est qu’en 1966 qu’ils eurent le droit d’avoir la nationalité chilienne et de sortir de la réserve où ils étaient confinés… CQFD.
Comme d’habitude, Wikipédia est top pour apprendre la vraie histoire de l’île de Pâques.
Une journée dans une famille Rapa Nui
Je pointe donc le bout de mon nez sur l’île après un vol sur la compagnie LAN Chile. J’avais réservé une chambre pas trop chère dans un hôtel bien situé, l’Hotel Atariki. En sortant de l’aéroport de la (seule) ville d’Hanga Roa, je vois plein de taxis… J’aime pas les taxis. Je me dis alors : “nan mais tu vas pas payer un taxi une blinde ! C’est une petite ville, je suis sûr que tu peux y aller à pieds !”.
Je consulte alors Google Maps en hors connexion et m’aperçois que la rue de mon hôtel est toute proche, je file bien motivé.
Bien sûr je me suis perdu. Faut dire que les panneaux des noms des rues c’est accessoires ici et qu’ils les inscrivent sur les rebords des trottoirs à la peinture. Vous pensez bien qu’après quelques pluies bien chiadées d’ici, ben y’a plus de noms de rue !
Bref, je suis perdu. Je demande alors à une grosse Rapa Nui qui jardine. Elle me dit, “t’inquiètes mon beau-frère va t’emmener en moto” ! Le beau-frère sort avec un grand sourire. Je fais mine de croire que c’est un service gratuit et altruiste, je monte avec mes sac à dos. Bon ben, quand même l’Hanga Roais se perd, tu reprends confiance en ta capacité à te repérer géographiquement.
Au bout de 20 minutes en moto (alors que la rue se trouvait à 2 minutes à tout casser), j’arrive enfin ! Le beau-frère commence à tendre la main mais je le court-circuite avec un “Give me five” pour le remercier chaleureusement de son altruisme. Il repart déçu.
A peine étais-je arrivé, que j’apprend que l’hôtel m’avait envoyé un gars venant me chercher en voiture. Le gars avait un panneau avec mon nom écrit en police Calibri de taille 250. Trop petit pour mes yeux apparemment !
Bref je m’installe dans ma chambre, proprette et avec un bon lit. Standard mais agréable tout de même.
Ce n’est pas encore pâques chez nous, on est samedi ici, mais la propriétaire des lieux m’invite à un “Curanto” familial pour l’occasion.
Les Rapa Nui passent Pâques en famille à boire et à manger. Le curanto consiste en un espèce de barbecue sous terre. Venu de Polynésie, cette façon de cuisiner s’est ensuite répandu au Chili, notamment au sud du pays. Les liens entre les peuples du Pacifique sont forts, y compris entre l’Amérique du sud et les îles de Polynésie.
Pour faire un curanto, il faut creuser un gros trou dans le jardin que l’on rempli de pierres chauffées dans un gros feu. On dispose ensuite les viandes et les légumes (souvent des pommes de terre) emballés dans de l’aluminium, que l’on recouvre d’une autre couche de pierres brûlantes, de feuilles de bananier et de palmier puis d’une bâche pour garder la chaleur. Enfin, une couche de terre vient clore le tout. Donc le barbecue ressemble à un monticule en plein milieu du jardin, j’adore !
Après plusieurs heures de cuisson, on peut commencer à enlever les couches 🙂
Une fois tout déballé, hop on mange en famille en buvant des bières 🙂
On discute en espagnol et en français (un peu) et on boit et on prend le temps de savourer ce repas maison !
Une journée de vélo sur l’île de Pâques
Le lendemain, je décide d’aller me louer un vélo pour visiter l’île pascale, un peu de sport après toute cette bouffe ça ne me fera pas de mal 🙂
On m’avait dit : “ouais, en vélo tu peux visiter les alentours d’Hanga Roa et aller en haut du volcan, mais là tu vas en chier un peu, prépare-toi !”. Bon la personne qui m’avait dit cela ne paraissait pas très sportive, du coup je me suis dit que c’était un petit joueur.
Forcément, j’en ai chié ! Je me balade tranquille sur un vélo pourri donc les freins ne décollaient pas des roues (paie tes cuisses) et commence à monter en direction du cratère du volcan Orongo. Au bout d’un quart d’heure à galérer comme un prisonnier tatare désirant escalader les parois de son goulag, je pose finalement pied à terre, m’avoue vaincu par cette montée alpine et pousse mon vélo. J’ai mis une heure et demie à pied pour arriver jusqu’en haut avec un vélo aussi lourd qu’un remorqueur. Arrivé en haut (je jette mon vélo tellement il me saoule), le gain de l’effort est bel et bien là : une vue splendide accueille le bagnard et lui redonne le sourire en un instant !
Je découvre ce lieu magnifique avec admiration, le volcan ayant dessiné l’île comme elle est aujourd’hui, de toute sa puissance.
Après plusieurs minutes silencieuses à m’évader devant ce paysage, je reprends ma mule de fer direction le village Rapa Nui d’Orongo : le village où les pétés du boulard se jetaient de la falaise. Les “candidats-désignés” devaient descendre de la falaise, nager jusqu’à l’îlot Motu Nui pour rapporter le premier œuf de Sterne noir. Celui qui le rapportait le premier permettait à son clan de s’occuper de la distribution des ressources (très restreintes) entre tous les clans. Un peu trop au taquet sur l’esprit de compétition les gars quand même. Ils pouvaient pas juste tirer à la courte-paille nan ?!
Le village d’Orongo symbolise donc cette période de la culture Rapa Nui. On y découvre des maisons basses à petites ouvertures pour se protéger du vent et des ruines de temple, le tout avec une vue imprenable sur l’océan et sur le cratère. En gros THE place to be in Easter Island à cette époque (du 14-15ème siècle au 18ème).
Une fois la visite effectuée, je décide de redescendre (ouf !) pour aller voir quelques Moaïs.
Je dévale le volcan à 130km/h et prend la voie principale en direction du ahu Akivi, sur le flanc du mont Terevaka.
J’avais déjà vu des Moaïs dans le port d’Hanga Roa, mais là c’était mon premier Ahu (plate-forme à Moaïs) : Akivi ! Wouaw !
Ce spectacle me pénètre entièrement. Je vois de mes yeux ces statues longtemps désirées devant ma télévision. Je suis devant des sculptures folles. Je m’évade encore devant tant de beauté et de force. L’ambiance mystique de l’île de Pâques m’envahit. Ouais, je suis bien sur l’île de Pâques là !
Après ces moments riches et prenants, je reprends ma mule à deux roues et pars découvrir d’autre Moaïs, un peu plus près de la ville.
Je passe le cimetière fleuri et très joli et arrive à Tahai. Cet ahu et deux autres Moaïs se dressent dos à l’océan, comme les gardiens et protecteurs de l’île. Je prend des photos et mange quelques chocolats. Ben oui c’est Pâques ! 🙂
Le soir je décide d’aller à un spectacle de danse Polynésienne. Je suis super excité car j’adore les danses des îles !
Une journée en 4×4 sur l’île de pâques
Pour ma troisième et dernière journée sur l’île de Pâques, je décide (vu ma forme du moment) de louer un scooter pour me trimballer plus loin que mon satané vélo.
Sachez que si vous n’avez pas le “A” de tamponné sur votre permis de conduire, vous ne pourrez pas louer de scooter au Chili ! Je me suis fait avoir. Du coup j’ai opté pour un 4×4 que j’ai réussi à avoir pour 30 000 pesos.
Je monte dans l’engin et pars en direction de la seule vraie plage de l’île : Anakena.
Les paysages défilent, tous plus beaux les uns que les autres. Les collines arborées dessinent des courbes toujours attrayantes. Les champs et prés aux couleurs vertes et jaunes m’envoûtent. C’est d’une beauté que je n’aurais pu imaginer.
Après quelques minutes, j’arrive à Anakena et descend pour aller voir cette plage que l’on dit paradisiaque. C’est vraiment le cas ! Le soleil me chauffe, la température est agréable, l’atmosphère paradisiaque est bien là.
Et en plus une surprise m’attend : le ahu Nau Nau ! Un très bel ahu située en plein milieu de la plage, entouré de sable fin et chaud et d’une multitude de palmiers.
Après cette magnifique plage d’une île perdue en plein Pacifique, je pars en direction du plus célèbre ahu du monde : Tongariki !
J’arrive sur le site, je me gare bien et là… paf un car de touristes chinois. Pas que je n’aime pas le chinois mais bon ça va être dur de prendre des photos sans personne dessus.
La force du lieu est indescriptible. Cette rangée de 15 Moaïs possède un caractère vraiment spécial, qui te prend aux tripes, qui te ramène des siècles en arrière en ces temps où ces statues de pierre étaient érigées avec une ferveur inconcevable. C’est dingue comme la folie de l’homme peut le pousser à réaliser des choses incroyables…
Cela se passe de commentaires.
Cet endroit est tellement mystique qu’un troupeau de personnes bizarres y est venu exprès pour se faire… heu… ben des câlins il me semble…
A un moment donné y’a même un gars qui s’est mis à courir torse-poil en brandissant un drapeau… J’ai pas compris. Les chinois non plus d’ailleurs…
Tongariki me laissera un souvenir impérissable.
Je pars ensuite découvrir LE lieu de fabrication des Moaïs : les flancs du volcan Rano Raraku, situés tout prêt de Tongariki d’ailleurs.
Je vous laisse contempler ce que j’ai pu y voir.
Après cette visite de Rano Raraku, je parcours la côte en suivant la route menant à Hanga Roa. Je m’y arrête et je découvre énormément de chevaux sauvages. Belle image que ces animaux libres et majestueux sur cette terre puissante.
Et voilà ! Tout ça c’était ma fête de Pâques extra ordinaire de 2014. Quel bonheur de vivre tous ces moments si incroyables, de voir cette île au parfum de mystère et d’éloignement. Des souvenirs qui resteront toute ma vie gravés dans ma mémoire !
Donc si vous passez par là, faites un saut sur Rapa Nui. Vraiment.
A bientôt Rapa Nui !!!
Ahahah… tu m’as bien fait marrer avec ta petite histoire perso de l’île de Paques ;-)… Je l’aurais pas mieux décrite.
Mais ouais sinon on te rejoins trop sur la puissance assez dingue que dégage cette île perdue au milieu de nulle part! On y a fait une semaine de camping qu’on n’est pas prêt d’oublier! Vive le voyage quoi 😉
Merci Benoit ! Content de t’avoir fait passé un bon moment 🙂
Oh que oui vive le voyage !!! Et surtout quand on découvre des endroits comme l’île de Pâques. Ca nous imprègne et ça reste toute la vie, what else ?!