Moins populaire que d’autres randonnées dans les Bornes-Aravis, la pointe du Midi est pourtant un sommet qui n’a rien à envier. Si l’approche par le Lac de Peyre est facile, l’ascension finale est un peu plus alpine avec des passages plus exposés. Là-haut, un remarquable panorama à 360° attendra les plus téméraires. L’itinéraire sera peut-être agrémenté de la faune du Bargy.
Sommet : Pointe du Midi (2364 m)
Massif : Bornes (Haute-Savoie)
Départ : Col de la Colombière (1607 m)
Carte IGN : La Clusaz 3430 ET
➜ Topos Randonnées Bornes-Aravis
Difficulté : ★★★☆☆
Dénivelé : 800 m cumulés
Distance : environ 8 km a/r
Durée : montée 2 à 3h
Intérêt : ♥♥♥♥
Lac de Montagne
Bouquetins – Chamois
Gypaète
Période : juin à novembre
Avant de partir, êtes-vous bien équipé ? ➜ retrouvez le contenu de sac à dos en randonnée ✔︎
➜ Se rendre au Col de la Colombière
● depuis Annecy ou Albertville : traverser Thônes puis Saint-Jean-de-Sixt…
● depuis La Roche sur Foron : passer par Le Petit Bornand…
Ensuite, dans les deux cas, traverser Le Grand Bornand puis Le Chinaillon et remonter les lacets de la route D4 conduisant au Col de la Colombière.
● depuis Cluses, Bonneville ou Sallanches : monter directement par Le Reposoir.
⚠️ Sur la route, il y a de nombreux cyclistes faisant ce parcours du Tour de France.
Pour se garer au col de la Colombière, les bas-côtés ont été élargis pour stationner les voitures. Pour séjourner ou dormir la veille sur place, vous pouvez regarder les hébergements dans les Aravis.
Depuis le Col de la Colombière
L’itinéraire de randonnée démarre sur la gauche du restaurant La Colombière, sur une large piste carrossable. Après quelques pas, on laisse devant nous le sentier qui mène au pic de Jallouvre pour suivre logiquement le virage qui repart en épingle au Nord-Ouest, en direction du Lac de Peyre. Peu à peu, la vue révèle le vallon du Reposoir avec la pointe d’Almet (2262 m) et la pointe d’Areu (2478 m), jusqu’à, tout au fond, la Haute Cime des Dents du Midi (3257 m), le Grand Mont Ruan (3044 m) et le pic de Tenneverge (2989 m). Après 15 minutes d’échauffement, on atteint le chalet de la Colombière (vers 1745 m) où il faut prendre le sentier accidenté qui part sur la gauche.
Le tracé alterne chemin terreux et marches sur les cailloux et le rocher. Un court passage équipé d’une cordelette en guise de main courante pourra aider les personnes ayant le pied peu sûr. Dans les faits, cela ne sera pas forcément nécessaire avec les marches naturellement taillées mais pourra tout de même s’avérer utile en cas de roche humide (calcaire) et donc glissante. D’où, aussi, l’idée d’avoir de bonnes chaussures de randonnée. On arrive devant l’impressionnante casse au pied de la Porte d’Enfer (tout un poème…). Vers 1950 mètres, une bifurcation permet de filer à droite pour longer le pierrier et ainsi monter plus directement à la pointe du Midi. Toutefois, celui-ci est plus raide et, tant qu’à faire, autant agrémenter la randonnée d’un passage au bord du lac de Peyre. De plus, ce sera l’itinéraire du retour alors, à moins que vous ne soyez pressé, autant varier la boucle en ne repassant pas deux fois au même endroit.
Ainsi donc, suivre à gauche le sentier terreux qui remonte la pente herbeuse de la combe. Plus on avance et plus le terrain est ravagé par les sentiers sauvages. Ensuite, un replat vallonné au-dessus duquel se dresse fièrement, telle une canine sur sa gencive balafrassienne, la face Nord de la pointe Blanche. On serpente alors entre les creux remplis de mares constellées de linaigrettes et les bosses faussement prometteuses jusqu’à atteindre, pour de vrai, le Lac de Peyre avec sa très probable foule pique-niquante.
Le Lac de Peyre
Selon la saison (automne ici), il n’aura pas du tout le même aspect : gelé, embrassé de névés, abondant ou marécageux… on aimera revenir en découvrir les esthétiques variations climatiques, mais je gage que le début de saison, quand le niveau d’eau est encore élevé, est la période la plus séduisante. L’œil trouvera sa réjouissance dans le naturellement très photogénique panorama du plan lacustre avec, en arrière-plan, la Chaîne des Aravis (dont la pointe Percée, 2750 mètres) et le Mont Blanc en fond. Plus de photos sur mon topo du Lac de Peyre.
© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Montée à la Pointe du Midi
Au niveau du Lac de Peyre, à nouveau, deux possibilités. À gauche, monter au col de Balafrasse pour revenir ensuite par la crête (en quel cas, je vous invite à consulter mon topo pour la pointe de Balafrasse, 2296 m). Sinon, plus évident, un sentier en zigzags monte la pente herbeuse en visant un collet sur la droite. Arrivé aux 2255 mètres de la crête, se trouvait une poignée de bouquetins, dont de beaux vieux mâles, se dorant la pilule au soleil. Si vous souhaitez voir des photos de ce moment privilégié, vous pouvez regarder sur mon site perso. Par ailleurs, le paysage à l’Ouest se révèle avec une vue plongeante sur le massif des Bornes, la vallée de La Roche-sur-Foron. Mais ça, on en reparle en haut.
Sieste d’aprèm et pointe du Midi © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Mais, même si j’aurais pu rester ici des heures à les admirer, l’objectif du jour n’était pas là. L’itinéraire pour atteindre le sommet de la pointe du Midi part sur le versant droit sur une sente débonnaire arrivant au pied de la paroi Sud. Autant vous le dire tout de suite, vous n’allez dorénavant plus être bien nombreux sur le parcours. Pour ma part, fin de journée d’automne, j’étais absolument seul, je n’ai plus croisé personne jusqu’à la redescente au niveau du Lac de Peyre. Cela oblige donc, à partir d’ici, à être assez sûr de ses capacités techniques et physiques. On longe le bas de la falaise en descendant sur un sol mi-terreux, mi-caillouteux (et on se dit alors que porter un casque ne serait, ici, pas saugrenu… surtout s’il y a du monde ou de la faune en haut). Après l’avoir contourné, on remonte un large couloir, un peu raide mais avec de nombreux lacets permettant de ne pas forcer.
On débouche sur un petit col à 2280 mètres, lequel relie la pointe du Midi et la porte d’Enfer. Versant Nord, la vue plonge sur la Combe sauvage et la pointe Dzérat (2278 m). On sent qu’on n’est pas très loin. S’en suit un parcours rocher/touffes, peu marqué mais assez évident puisque, sur ce gros caillou sommital, il n’y a pas cinquante possibilités. Certains passages passant près du vide au Nord sont un peu aériens (donc à déconseiller si vous êtes sujet au vertige) et nécessiteront de poser les mains pour assurer le coup. En ce sens, il faudra être très prudent si le calcaire est humide et, en début de saison, si de la neige ou de la glace persiste.
dans le dos, la Porte d’Enfer et la pointe Dzérat…
puis, en face, le sommet arrive
Le sommet de la pointe du Midi (2364 m) est marqué par deux croix, le vestige de l’ancienne, plantée dans un gros cairn, et la nouvelle, fraichement taillée. Le promontoire est assez large pour accueillir la foule qui ne montera de toute façon pas. Ne reste qu’à goûter le remarquable panorama à 360°. Seul au monde, dans le silence des dieux, rester de longues minutes à contempler chaque sommet, observant dans le détail ceux que j’avais déjà faits, ceux que je projette de, ceux que je prospecte, ceux que je rêve de…
À l’Ouest, la vue se déploie sur le massif des Bornes avec Le Parmelan (1832 m), la montagne des Auges, le plateau des Glières, la montagne de Sous-Dine (2000 m) et la roche Parnal (1896 m), les rochers de Leschaux (1936 m) et la pointe d’Andey (1877 m). Au loin, le mont Salève (1379 m), Annemasse, Genève et le lac Léman, les monts du Jura suisse. Au Nord, la vallée de l’Arve avec le triptyque La Roche-sur-Foron, Bonneville, Cluses, et massif du Chablais avec le Môle (1863 m), la pointe de Marcelly (1999 m) puis, au fond, le roc d’Enfer (2244 m), la dent d’Oche (2221 m), les cornettes de Bise (2432 m), le mont de Grange (2432 m), la Haute Cime des Dents du Midi (3257 m)…
Au Nord-Est, derrière le Grand Bargy (2301 m) au premier plan, le Haut-Giffre avec les dents Blanches, le Grand mont Ruan (3044 m), le pic de Tenneverge (2989 m), le mont Buet (3098 m), la tête du Colonney (2692 m), le désert de Platé, la Tête de l’Âne (2804 m). sous nos yeux, la vue sur la pointe d’Almet (2232 m) puis la chaîne des Aravis dont la crénelure des cimes et combes se dérobe dans l’atmosphère bleutée : juste en face, la pointe d’Areu (2462 m), la pointe de Bella Cha (2511 m) et la culminante pointe Percée (2750 m) puis le mont Charvet (2538 m), la pointe de Tardevant (2501 m), la roche Perfia (2499 m) avec l’iconique trou de la Mouche, et, après la cassure du col des Aravis, l’Étale (2483 m) et le mont Charvin (2409 m). Au Sud, tout en loin, le massif des Bauges puis le glacier de Saint-Sorlin avec le pic de l’Étendard et même, par temps sec, le massif des Écrins !
Mais le clou du spectacle est la vue sur l’ensemble du Mont Blanc en toile de fond. Avec la hauteur gagnée, les reliefs dépassent maintenant de la chaîne des Aravis. Du Nord au Sud, le glacier et l’aiguille du Tour (3542 m), l’aiguille du Chardonnet (3824 m) et l’aiguille d’Argentière (3900 m), l’aiguille Verte (4122 m) et les Drus (3730 m), les aiguilles d’Argentière et l’aiguille du Midi (3842 m), le triptyque mont Blanc du Tacul (4248 m), mont Maudit, (4465 m) et Mont Blanc (4708 m) jusqu’à l’aiguille de Bionnassay (4052 m) et les dômes de Miage (3666 m). Pour connaitre précisément le nom de chaque sommet alentour, je vous conseille l’application Peakfinder. On verra également les deux icônes du massif de la Vanoise, à savoir le mont Pourri (3779 m) et la Grande Casse (3855 m).
l’aiguille Verte et les Drus
l’aiguille du Midi © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Le retour
Depuis le sommet, il faut redescendre le même itinéraire d’ascension de la pointe du Midi, par le même couloir (attention aux cailloux roulants). On rejoint alors le pied de la paroi, où démarre le chaos rocheux. On pourrait retourner au niveau de la crête de Balafrasse pour retrouver le chemin terreux mais, pour dire vrai, ça rallonge un peu… En observant bien, on devine de nombreuses traces plus ou moins marquées dans le plan incliné. Pour ma part, après analyse et visée du cap de sortie (retrouver le sentier là-bas), je me suis “lancé” dans la pente du pierrier. L’exercice consiste à ne pas se casser la figure sur le tapis minéral. Je vous déconseille ce “tracé” si vous n’êtes pas à l’aise (d’autres sentes traversent plus loin dans l’herbe). En effet, il faudra trouver le fin équilibre entre maitriser son pas et se laisser glisser sur un lit de pierres roulantes n’amassant pas mousse. En somme, une sorte de ski de cailloux où la paire de bâtons sera plus que nécessaire ! Du reste, même si, en réalité, c’est quand même hyper rigolo (perso, j’adore !), je vous confie m’être, emporté par ma vitesse, retrouvé le cul par terre avec quelques égratignures sur le flan. Vigilance donc, vous ne pourrez pas dire que je ne vous aurai pas prévenu.
On retrouve ensuite le sol herbeux (d’ailleurs, quelques cairns marquent l’itinéraire pour s’engager si vous voulez monter à la pointe du Midi par là, raide et épuisant à mon avis). On peut alors rejoindre le Lac de Peyre pour ceux que ça intéresserait. Sinon, une sente part sur la gauche, longeant le grand éboulis. Ancien chemin de berger, celui-ci, passant par la ruine d’une cabane, permet de rentrer plus directement, jusqu’à retrouver, vers 1950 mètres, l’itinéraire de l’aller. On se délectera, face à nous, de la vue sur les combes des Aravis (ex : Grand Crêt), rythmées par l’alternance ombre et lumière de fin de journée. C’est alors que j’ai eu la chance de voir un des gypaètes du Bargy traverser devant moi (je n’ai pas eu le temps de prendre la photo).
l’aiguille de Borderan et l’Étale
la cabane en ruine (vers 2030 m)
combes de Paccaly et du Grand Crêt
Puis, l’œil devenu alerte par la furtive apparition, c’est un chamois qui fait irruption dans mon champ et joue à cache-cache avec moi dans les barres. De l’avantage d’être là, silencieux, en dehors des heures de pointe (du Midi) de la randonnée où la vie sauvage ose se laisser réinvestir son habitat. Environ 1h30 depuis le sommet, me voici de retour au Col de la Colombière, lieu d’une ultime contemplation à travers la perspective atmosphérique.
© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
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