Les Glaciers de la Vanoise sont ce paradis blanc au coeur de la Savoie. Traverser cette calotte, juchée à plus de 3000 mètres d’altitude et résistant (encore…) aux chaleurs estivales, est une expérience extra-terrestre où nos repères vacillent au milieu de cette grande étendue blanche quasiment à perte de vue. “C’est pas le Groenland” mais il y en a tout de même un parfum arctique.
Sommet : Dôme des Sonnailles (3260 m)
Massif : Vanoise (Savoie)
Départ : Refuge du Col de la Vanoise (2516 m)
Carte IGN : Trois Vallées Modane 3534 OT
➜ Topos Alpinisme Vanoise
Difficulté : ★★☆☆☆ (alpinisme PD)
(↘︎ par Refuge de la Valette : rando ★★★★☆)
Dénivelé + : ≃ 900 m (cumulé)
Dénivelé – : ≃ 1950 m (cumulé)
Distance : ≃ 15 km
Durée : traversée 8h – descente 4h/5h
Intérêt : ♥♥♥♥
➜ Se rendre au Refuge de la Vanoise
Dans le précédent épisode, je vous décrivais l’itinéraire pour rejoindre le Refuge du Col de la Vanoise (ex-Félix Faure), en passant sur le superbe lac des Vaches. Donc dans l’idée, normalement, là, si on vous a pas perdu en chemin, vous êtes bien au niveau du col de la Vanoise. Pour monter la pointe de la Réchasse (sur la neige, en tout cas), je vous invite à passer la nuit au nouveau Refuge dans le but de partir tôt le matin avant que la neige se ramollisse trop.
Montée au Glacier de la Vanoise
Il est coutume de dire que l’alpinisme se réserve à ceux qui se lèvent tôt… Nonobstant, le réveil à 3 heures du matin pique toujours !!On se regarde dans les yeux hagards et le nez dans le bol de café, on vérifie le matériel, on s’équipe, on re-vérifie le matos et, à 4h06, on part pour Pralognan mais avec la coquetterie de faire un léger détour traversant les Glaciers de la Vanoise. La montée est la même que pour la pointe de la Réchasse (re-faite la veille). En ce mois de juillet, il n’y a déjà plus de neige malgré un hiver pourtant abondant. On suit donc le sentier terreux bien tracé avant d’arpenter la roche avec le soleil qui se lèvera derrière la Grande Casse à mi-parcours.
Traversée du Glacier de la Roche Ferran
1h30 après le départ, on arrive au pied du glacier, aux alentours de 2900 mètres. Encordement et crampons sont alors de rigueur : cordée de 3, distance de 12 mètres entre chaque. On est parés. Crrr… crrr… crrr… les pointes pénètrent dans la neige encore gelée. Pas de grands risques sur le glacier de la roche Ferran mais on décide quand-même de le traverser en son centre pour globalement éviter les crevasses situées en partie basse. Juste une rivière semi-apparente dans un creux repéré la veille depuis la pointe de la Réchasse la veille. Ça a le mérite de rappeler, si besoin était, ce sur quoi on met les pieds…
Comme prévu d’après les observations des jours précédents, le manteau neigeux est entièrement bosselé après les pluies printanières. L’eau a formé des millards de cuvettes et il faut passer son temps à les enjamber ou, pour les plus économes en effort comme moi (autre manière de dire fainéants), suivre le niveau des mini-canyons (je me rappelle Léonard de Vinci et son observation de l’analogie formelle entre le micro et le macro-cosme – parfois, l’esprit divague en montagne…). Notre itinéraire file droit avec la pointe du Dard comme cap (contourner en longeant la roche Ferran et le mont Pelve aurait fait un trop grand détour).
Le Col du Dard et le Glacier du Pelve
Un petit faux-plat pour atteindre le col du Dard (3150 m) vers 7h30 et faire une première pause. Dans ce champ de bataille météorologique, la tête reste baissée à regarder où poser ses crampons et on n’a malheureusement pas le luxe de pouvoir observer le paysage en même temps qu’on marche. Tandis qu’on a la barre ensoleillée du Mont Pelve dans le dos, on aperçoit d’autres cordées au loin en notre direction.
On se remet en route en descendant au Sud-Ouest du glacier qui passe entre le mont Pelve et la pointe du Dard. Quelques petites crevasses “à taille humaine” que l’on traverse facilement en les enjambant d’un pas. La pente linguale conduit au glacier du Grand Marchet mais on tiendra notre gauche pour contourner la pointe Ouest du mont Pelve.
À chaque pas, la vue s’ouvre petit à petit sur l’imposante deuxième partie des glaciers de la Vanoise avec
200 mètres plus bas, on arrive au Col du Pelve (2950 m) vers 9h30. On peut observer de près les parties déneigées du glacier et les chutes d’eau en jaillissant. La perspective du vallon du glacier du Pelve guide le regard vers le lac de Chasseforêt, le Grand Roc Noir jusqu’au lac du mont Cenis avec la Pointe de Ronce et la pointe du Lamet. L’Italie et le Piémont se trouvent juste derrière.
Le Dôme des Sonnailles
L’ascension de 200 mètres jusqu’au dôme des Sonnailles est un peu plus éprouvante avec le soleil qui cogne et se réverbère sur la neige. 10h, la transformation s’opère déjà et les pieds commencent à s’enfoncer. Plus on prend de la hauteur, plus le paysage des Glaciers de la Vanoise se révèle. Afin de se retrouver vers le sentier de descente, on sort en tirant sur la droite pour se retrouver sur l’épaule du dôme des Sonnailles vers 12h.
© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Ayant atteint le point culminant de notre course (environ 3250 m) et avec une descente totalement sèche (enfin… plus pour longtemps…), on pose les sacs et cassons la croûte. Avec les pauses et notre rythme tranquille, ça fait 8 heures qu’on marche et les jambes ont besoin d’un peu de repos.
La vue à quasiment 360° est absolument splendide ! Au Nord, on se délecte du paysage de la Vanoise avec ses glaciers, la Grande Casse, les pointes de la Petite et de la Grande Glière, le Grand Bec, le mont Pourri… et le Mont Blanc en fond. On mesure également l’envergure de notre parcours depuis ce matin. Cependant, la réflexion quant à la fonte des glaciers s’impose nécessairement à l’esprit quand on voit l’ampleur des roches apparentes.
À l’Ouest, le panorama s’étend du Glacier de Gébroulaz avec l’aiguille de Péclet et l’aiguille de Polset du Beaufortain en passant par la Lauzière au fond. Avec des yeux de gypaètes et un temps sec, on peut apparemment aussi voir les Bauges et Aravis semblerait-t-il. En contrebas, le col de la Valette et son refuge et le lac Rnée.
Retour par le Col de la Valette et le Pas de l’Âne
On est bien là-haut mais, le temps de s’inquiéter des nuages de plus en plus gris au loin, les premières gouttes obligent à plier le camp en urgence. Descente active dans le pierrier dont la stabilité est relative mais ludique. L’averse s’abat puis… l’orage gronde. Merde, ça craint ! Finalement, il passera aussi vite que le vent l’avait amené. Néanmoins, il sera remplacé par une pluie jusqu’au Refuge de la Valette (2554 m).
Après avoir profité de l’abri, d’une boisson chaude et des “wc panoramiques”, on reprend le chemin qui borde le Lac de la Valette au pied de la barre du Dôme des Sonnailles. Celui-ci surpasse le roc du Tambour, descend le pas de l’Âne et serpente dans la forêt d’Isertan. Ce final avec presque 2000 mètres de descente semble interminable ! On rejoint Pralognan-la-Vanoise avec des jambes bien lourdes. La bière est plus queméritée ! Pour séjourner ou dormir la veille sur place, vous pouvez regarder les hébergements à Pralognan.
Où loger à Pralognan-la-Vanoise ?
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