Dinard, fameuse station balnéaire bretonne, fait partie du triangle touristique avec Dinan et Saint-Malo. Également située à l’estuaire de la Rance, elle doit sa renommée à l’essor du tourisme de bord de mer des XIXe et XXe siècles. À cet âge d’or, une architecture Art Déco et Belle Époque teintera la ville de ses hôtels et villas. Aujourd’hui encore, les vacanciers viennent y séjourner pour profiter des plages et des paysages de la côte d’Émeraude.
Visiter Dinard en 1 jour
Une station balnéaire Art Déco
Ce petit village de pêcheurs s’est développé à partir du XIXe siècle avec l’émergence du tourisme balnéaire. En effet, la bourgeoisie parisienne mais également britannique se presse de venir sur la côte d’Émeraude pour prendre l’air marin. Ainsi, alors que la population locale ne voyait la mer que comme un élément essentiellement hostile, elle devient un lieu de repos et de loisirs. La ville se développe alors à grande vitesse. Des promenades et des plages sont aménagées pour permettre au beau Monde de goûter le soleil et l’univers marin tandis que jaillissent les établissements de luxe pour accueillir cette population internationale (jusqu’à une centaine d’hôtels et quatre casinos !). D’ailleurs, cela lui vaudra le surnom de « Nice du Nord ».
Le style Art Déco, très en vogue au début du XXe siècle, prend forme alors dans le paysage urbain. Icône locale de cette époque, l’imposant ancien hôtel Le Gallic, bâti en 1926 par Marcel Oudin, avec sa façade en gradin et l’autre en paravent. Celui-ci a fermé en 1939 avec la Seconde Guerre Mondiale et héberge aujourd’hui l’Office de Tourisme de Dinard). Les hôtels Eden, Le Celtic, Le Granville (aujourd’hui un campus du CREPS) et Beauvallon ainsi que le Casino, construit en 1911, témoignent encore de cette effervescence esthétique qui s’est déployée. À partir des années 30 et la crise de 1929, Dinard devient moins huppée et les Britanniques lui préféreront la côte d’Azur et son climat méditerranéen.
Les villas Belle Époque
Après la Grande Déflation (entre 1873 et 1896) et jusqu’à la 1ère Guerre Mondiale, la France et l’Angleterre jouissent d’une certaine prospérité. Enfin… la bourgeoisie et l’aristocratie, beaucoup moins le prolétariat (leurs contemporains du East London sont bien loin de ça et le Front Populaire viendra plus tard pour les congés payés). En parallèle des établissements de groupe, les villas ont également bourgeonné comme au printemps sur le littoral de la côte d’Émeraude. Des centaines de maisons Belle époque et autres châteaux sont alors construits pour les villégiatures. Aujourd’hui, 400 demeurent, classées dans une zone de protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager. J’ai localisé les principales sur ma carte de Dinard ici.
la villa « Les Roches Brunes » © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Les champs alentours sont investis par des promoteurs pour offrir aux notables la maison de leurs rêves. Ainsi, des quartiers entiers sont créés dont la pointe de la Malouine qui devient un lotissement de l’entre-soi bourgeois avec de très nombreuses bâtisses. Parmi elles, la villa Les Roches Brunes, dressée sur l’éperon escarpé de la pointe de la Malouine avec une superbe vue panoramique sur toute la baie de Dinard et la Manche. Bâtie entre 1893 et 1896, elle est aujourd’hui dédiée aux activités culturelles et patrimoniales (conférences, concerts, expositions, ateliers…). Également juchées sur ce rocher, les villas Reine Hortense, Kérozar, Belle Assise, Roche Plate, Ker Annick, Vélox, Cézembre…
La pointe du Moulinet est également une zone résidentielle avec de nombreuses villas Belle Époque datant de la fin du XIXe siècle au début du XXe dont celles de Saint-Germain, La Garde, Granit House ainsi que le château des Deux Rives. De même, la pointe de la Vicomté avec les villas La Ronceraie, Brise Moulin, Roselys ainsi que l’hôtel Beauvallon et le manoir de la Vicomté. En grande majorité de style néo-Louis XIII, les villas de Dinard sont évidemment toutes agrémentées de grandes baies vitrées et de terrasses avec vue sur mer.
la villa « Granit House »
la villa « La Garde »
Les plages de Dinard
Où se baigner à Dinard ? La station balnéaire d’Ille-et-Vilaine dispose d’un séduisant littoral de falaises de rochers escarpés, ponctué de 4 plages principales, aménagées et surveillées. Reste à votre appréciation, selon la température de l’eau et les conditions météorologiques, le choix de vous immerger ou non… Pour des raisons d’hygiène, de sécurité et de tranquilité, les chiens sont interdits sur les plages de Dinard durant l’été.
La plus grande et célèbre est la plage de l’Écluse, idéalement située sur le parvis du centre de la station balnéaire qui s’est développé autour d’elle. En plus de la foultitude de vacanciers, cette large crique recouverte de sable doré est agrémentée d’iconiques tentes rayées bleu et blanc, de transats en location ainsi que de cabines en dur comme on peut en voir à Deauville notamment. Tout à sa droite, au pied de la pointe du Moulinet, une piscine naturelle (comme on peut en trouver à Saint-Malo et Cancale), ou plutôt « piscine de mer » car artificiellement fermée par un muret et qui se remplit naturellement à marée haute. Outre le fait d’une surface calme pour nager, l’avantage est que cela permet à l’eau d’être plus chaude. Autour du bassin, une terrasse de bar prenant les derniers rayons et donc très prisée pour un dernier bain… de soleil.
Lovée dans une crique au pied du quartier bourgeois des villas, la plage de Port-Salut puis, à l’ouest du centre-ville, la plage Saint-Énogat. Orientée Nord, elle reçoit le vent et les vagues du large et est ainsi la plus agitée. À déconseiller donc pour se baigner à Dinard avec des enfants, mais pas pour y passer une journée puisque le club des goélands y est installé. En contrebas derrière l’hôtel thalasso & spa, la goule ès Fées, une grotte marine accessible à marée basse où les frères Lumière ont expérimenté leurs premières photographies en 1877. Encore plus loin, le triptyque des plages de Port-Blanc (lieu des catamarans, planches à voile, canoës…), de la Fourberie et de la Fosse aux Vaults, toutes deux officiellement sur la commune de Saint-Lunaire.
À l’est, située à l’embouchure de la Rance au creux de la baie de Port-Breton, la large plage du Prieuré. Orientée Nord-Est à l’abri du tumulte de la Manche, elle est particulièrement tranquille et sera à privilégier lors d’un séjour à Dinard en famille, d’autant qu’elle dispose, elle aussi, d’une piscine d’eau de mer, rectangulaire celle-ci, qui permet de se baigner sans avoir à attendre la marée haute ! De plus, elle offre une jolie vue sur le port de plaisance de Dinard et ses très nombreux bateaux ainsi que, en arrière-plan, Saint-Malo, l’ancienne cité originelle d’Alet et la tour Solidor.
la plage du Prieuré à marée basse, face à Saint-Malo
Le quartier du Prieuré
Situé dans une zone résidentielle, plus calme et authentique que la très fréquentée zone touristique de la plage de l’Écluse, le principal lieu d’intérêt touristique local est le parc du Port-Breton (accès libre et gratuit, fermé la nuit). Ancienne propriété privée d’une aristocrate anglaise appartenant aujourd’hui à la ville de Dinard, cet espace vert de 23 hectares, est composé d’un mini plan d’eau avec des canards, d’aires de jeux, d’une forêt de 2500 arbres, d’une volière et d’un parc animalier de 40 espèces (biches, ânes, chèvres, wallabies, faisans, lamas…) ainsi que, sur la partie haute, d’une roseraie de 2000 plants (mouais… bof bof). Au cœur du domaine, le château de Port-Breton construit en 1923.
Dans les alentours, je n’ai pu m’empêcher d’aller jeter mon œil dans l’église paroissiale Notre-Dame d’Émeraude. Édifiée en 1858, elle signe la délocalisation du centre religieux de Dinard, près du Prieuré. Si, mis à part la forme de la flèche, l’extérieur est assez classique, l’intérieur est plus attrayant avec un plafond lambrissé et son orgue aux lignes épurées et franches. Mais ce sont les vitraux modernes polychromes qui m’ont le plus marqué, œuvre du maître-verrier Max Ingrand qui a également œuvré dans la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo.
Visiter Dinard à pied
La cité balnéaire a aménagé un sentier du littoral de 7,5 kilomètres de long, de la roche Pelée à la pointe de la Vicomté. Emprunté par l’itinéraire du GR 34 du Sentier des Douaniers, ce « chemin de ronde » serpente sur les reliefs en alternant entre rues résidentielles, plages, pointes et promenades de bord de mer. Dinard est une petite ville de 4 km de large sur 3 km Nord-Sud environ (7,8 km2), que l’on traverse en plus ou moins 1 heure de marche. Ainsi, en plus de la difficulté de circuler en voiture et se garer, le mieux est de se balader à pied, au gré de ses envies… D’ailleurs, plusieurs circuits pédestres ont été mis en place par l’Office du Tourisme et répertoriés dans un dépliant.
La promenade de la Malouine
Au départ de la plage de l’Écluse, le chemin de ronde de la Malouine serpente par-dessus les rochers et en contrebas des villas Belle Époque. Le sentier littoral donne presque l’impression de marcher sur l’eau et permet d’admirer la vue au lointain. On peut apercevoir les îlots émergés comme l’île Harbour au premier plan puis l’île de Cézembre et le rocher Saint-David ainsi que le phare du Grand Jardin. Petit conseil entre amis, venez en fin de journée sur l’un des belvédères situés juste au-dessus (cf : ma carte) pour vous délecter du coucher de soleil incandescent sur l’horizon marin.
coucher de soleil sur la Manche © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
L’itinéraire conduit ensuite aux plages de Port-Salut et de Saint-Énogat. Le quartier éponyme est originellement le berceau de Dinard, avant l’expansion balnéaire, habité d’une population de pêcheurs et d’agriculteurs résidant dans des maisons plus modestes. En son cœur, l’église de Saint-Énogat datant de 1874 et dont la visite m’a semblé sans intérêt esthétique.
La pointe du Moulinet
Le chemin de ronde du Moulinet part de la piscine naturelle de la plage de l’Écluse pour la contourner à ses pieds. Pour ma part, j’ai directement monté la rue Coppinger pour pouvoir voir les villas Belle Époque de ce quartier de même que pour avoir un point de vue dominant sur l’étendue sableuse et la pointe de la Malouine. De toute façon, les itinéraires se rejoignent juste après, au niveau d’un belvédère depuis lequel on a une vue directe sur la ville close de Saint-Malo émergeant de ses remparts ainsi que sur les îles du Petit Bé avec son fort et du Grand Bé. Au loin, l’île et le fort de la Conchée.
À l’ouest, une perspective rocheuse se dessine avec, tout en fond, le cap Fréhel et son phare qui point au-dessus des falaises. Au bout de la promenade Robert Surcouf, une petite fortification protégeant un embarcadère fait office de promontoire sur la baie du Prieuré avec le port de plaisance et, en arrière-plan, la pointe de la Vicomté. Non loin, la Saint Bartholomew church, datant de 1871 et qui est apparemment une des plus belles églises anglicanes de France.
C’est un roc… c’est un pic… c’est un cap ! Que dis-je, c’est un cap ? … C’est le phare !!! © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
La promenade du Clair de Lune
Mais c’est sur la promenade aménagée et très poétiquement nommée Clair de Lune que nous nous sommes baladés, intérieurement portés par la mélodie de Claude Debussy (nonobstant la diurnité). Longeant le mur de soutènement des immeubles (dont celui du très luxueux Grand Hôtel de 1859), jalonné de rampes de mise à l’eau en béton et par moments agrémenté de plantes méridionales pour conférer une atmosphère azuréenne au lieu, le charme a, en fin de compte, bien moins opéré sur moi ici que sur les pointes sus-citées qui exposent la charmante côte d’Émeraude. Une certaine déception donc quant à la romantique promesse…
Après la plage du Prieuré, on pourra poursuivre à l’est en passant devant, encore, quelques villas Belle Époque et anciens hôtels Art Déco, et se rendre à la pointe de la Vicomté, plus sauvage et boisée. Un large panorama à 250° se déploie sur l’embouchure de la Rance avec une vue directe sur le rocher de Bizeux. Les plus motivés pousseront à la pointe de la Jument et le barrage de la Rance.
Que voir dans les environs de Dinard ?
Pour être honnête, visiter Dinard en un jour, voire une demi-journée, est largement suffisant tant, en fin de compte, on aura vite fait le tour des choses à voir et des lieux réellement intéressants. Ainsi, si vous êtes en vacances en Bretagne, et à moins de vouloir passer vos journées à la plage, je vous recommande d’aller voir ce qu’il y a également dans les alentours. Voici mes découvertes lors de mon road trip de 15 jours en Bretagne :
Saint-Malo, remarquable ville fortifiée avec ses impressionnants remparts résistant à la mer et sa splendide cathédrale ; Dinan, petite ville médiévale, concentré de patrimoine et de charme bretons avec ses ruelles pavées au milieu des maisons à colombages, des remparts et sur le pittoresque port fluvial (et comme ça, à la grande question « visiter Dinard ou Dinan ? », vous pouvez vous faire votre avis !) ; le phare du cap Fréhel et le fort La Latte ; Cancale, capitale de l’huître ; le célébrissime Mont Saint-Michel, incroyable défi humain, victime de son succès (réservez à l’avance votre visite pour la toute première heure sinon… ce sera l’enfer touristique absolu !!!).
Dinan
Saint-Malo
Cancale
Visiter Dinard et ses alentours en 2 jours : où dormir ?
Pour profiter d’un séjour balnéaire en découvrant les différentes plages et en terminant la journée par un restaurant à Dinard et/ou un somptueux coucher de soleil, le mieux est évidemment de dormir à Dinard (ou les environs). Le Lonely Planet recommande l’hôtel Saint-Michel pour son bon rapport qualité/prix, l’hôtel Didier Méril pour sa vue dominante sur la plage du Prieuré, et l’hôtel & spa 5* Le Castelbrac ou, pour son cadre et son ambiance Belle Époque, la villa Reine Hortense dont on a justement parlé plus haut. Néanmoins, pour des vacances en Bretagne avec seulement une visite de Dinard en une journée, il peut être pertinent de loger à Saint-Malo (à 34 km) ou Dinan (23 km). Pour un séjour en famille avec plus de confort, vous pouvez également regarder les locations de vacances (maisons, appartements, gîtes, etc.).