C’est lors de mon second passage à Vérone que j’ai pu prendre le temps de visiter les églises. Je savais juste qu’elles méritaient le détour mais… pas à ce point ! J’ai été véritablement séduit par leurs architectures et leurs intérieurs majestueux. Présentation de la basilique San Zeno, de l’église de Sainte Anastasie et de la cathédrale Santa Maria Matricolare, histoire de vous faire une idée si vous envisagez de les visiter.
LE DUOMO DE VÉRONE
La Cathédrale Santa Maria Matricolare fait partie d’un complexe architectural réunissant les églises de San Giovanni in Fonte, Sant’Elena, le cloître des Chanoines, la Bibliothèque du Chapitre, la place et l’Évêché. Elle fut construite au XIIe siècle en remplacement de deux anciens édifices paléo-chrétiens. De style roman, l’architecture est sobre mais la façade Ouest est toutefois plus complexe avec un porche en deux parties “reposant” sur deux griffons gardant l’entrée des forces du Mal. La partie supérieure abrite une horloge dans son renfoncement supérieur et triple la triangularité du fronton. Au-dessus de la porte, un bas-relief polychrome représente la Vierge sur le trône avec l’Enfant, l’Adoration des Mages et l’Annonce aux Bergers. Nicolò, maitre du Moyen-Âge, a réalisé sur les côtés les statues de Roland et Olivier, paladins de Charlemagne. Le campanile commencé au XVIe siècle par Michele Sanmicheli est resté inachevé.
Entrée : 2,5€
La Nef
Rénové au XVe siècle, l’intérieur est bien plus surprenant et je ne m’attendais pas à ça vu de l’extérieur ! Contrairement à la basilique Santa’Anastasia, le plafond est blanc (mettant en valeur le dessin des voûtes croisées) et les fresques beaucoup prégnantes visuellement. La nef est séparée par de massifs pilastres de marbre rouge. Le sol date de 1880 et est composé de figures géométriques principalement noires et blanches (vos enfants pourront jouer aux dames en vous attendant) sauf autour de l’autel actuel où des blasons sont représentés sur des dalles tombales (principalement du XVIIIe siècle), seuls vestiges de l’ancien pavement.
Les Chapelles
Les murs de la Duomo sont recouverts d’un ensemble de petites chapelles augmentées et embellies de fresques en trompe-l’œil du XVIe et XVIIe siècles. Les peintures grisailles et ploychromiques suggèrent une architecture prestigieuse agrémentée de niches, sculptures et personnages religieux. Evidemment, les ombres ont été portées selon la lumière réelle du lieu afin de parfaire l’effet de réalité. Parmi la profusion, j’ai remarqué l’Assomption (1487-1576) de Titien, tout de suite à gauche dans la chapelle Cartolari-Nichesola conçue par le maître Jacopo Sansovino (qui a aussi réalisé l’autel), et dans la Chapelle Emilei, Saint-Jacques et un offrant et Saint Barthélemy (1471-1529) de Francesco Morone.
Deux espaces plus confidentiels se font face au centre de la nef. Rénovées dans un style baroque au milieu du XVIIIe siècle, la Chapelle de la Vierge du Peuple et la Chapelle Memo ne m’ont pas laissé un souvenir impérissable (contrairement à ce que le nom de la dernière pourrait indiquer).
L’Abside et le Choeur
La véritable particularité de Duomo de Vérone est son choeur rénové en 1534 et étonnamment délimité par une clôture semi-circulaire réalisée en marbre blanc, rose et vert par Michele Sammicheli. L’entrée est marquée par un crucifix en bronze avec la Vierge et Saint Jean (à moins que ce ne soit I Muvrini vu la position ?). Derrière (et inaccessible), la Cappella maggiore est a été peinte par Francesco Torbido d’après des cartons de Giulio Romano. L’abside suggère une architecture en grisaille avec l’Assomption de Marie et les Apôtres puis la Naissance de la Vierge et la Présentation au temple. Au-dessus, L’Annonciation et les Prophètes Isaie et Ezéchiel.
De part et d’autres du Choeur, les deux orgues sont absolument splendides avec leurs ornementations sculptées et leurs dorures. Chacun est agrémenté d’une cantoria (balcon destiné aux chanteurs de la chorale). Celui de gauche a été décoré par Felice Brusasorci, les volets intérieurs représentent les Quatre Évêques de Vérone et Dormitio Virginis à l’extérieur ; Celui de droite par Biagio Falcieri en 1683 une Assomption de la Vierge sur les panneaux extérieurs et, sur les intérieurs, une Conversation sacrée avec quatre Saints Évêques. En-dessous, la Chapelle Mazzanti avec une arche consacrée à Sainte Agathe réalisée par Domenico da Lugo et la Chapelle Maffei décorée par les fresques de Giovanni Maria Falconetto (1500) et les sculptures de Domenico da Lugo. L’autel abrite les reliques de Saint Annone et le retable, peint par Agostino Ugolini en 1794, représente la Vierge et l‘Enfant, Saint Annone, Saint André, Saint Jérôme et Saint Jean Baptiste avec une prédelle de Michele da Verona (1510).
L'ÉGLISE SANT'ANASTASIA
Située entre le cœur historique de Vérone et l’Adige, l’église di San Pietro di Verona se dresse sur la place éponyme où on retrouve également une autre petite église catholique et le Tombeau de Guglielmo da Castelbarco entre les deux. D’architecture gothique italien, elle fut bâtie entre 1280 et 1400 selon les dessins des deux architectes moines dominicains. De l’extérieur, sa façade en brique de terre cuite est brute et inachevée. Hé bien… c’est bien le cas ! Elle devait recevoir un parement de marbre mais est toujours restée en l’état (d’ailleurs, on remarque de la végétation qui pousse sur les tours…). La porte d’entrée est assez remarquable puisqu’elle est la seule partie en marbre et polychrome. Les portes sculptées en bas-relief représentent des scènes de la Vie du Christ.
Entrée : 6€
La Nef
En entrant, le regard est immédiatement attiré vers le plafond, somptueusement décoré de motifs végétaux où le vert, le rouge et le jaune se marient sur l’ensemble des voûtes croisées.
Le sol, lui, est un ensemble de pavements orange, noir et blanc aux combinaisons variées. Six colonnes de marbre rouge séparent la nef centrale de deux allées latérales et deux sculptures humaines (le Bossu réalisé en 1495 par Gabriele Caliari, père de Vénonèse, et l’autre par Paolo Orefice en 1591) soutiennent laborieusement les bénitiers. L’ornementation est le maitre-mot de cette église et on retrouve ainsi de nombreux autels richement décorés qui jalonnent les allées. Plus loin, un orgue clinquant (1625) et deux chapelles de part et d’autre de la nef, la Chapelle du Rosaire et la Chapelle du Crucifix (rien d’exceptionnel…).
Le Transept et les Chapelles
Le transept est marqué par la majestueuse rosace au sol représentant les armes des dominicains. 5 chapelles sont disposées à côté du chœur. À droite, la Chapelle Cavalli avec une fresque d’Altichiero (1395) et la Chapelle Pellegrini dont les murs sont décorés de 24 pièces en terres cuites représentant des scènes de la vie du Christ, réalisées par Michele da Firenze (1435). Au-dessus, une fresque de Saint-Georges délivrant la princesse du dragon peinte par Pisanello (1433-1438). À gauche, la Chapelle Lavagnoli (dédiée à Sainte Anne), la Chapelle Salerni puis la Chapelle Giusti.
L’Autel
Les parties les plus remarquables sont les œuvres sur chaque mur. A droite, le Jugement Dernier attribué au Second Maître de San Zeno (environ en 1360) et à gauche, une fresque représentant L’Annonciation, de Giambono (1420-1462) avec, intégré, le Mausolée de Cortesia Serego (1429) de Pietro di Niccolò Lamberti. Les “récents” vitraux de l’abside (1935) représentent Saint Thomas, Sainte Catherine de Sienne, Saint Pierre Martyr, Sainte Rose de Lima et Saint Dominique.
LA BASILIQUE SAN ZENO
Excentrée sur l’Ouest de la ville, la basilica di San Zeno Maggiore est pourtant selon moi incontournable à voir à Vérone. Si vous vous perdez, il suffit de suivre son clocher culminant à 72 mètres de hauteur. D’architecture romane, cette basilique en pierre et brique fut édifiée en 806 (et reconstruite au IXe siècle) en l’honneur du Saint de la ville, l’Évêque d’origine africaine Saint Zénon (IVe siècle).
L’Architecture extérieure
La Basilique San Zeno dispose d’un vaste parvis qui permet d’apprécier son architecture (c’est malheureusement pas le cas de toutes, je pense au Duomo de Florence par exemple). L’ensemble est constitué de l’église et d’un monastère. Mis à part la trame rouge qui orne les côtés, elle est assez sobre. Cependant, la façade (réalisée par Brioloto entre 1217 et 1225) comporte quelques particularités notables. Sur la grande façade parfaitement équilibrée, une grande rosace représente une “roue de la fortune” (non, rien à voir avec le clarinettiste) avec différents personnages l’illustrant en bas-relief. Un protiro sculpté par Nicolò en 1138. Les scènes représentent la vie de Saint Zénon ainsi que des épisodes de l’Ancien Testament (à droite) et du Nouveau (à gauche). Les colonnes prennent appui sur deux lions (caractéristique de l’architecture romane lombarde comme pour la Basilica di Santa Maria Maggiore de Bergame) et, gentils toutous à sa mémé, gardent sagement (?) l’entrée du lieu.
Le Cloître
Après s’être acquitté d’un billet d’entrée de 2,5€, on pénètre dans un cloître au style renaissant. Une galerie “décorée” de pierres tombales fait tout le tour et une petite loggia avec un lavabo agrémente le carré. Les colonnades verticales répondent à la prégnance des bandes horizontales rouges et blanches de la basilique alors que les arcs font le rappel des fenêtres.
La Nef
La première impression en entrant dans la nef de la Basilique de Saint Zénon est la sérénité. Alors que la foule s’agglutine sous la mascarade du balcon de Juliette, ici, c’est très calme. Dommage pour les finances des églises de Vérone mais tant mieux pour nous ! Deuxième impression, l’espace est vaste. La nef est structurée en trois parties avec des bas-côtés. Sur la partie haute, on retrouve la trame ornementale avec le marbre rouge. Le plafond voûté en bois date du XIVe siècle.
Fabriquées entre le XIe et le XIIIe siècles, les portes de bronze de la basilique sont décorées de 24 panneaux en bas-relief. À l’instar du protiro de l’autre côté, le programme iconographique regroupe des scènes de la vie et des miracles de Saint-Zénon, des scènes du Nouveau et de l’Ancien Testament et ainsi d’autres représentations théologiques. À leur gauche, le monolithe du baptistère en marbre, sculpté octogonalement au XIIIe siècle par Brioloto, une Croix stationnale attribuée à Lorenzo Veneziano (première moitié du XIVe siècle) et une série de crucifix. De l’autre côté, une vasque en porphyre (2 mètres de diamètre) provenant d’un bâtiment thermal d’époque romaine.
La basilique est également décorée de plusieurs autels avec des retables et des sculptures ainsi de fresques anonymes, peintes du XIIe au XVe siècle : une Vierge assise sur le trône avec son Enfant de l’école de Giotto, L’abbé Cappelli qui vénère la Vierge avec ses moines de l’école d’Altichiero, Le transport des reliques de Saint Zénon, un Saint-Georges combattant le dragon… Dans l’ensemble, leur état de conservation est plutôt bon même si les couleurs sont passées et que de nombreux graffitis ont été gravés dessus (en même temps, ils sont relativement bien intégrés aux images).
Surprenante singularité, l’édifice comporte un chœur surélevé au-dessus d’une crypte. Une série de statues ex-polychromiques en marbre (VIIIe siècle) représente le Christ et ses Apôtres. Ils se tiennent face à la nef et soulignent physiquement la séparation entre les espaces.
L’Autel
L’abside gothique polychromique date de l’expansion du chœur en 1398. Le maitre-autel datant du XIIIe siècle est en fait le sarcophage de trois évêques de Vérone. Mais le véritable chef-d’œuvre de la Basilique San Zeno de Vérone est sans conteste le superbe retable peint par Andrea Mantegna avec son triptyque intitulé Vierge en majesté (1457-1460). La prédelle est en réalité une copie : en effet, l’armée française s’empara du retable en 1797 lors de la campagne d’Italie de Bonaparte puis il fut démembré. Seule la partie haute fut restituée en 1815, les peintures de la partie basse se trouvent actuellement au Musée du Louvre et au Musée de Tours (pdf complet de l’exposition de 2009). On peut donner des leçons aux autres après ça…
De par la précision du dessin et l’intensité des couleurs, les guirlandes de fruits sont bluffantes de réalisme et l’espace suggéré par la maitrise de la perspective est saisissant. Chaque personnage raconte l’historia par une multiplicité d’expressions variées dans une composition parfaitement équilibrée selon l’idéal renaissant. Malheureusement pour le plaisir des yeux, l’autel est inaccessible et on reste à (trop grande) distance du chef d’œuvre. 🙁
La Crypte
Quelques marches et on arrive dans la crypte placée sous l’autel principal. Sans être réellement flippante comme celle du Duomo de Milan, le côté caveau mortuaire est bien présent : la légère obscurité et la série de (49 !) colonnes et d’arches accentuent bien le caractère souterrain. Tout au fond et non-accessible, le corps de Saint Zénon repose dans le sarcophage en verre, déposé en 921 dans la basilique. D’autres reliques sont également visibles dans la crypte.
Quoi !?! J’ai pas été assez complet ?!? Alors retrouvez encore plus d’infos sur le site de l’Association des églises de Vérone et plus spécialement sur le blog Lieux Sacrés pour la Basilique San Zeno.
Où dormir à Vérone ?
Comme son nom l’indique, l’Airporthotel Verona Congress & Relax est un hôtel 4 étoiles situé aux abords de l’aéroport de Vérone (un service de navette peut vous y récupérer ou déposer au lieu de payer un taxi 20/30€ la course de 10 minutes !). C’est lors d’un transfert au The North Face Mountain Festival dans les Dolomites que j’y ai fait escale à l’aller et au retour. L’accueil 24/24h est soigné, les chambres spacieuses et insonorisées. Le bar nocturne propose également des paninis si on a loupé la fin du service de restauration (jusqu’à 22h30). Ok, il n’est pas bien situé si vous voulez être dans le centre pour visiter Vérone mais je vous le recommande quand-même si jamais vous arrivez dans le coin. Pour un séjour en famille avec plus de confort, vous pouvez également regarder les locations de vacances (maisons, appartements, gîtes, etc.).
Retrouvez tous nos conseils et nos adresses testées notre guide pratique Vérone (plan, stationnement gratuit, hôtels et restaurant).