Parmi les nombreuses combes des Aravis, il en existe une, un peu plus excentrée, qui loge un cadre superbe : la randonnée au lac de Tardevant puis, à l’envie, une montée jusqu’à l’Ambrevetta et à la quelque peu vertigineuse pointe de Tardevant pour un somptueux panorama à 360°. Petit conseil, évitez les heures de pointe pour échapper à la foule et savourer pleinement l’environnement (perso, j’ai un fait un bivouac).
Sommets :
– Lac de Tardevant (2110 m)
– Ambrevetta (2453 m)
– Pointe de Tardevant (2453 m)
Massif : Aravis (Haute-Savoie)
Départ : Parking de l’Arpettaz (1440 m)
Difficulté : ★★☆☆☆ (lac de Tardevant)
★★★☆☆ (jusqu’à la pointe de Tardevant)
Dénivelé : 1050 m (cumulés)
Distance : 4 km (jusqu’au lac de Tardevant)
12 km a/r (jusqu’à la pointe de Tardevant)
Durée : montée 2 à 3h30 (lac de Tardevant)
+1h jusqu’à la pointe de Tardevant
Intérêt : ♥♥♥♥
Lac de Montagne
Rando famille
Période : mai à octobre
Carte IGN : Megève 3531 OT
➜ Topos Randonnées Bornes-Aravis
Avant de partir, êtes-vous bien équipé ? ➜ retrouvez le contenu de sac à dos en randonnée ✔︎
➜ Se rendre aux Confins
● depuis Annecy (1 heure, selon les bouchons) : traverser Thônes puis Saint-Jean-de-Sixt…
● depuis La Roche sur Foron, traverser le Petit Bornand…
● depuis Cluses, rentrer par le col de la Colombière…
● depuis Albertville, passer le col des Aravis…
Ensuite, dans tous les cas, traverser La Clusaz et remonter la route des Confins. Passer le lac puis le golf et poursuivre jusqu’au grand parking de l’Arpettaz (chalet de la Chèvrerie). La combe du Grand Crêt est sous les yeux. S’il est complet (il y a beaucoup de randonnées dans les Aravis !), redescendre et se garer aux abords du domaine de ski nordique (La Rancherie, 1419 m). Pour séjourner ou dormir la veille sur place, vous pouvez regarder les hébergements dans les Aravis.
Par la combe de Tardevant
Depuis le parking de l’Arpettaz, poursuivre la route qui devient piste carrossable, lieu de balade familiale. Après le chalet de la Lanchette, un panneau indique les directions, dont celle, à droite, de la montée au trou de la Mouche par la combe du Grand Crêt. Continuer à plat sur cet itinéraire du GR de Pays Massif Tournette-Aravis qui ondule et sinue avec vue sur la pointe Percée en arrière-plan. Après avoir passé le chalet de la Bottière et, environ 1/2h après le départ, on atteint le chalet de Paccaly où il faut prendre le sentier qui part à droite.
le chalet de la Lanchette
le chalet de Paccaly
Contournant une clairière, le chemin s’enfonce alors dans la forêt, jalonnée d’innombrables framboisiers (venir en été donc !). La montée est douce et permet, après le plat, d’échauffer tranquillement les cuisses pour la suite. À 1669 mètres d’altitude, au croisement des chemins marqué d’une mini-cabane, poursuivre droit à gauche (le sentier de droite remonte la combe de Paccaly jusqu’à arriver au trou de la Mouche par le versant Nord) pour passer le chalet de Paccaly d’en haut et contourner les splendides rochers de la Salla. On traverse alors la pente à la limite forêt-prairie avec vue sur le mont Lachat de Chatillon et la chaîne du Bargy derrière, rejoignant, vers 1740 mètres, la piste carrossable venant du refuge de la Bombardellaz.
la chaîne du Bargy © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Après avoir passé le chalet de Tardevant, on pénètre dans les alpages (passages grillagés et panneaux sur la présence de patous, donc tenir son chien en laisse). La combe de Tardevant s’offre à la vue, bordée à droite par les esthétiques et impressionnantes dents de la Salla et la tête de Paccaly et, à gauche, les aiguilles Noires et la pointe de Tardevant. Ici, la montée va commencer. Le chemin serpente entre les bosquets de rhododendrons et de myrtilliers (venir en août !). Au fil des pas, prenant de la hauteur, la vue révèle les montagnes des Bornes et du Bargy. Si l’inclinaison se raidit petit à petit, l’itinéraire ne présente pas de véritables difficultés techniques et il est tout à fait possible de faire la randonnée au lac de Tardevant avec des enfants. Juste, ça et là, quelques passages où il faudra un peu plus lever le pied et bien le poser sur le rocher, éventuellement glissant par temps humide. Mais, je vous en conjure, arrêtez de sortir du sentier et/ou de couper les virages ! Par endroit, la combe est très fortement défigurée par les tracés sauvages que « les plus malins (ou pressés) que les autres » créent à force de passer. Et diantre qu’y a-t-il du monde dans ces pentes !
les aiguilles Noires
les rochers de la Salla
Le Lac de Tardevant
Environ 2h30 après le départ du parking de l’Arpettaz, nous arrivons au lac de Tardevant, petit joyau logé au creux de sa combe, au pied de la magnifique paroi rocheuse de la Salla. Pour être honnête, je m’attendais un peu à une gouille à moitié asséchée en ce mois d’août caniculaire et, à ma réjouissante surprise, j’y ai trouvé un beau lac de montagne, à la forme séduisante et à la couleur vert émeraude, bercé par le calme du lieu. Pour pousser l’honnêteté, il faut savoir que je suis monté en fin de journée et il n’y avait plus personne. En revanche, le lendemain midi, en redescendant, j’ai déchanté… Telle une peinture de Pieter Brueghel l’Ancien, le lac de Tardevant était littéralement envahi, de toute part ! Enfants criant, chiens se baladant librement, sortie club à 20 personnes s’esclaffant… bref, Disneyland à la plage du cap d’Agde ! Et idem sur le chemin… Autant avais-je apprécié cette rando jusque là, autant l’ai-je subie à la descente à partir du lac. Je me permets ici, autant que faire se peut, de rappeler certaines règles de bienséance en montagne.
le lac de Tardevant, calme, le matin, avant la foule…
Je vous invite à faire le tour du lac de Tardevant, pour l’admirer sous ses différents angles, depuis ses points de vue offrant des compositions variées selon l’arrière-plan (et même selon différents moments de la journée pour les lumières). Par exemple, un promontoire naturel domine le lac et offre une vue panoramique plongeante tandis qu’une plage permet une vue à ras avec un reflet de ligne et les sommets du Bargy en fond.
© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Je vous recommande également vivement de bivouaquer au lac de Tardevant. Premièrement, parce que c’est “toujours” bien de passer une nuit en tente et puis parce que vous serez à contre-courant de la foule. Les abords disposent de larges plateformes herbeuses et chacun ira chercher l’endroit le plus à plat, le plus douillet, et le plus à l’abri de la brise de pente qui redescendra fraichement au crépuscule (voir mes conseils pour réussir son bivouac). Pour notre part, avoir installé notre tente, on a poussé jusqu’à l’Ambrevetta (1h) pour manger avec le coucher du soleil sur le massif du Mont Blanc (et redescendre à la frontale). Enfin, la nuit tombée, le ciel s’est paré d’étoiles, parfois filantes, traversé par la voie lactée. Merveilleux ! Il faut dire que les combes des Aravis sont assez bien protégées de la pollution lumineuse des vallées.
© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Monter à l’Ambrevetta
Le lendemain, après le lac, on range tout et reprend la randonnée pour la pointe de Tardevant. Déjà, les premiers randonneurs arrivent matinalement. Le sentier monte un peu raide, de butte en butte, passant dans l’alpage de brebis (attention, chemin miné !). À la descente, quelques cris de marmottes qui manifesteront leur présence alors invisible. Au sol, on rencontre différentes fleurs de montagne (campanules, benoites rampantes en floraison, joubarbes des montagnes, doronics, etc). Un long passage sur pierres qui peut être un peu éprouvant en plein cagnard et on arrive sur un replat avant un dernier coup et on atteint le haut de la combe de Tardevant. Pensez à avoir une veste coupe-vent pour ne pas prendre froid sur la transpiration. Sortant d’une des coches, on voit quelques vaillants arrivant d’une cheminée (et une sente) face Sud-Est, possible variante de l’itinéraire de randonnée à la pointe de Tardevant, histoire d’arriver tôt derrière.
Sur la ligne de crête, la falaise est à pic versant Est (elle est marquée par une clôture d’alpage mais, si vous montez en ski de randonnée, attention aux congères, une plaque sur un cairn à droite commémore un jeune couple décédé ici le jour de la Saint-Valentin…). Face à nous, derrière le rocher de la Miaz au premier plan en contrebas, le superbe panorama se déploie sur l’horizon oriental (voir le panorama en vidéo) : à gauche, l’aiguille Rouge (2636 m) et l’aiguille de Varan (2544 m), puis Passy et le massif des aiguilles Rouges couronné par l’aiguille du Belvédère (2965 m), le massif du Mont Blanc avec tous ses sommets iconiques, l’aiguille de la Grande Sassière (3747 m), le massif du Beaufortain et, derrière, celui de la Vanoise avec, pointant, le mont Pourri (3779 m), la Grande Casse (3855 m), les glaciers de la Vanoise jusqu’à l’aiguille de Péclet (3562 m) puis, au sud, les chaînes du Grand Arc et de la Lauzière, le glacier de Saint-Sorlin et le pic de l’Étendard (3464 m) avec le massif des Écrins en fond et, tout à droite, le nord de la chaîne de Belledonne. Croyez-moi, le coucher de soleil là-haut vaut la montée (nb : mais prévoir des vêtements chauds dans son sac à dos) !
© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Sur la gauche, une épaule, l’Ambrevetta (2463 m), où j’ai aperçu un bouquetin la veille au soir. Si son sommet n’en est pas réellement un, je vous conseille tout de même d’aller jeter un œil depuis son arête. La vue sera alors absolument somptueuse sur la combe de la Grande Forclaz, la montagne de la Mamule (2404 et 2406 m) et du mont Fleuri (2511 m) avec, dépassant dans la perspective, la pointe Percée (2750 m). Et, de plus, vous saurez tout de suite si vous avez le vertige ou si vous vous sentez de poursuivre jusqu’à la pointe de Tardevant…
Oser la Pointe de Tardevant ?
Car, oui, ce qui serait encore mieux (sans pour autant être une question de fierté ou d’absolutisme), ce serait de pousser jusqu’au point culminant de la randonnée. Au bout du sentier suivant la ligne effilée de la crête, la pointe de Tardevant. Pour être honnête, la veille au soir, seuls, on ne l’a pas senti et, par sécurité, on a fait demi-tour, impressionnés par les pentes bilatérales qui ne pardonneraient pas l’erreur et la dernière raideur semblant scabreuse. En fin de compte, le lendemain, en y retournant et se rapprochant petit à petit, celle-ci est beaucoup moins abrupte que la perspective pouvait laisser apparaître. Pour les connaisseurs, ça ressemble un peu à l’arête septentrionale de la dent de Cons mais un peu plus large (on peut même se croiser). Ainsi, de pas en pas (une paire de bâtons de randonnée peut être utile ici pour se rassurer, notamment à la descente), on avance, aussi sereinement que possible tout en restant vigilant (si vous êtes sensible au vide, regardez vos pieds mais cependant un peu à gauche pour voir le trou de la Mouche, et les silhouettes des randonneurs, se détachant sur le fond céleste).
le trou de la Mouche
la pointe de Tardevant
On atteint alors le sommet à 2501 mètres, une mini plateforme, longiligne, marquée d’un cairn, assez grande pour accueillir une dizaine de personnes (et une foultitude d’insectes volants !). Mais, attention à la chute quand même ! La vaillance sera récompensée d’une superbe vue à 360°. Au Nord, de gauche à droite, la chaîne du Bargy avec le roc des Tours, le pic de Jallouvre et sa via ferrata, la pointe Blanche, le lac de Peyre et la pointe de Balafrasse, la pointe du Midi… le massif du Chablais avec notamment la dent d’Oche et, au premier plan, la Mamule et le mont Fleuri et, derrière, le mont Charvet et la majestueuse pointe Percée (plus haut sommet des Aravis, culminant à 2750 mètres), le Grand Mont Ruan et le pic de Tenneverge, le mont Buet, la tête du Colonney et, encore depuis l’Ambrevetta mais on ne s’en lasse pas, les massifs des aiguilles Rouges, du Mont Blanc.
la Mamule, la pointe Percée et le mont Fleuri © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
le Mont Blanc
Au Sud, de gauche à droite, les massifs du Beaufortain, de la Vanoise, du Grand Arc/Lauzière, des Écrins, des aiguilles Rousses, de Belledonne.. la tête de Paccaly (2467 m) et les rochers de la Salla avec, tout en bas, le lac de Tardevant, quelques sommets du massif des Bauges et même le mont Granier et la dent du Chat, la chaîne des Monts Jura, le massif des Bornes avec la Tournette, le Parmelan et son plateau, le mont Lachat, le plateau des Auges, la montagne de Sous-Dine et la roche Parnal… Pour connaitre précisément le nom de chaque sommet alentour, je vous conseille l’application Peakfinder. Bonheur rassasié (quoique), la descente se fait par le même itinéraire en en reprenant une bonne dose jusqu’au col.
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