Après une journée de randonnée au glacier Martial, me voici levé tôt avec les jambes en coton de la marche de la veille, prêt à me faire un bonne randonnée au parc national de la Terre de Feu.
Je pars tout de même vers 10h (tête dans le c… oblige). Je prends une navette près du port qui m’emmène à l’entrée du parc national Tierra del Fuego (30 pesos environ AR). Comme d’habitude on attend qu’il y ait quand même du monde dans le bus et on part pour 12 kilomètres. Bon la route n’a rien d’exceptionnelle hormis le fait qu’elle s’engouffre dans la nature, et ça j’aime !
On s’arrête en chemin pour payer l’entrée du parc : 140 pesos (environ 14 €).
Mon parcours au Parc National Tierra del Fuego
Il existe plusieurs arrêts de bus dans la parc. Perso je choisi de m’arrêter au premier afin de faire un bon gros tour dans le parc : je descends donc seul à l’arrêt de la boite postale 🙂
PN de la Terre de Feu : le bureau de poste
Cette boite à lettre et “bureau” de poste est le plus austral du monde ! On peut y envoyer une carte postale ou juste la faire tamponnée et aussi acquérir un certificat de “fin du monde” 🙂 Bon perso j’ai pas eu de chance, elle était fermée quand je suis arrivé… C’est pas grave, ça aurait été juste un bonus marrant, tant pis !
Je me suis dit tout le long de cette randonnée en Terre de Feu que j’étais en plein reportage sur les régions australes. Franchement, entre ce qu’on voit à la télé et la réalité, la différence est très très mince : même si à la TV on a pas la brise marine et le froid, on a réellement l’impression d’être dans une émission de Nicolas Hulot ou un reportage naturaliste, c’est fou ! Et purée ce que c’est beau !
Le sentier côtier
Le chemin commence au bout de la plage de la boite postale et suit les contours de la côte. On marche à la fois dans la forêt australe, sur les rochers et sur les plages des criques que l’on traverse. Un vrai délice pour l’âme, le regard et les pensées. Ici, on a vraiment l’impression d’être en dehors de tout mais à l’intérieur du monde.
La majesté de l’extérieur, sa puissance, sa presque religiosité nous plonge en nous-mêmes : les pensées surgissent et viennent se poser sur les lignes que nos yeux dévorent, elles semblent vouloir trouver l’harmonie du tableau qui se dévoile, comme pour mieux nous affirmer que oui ! nous faisons partie de ce monde. C’est là que l’Histoire de l’Homme vient se calquer, se poser, s’apaiser à l’Histoire autrement plus grande et longue de la Nature.
Et ce n’est pas fini. Je marcherai jusqu’à la Bahia Lapataia, une magnifique baie du parc national de la Terre de Feu.
La baie de Lapataia
La randonnée continue dans des pairies et zones humides australes où l’on peut admirer des lagunes, la flore aux verts et jaunes si particuliers à ce type de région. La baie Lapataia n’a pas son pareil pour vous faire ressentir explorateur de terres uniques. Je passe un pont routier rouge, synonyme pour moi de contrées presque nordiques.
Tout de suite à droite de ce pont : la zone humide du parc national de la Terre de Feu avec ses tourbières.
Je me pose quelques instants sur une touffe d’herbe bien grasse pour y manger ma banane, une barre de céréales et boire un peu d’eau. C’est peut-être con mais dans ces moments-là je me mets souvent à penser à la place de l’Homme dans son environnement. Ici je me dis (comme beaucoup de personnes) qu’on est bien peu de choses en ce monde. On passe trop vite sur cette beauté terrestre. C’est comme si on donnait une oeuvre d’art à quelqu’un pour lui reprendre vite fait au bout de quelques secondes : il n’a pas le temps de la toucher entièrement, il ne peut la ressentir complètement et admirer toute sa beauté et sa complexité. Il ne peut donc pas comprendre le sens de la création et n’a presque pas le temps d’en ressentir une émotion.
Et ben je trouve que la vie c’est un peu pareil en fin de compte : elle est rapide à passer, on survole ce que l’ont voit et on ne peut comprendre tout ce qu’y s’y passe. Et ça nous arrive aussi de ne pas vouloir essayer de voir tout cela, juste parce qu’on préfère une tanière qui, elle au moins, est compréhensible parce qu’organisée à notre image.
Bref. Je continue mes pérégrinations 😉 En suivant le chemin j’entre dans une petite forêt. Là, pour la première fois et après mes pensées citées plus haut, je décide de toucher un arbre, de fermer les yeux et de dire merci à la Nature pour ce que j’ai l’occasion de parcourir et d’admirer. J’ai l’impression d’être une Na’avi dans Avatar, ça me plait bien !
J’eu à peine terminé mes remerciements qu’une chose rare se produisit : un renard de Magellan me surprend en déboulant de je-ne-sais-où à à peine un mètre de moi !!! Incroyable ! Big Up Mother Nature 😉
Il déambule entre les arbres comme un gros patapouf qui s’emmerde un peu. Je réalise alors que c’est une femelle qui, vu la largeur de sa panse et de son bide, porte au moins 4 ou 5 petits en devenir. Je la suis doucement pour ne pas l’effrayer. Mais elle s’évanouit entre les arbres. Je cours alors sur le chemin (dont on a pas le droit de sortir – préservation oblige) dans l’espoir de la revoir de l’autre côté de la colline.
Bien m’en a pris ! A peine arrivé au niveau d’un belvédère, je l’aperçois toujours aussi nonchalante, dévalant la pente de sa démarche pataude. Elle semble extrêmement fatiguée par sa grossesse. Tellement qu’elle n’a même pas peur de moi. J’essaie de m’en approcher mais elle continue sa route comme si de rien n’était, ne voyant même pas que j’existe.
Partie, je prends alors le temps d’admirer la vue sur la baie Lapataia.
Je redescends ensuite sur le chemin et j’arrive au bord de la baie.
Le temps est changeant mais plutôt agréable en fin de randonnée. Quelques rayons de soleil me permettent de prendre des photos plus colorées quoi !
Je contourne la baie et arrive ensuite près du dernier arrêt de bus, là où je vais devoir attendre mon bus de retour. Et sur qui je reretombe ?! Ben sur Foxy Lady (oui c’est le petit nom que je lui ai donné) ! La revoilà, en mode sous-préfète de la Cité de la Peur sur les marches du Festival de Cannes : princière. Elle se laisse un peu prendre en photo genre “hein ? Ah bon ? Des paparazzi ? Où ça ?”. Puis elle se barre telle une star… dans les fourrés. Bonne chance.
Les castors (furtifs) de la Terre de Feu
La princesse partie, je m’aperçois que j’ai encore du temps avant l’arrivée du bus. Ca tombe bien, j’avais prévu d’aller tenter de voir les castors en fin d’après-midi. Je continue le chemin le long de la baie en passant par la forêt. Là, petit à petit, à mesure que j’avance, je m’aperçois qu’il commence à manquer quelques arbres par-ci par-là, puis un peu plus et enfin carrément des tonnes ! Pas de doutes, j’arrive bien chez les castors…
Malheureusement, j’ai eu beau me planquer sans faire de bruit, j’ai pas vu les dents d’un seul castor… Ils devaient pioncer dans leur chalet lacustre. C’est avec un peu de déception que je repars ensuite vers l’arrêt de bus pour rentrer à Ushuaïa.
En tout cas ç’aura été une formidable journée que cette randonnée dans le parc national de la Terre de Feu ! En vous écrivant ces lignes, beaucoup de souvenirs et de sentiments reviennent à la surface : la magie du voyage continue bien après le retour 🙂
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Train du bout du monde
Sachez qu’il est possible et intéressant, si vous avez un peu d’argent (à partir de 420 pesos), de prendre le tren del fin del mundo pour faire un bout de chemin le long du Rio Pipo : parcours magnifique selon les autres voyageurs que j’ai rencontré et qui l’ont fait.
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C’est vraiment génial de pouvoir randonner dans un tel cadre !
C’est vrai que le parc de la Terre de Feu fait partie des endroits que j’ai préféré en Patagonie. T’es déjà allé Sandrine ?