LE MONT GRANIER, monument naturel de Chambéry

La falaise de la face Nord du Mont Granier

Si Annecy a La Tournette, Chambéry a le Granier. Ni un biscuit, ni un Opéra… Le Granier est l’impressionnant sommet en toile de fond de Chambéry. Cette montagne est remarquable par sa vertigineuse falaise, la plus haute de France (rappelant le mont Aiguille) et est une des randonnées incontournables de Chambéry. Ce sommet marque l’entrée Nord du massif de la Chartreuse. Elle surplombe la cluse de Chambéry et offre une vue imprenable sur le bassin chambérien (et le lac du Bourget), les Bauges, la combe de Savoie et le Mont Blanc en arrière-plan ainsi que la chaîne de Belledonne. Son arête ouest désigne la “frontière” entre la Savoie et l’Isère.

 

Histoire de l'éboulement du Mont Granier

Le Granier est un immense gruyère de calcaire karstique qui recèle de gouffres et de galeries creusés par l’eau. Et donc forcément, un jour, ça a lâché. La nuit du 24 au 25 novembre 1248 a eu lieu ce qui semble être le plus grand éboulement en Europe jamais connu. En effet, un pan entier (900m de hauteur sur 800m mètres de large !!) de la face Nord du Mont Apremont (ancien nom du mont Granier) s’est affaissé provoquant un gigantesque éboulement qui a recouvert plusieurs villages alentour (dont celui de Granier qui donnera, en hommage, son nom à la montagne). Les 500 millions de m³ d’éboulis se sont répandus sur 23 km² et ont formé ce qu’on appelle les “abîmes de Myans” (que les locaux ont reconquis principalement en terrains vinicoles pour le Vin de Savoie). La coulée ensevelira pas moins de cinq paroisses et s’arrêtera “miraculeusement” au pied de la chapelle Notre-Dame de Myans (son histoire plus détaillée ici). Celle-ci deviendra par la suite un lieu de pèlerinage. D’après les récentes estimations, environ 1000 personnes sont mortes lors de cette catastrophe. Alors, du coup, quand on est au sommet, je vous avoue que qu’on y pense un peu quand-même… D’ailleurs… (voire juste en-dessous)

 

Vidéo très intéressante (avec des images 3D et tout et tout !) sur l’éboulement du Granier.

 

Et aujourd’hui ?

Dans la nuit du 9 janvier 2016, environ 170 000 de m3 se sont décrochés de la pointe nord, sur 20 mètres de large sur 200 mètres de haut, juste sous la croix. Heureusement, aucune victime humaine n’est à déplorer ce coup-ci. Le hameau de Tencovaz et la station de ski du Granier sont juste en-dessous… Le 7 mai 2016, un nouvel éboulement s’est produit sur le pilier Est cette fois, côté Chapareillan, lequel reste encore instable. Du fait de ces évènements, l’accès au plateau du Granier est interdit jusqu’à… nouvel ordre.

Sommet : Mont Granier (1933 m)
Massif : Chartreuse (Savoie / Isère)

Départ : La Plagne (1100m)
➚ montée par la Balme à Collomb
➘ retour par le Col de l’Alpette

Difficulté : ★★★☆☆
(passage par le Pas des Barres ★★★★)

Dénivelé : 830 m

Durée : montée 2 à 3 h (boucle 5 à 6 h)

Intérêt : ♥♥♥
Grotte

Période : mai à novembre

Carte IGN : Chartreuse Nord 3330 OT
Topos Randonnées Chartreuse

Avant de partir, êtes-vous bien équipé ? ➜ retrouvez le contenu de sac à dos en randonnée ✔︎

➜ Se rendre à La Plagne

Depuis Chambéry ou Grenoble (via Chapareillan) : il faut passer le col du Granier.
Par le massif de la Chartreuse : il vous faudra traverser St-Pierre d’Entremont.

Dans les deux cas, une fois arrivé à La Plagne, il y a un parking tout au fond à droite, mais le hameau peut être pris d’assaut par les randonneurs. Il y en a un petit plus un peu plus bas sinon, il faudra se garer le long de la route… Pour séjourner ou dormir la veille sur place, vous pouvez regarder les hébergements à Chambéry.

Il existe également un autre départ dans le coin, depuis TencovazTencove »), entre le col du Granier et La Plagne. L’itinéraire est plus direct et monte tout de suite raide sur une piste de ski) puis dans la paroi avec quelques passages un peu techniques où il faut crapahuter ★★★★.


La Plagne, départ pour le mont Granier (Chartreuse)Montée du Granier par la Balme à Collomb

En traversant le hameau de La Plagne, on se retrouve face à une bifurcation : le chemin qui part à droite mène au col de l’Alpette (1547 m) et au sommet du Pinet (1867 m) et celui de gauche monte à la Balme à Colon (“balme” signifiant abri/grotte en arpitan, “baume” en provençal). Je vous propose de commencer par le dernier et de redescendre par le premier. En été, cette boucle a l’avantage d’optimiser le temps à l’ombre et plus généralement, de finir par une marche moins raide.

 

Par la Grotte aux Ours

À l’instar de la dent de Crolles avec le trou du Glaz, la randonnée au mont Granier passe par une grotte. La montée par la balme à Colon est assez agréable et progressif. Le sentier est sous les arbres et bordé de pierres. Puis après, une grosse 1/2h, il monte plus raide dans un chemin en zigzag. Il peut être moins lisible à ce moment là : viser les deux gros rochers en montant quasiment droit. Ensuite, il se découvre pour révéler un joli panorama sur la Chartreuse. En grimpant encore un peu on arrive vite, sans s’en apercevoir, aux portes de la grotte aux Ours. Normalement, depuis le village, ça vous aura pris plus ou moins 1h.

 

Alors que personne ne s’était jamais posé la question, le 13 novembre 1988, deux spéléologues savoyards, Pierre Guichebaron et Marc Papet, sont attirés par un filet d’air qui passe à travers un éboulis. Ils décident de dégager le passage, non sans risque. Après plusieurs jours, ils font une découverte stupéfiante : la grotte se poursuit bel et bien dans plusieurs galeries et cavités (30km) et révèlent un des plus importants gisements d’ossements d’ours des cavernes (plus de 1000 animaux, morts pendant leur hibernation lors de la dernière période glaciaire, il y a entre 24 000 ans et 45 000 ans) alors que la grotte étaient obstruée pendant plus de 20 000 ans. Cela lui vaudra donc ce nouveau nom. Les fouilles vont s’étaler sur 6 années et, suite à des pillages, l’accès au fond de la grotte est fermé et réglementé. Le musée de l’ours des cavernes à Entremont-le-Vieux retrace l’histoire des ours et de la découverte du site.

Malgré cela, le sentier de randonnée pour atteindre le sommet du Granier traverse une partie de la grotte en passant par deux grands trous de 10 m de large. Comme vous arrivez en bien transpirant, c’est le moment de mettre sa petite veste (que vous avez pris parce que vous avez bien suivi mes conseils pour faire votre sac). Cet espace est vraiment chouette et permet des vues cadrées sur le massif en face.

© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Il y a juste un abruti qui a cru intelligent de taguer “Savoie Souverainne 73” (avec la faute d’orthographe en prime s’il vous plait – Georges ne disait-il pas “Quand on est con, on est con” ?) à la bombe aérosol (courant été 2014). Sinon, en ressortant, sur la droite, se trouve en renfoncement propice à vos nuits romantiques… Le sentier se poursuit en passant par dessus la grotte et longe la barre rocheuse.

C’est à cet endroit là, juste avant la cheminée, que, bloqué par la neige gelée, je me suis raisonné à faire demi-tour lors de ma première ascension du Granier. Le chemin amène ensuite dans un goulet. L’endroit est à l’ombre donc il peut y avoir encore de la neige si vous vous y prenez un peu trop tôt dans la saison et la forme en entonnoir propice aux purges. Vigilance donc ! Sinon, c’est assez chouette comme endroits avec des pins qui poussent sur les rochers façon paysage chinois. L’arrivée est matérialisée par un joli cairn sur fond bleu. C’est un point de vue sur le sommet du Granier et le Lac du Bourget. Un passage est annoncé “délicat” (car pas encore remis en état) mais rien de bien compliqué s’il n’y a pas de neige.

 

Ensuite, on arrive d’un coup d’un seul… face au Mont Blanc !! En fait, on arrive sur le plateau du massif du Granier et donc découvre la vue à l’Est : le Massif des Bauges, la Combe de Savoie avec le Grand Arc et, si vous avez un peu de chance, le Mont Blanc tout dégagé, ainsi que la Chaîne de Belledonne. Au premier plan, un vaste plateau de pins. La suite de la randonnée se passe sur ce plateau… plat ! Vous avez donc fait le plus dur (pour monter) et le reste sera une promenade. Profitez-en pour vous régaler les mirettes. Par contre, juste un petit point sécu : le plateau est fait de lapiaz, roche calcaire creusée par le ruissellement de l’eau et dont les arêtes sont assez tranchantes. Il est patiné sur le chemin (donc attention à ne pas glisser si c’est humide ). Ici, en plus de la forme en cuvette du plateau, on comprend bien comment l’eau doit s’infiltrer à travers toute la montagne et pourquoi, la face Nord a cédé sous son propre poids.

Si je peux vous donner un conseil, évitez de faire la rando un week-end. Cette randonnée du Granier a tendance à être surpeuplée. J’ai même dû laisser passer jusqu’à… 40 personnes ! Ça, plus le fait que les gens se savent pas dire “bonjour” quand ils croisent quelqu’un, ça finit par être très irritant !

 

Au sommet du Granier

En fin de compte, la croix sommitale du Granier n’est pas… au sommet ! Elle se situe un peu plus loin, aux bords de la fameuse falaise de la face Nord (vous savez celle qui se casse la gueule). C’est bien depuis ce belvédère qu’il offre son plus beau panorama. Là… là… vous avez une vue exceptionnelle !!! EXCEPTIONNELLE vous dis-je !

On domine littéralement toute la cluse de Chambéry jusqu’au lac du Bourget et la dent du Chat. Le panorama offre une vue sur tout le massif des Bauges (la croix du Nivolet, la pointe de la Galoppaz, le montColombier, le mont Trélod, le pointe d’Arcalod, le mont Pécloz, la dent d’Arclusaz…), la combe de Savoie, le Mont Blanc. On aperçoit en fond les Bornes-Aravis (La Tournette, le Parmelan, la roche Parnal, le mont Charvin, la pointe Percée…). Pour identifier précisément le nom de chaque sommet, je vous conseille l’application Peakfinder.

 

De l’autre côté, la vue sur le massif de la Chartreuse et la vallée d’Entremont avec le Mont Joigny, le Pinet, le Grand Som, Chamechaude et, tout au fond au loin, le Mont Aiguille. On ne regrette pas d’avoir monté sa paire de jumelles jusqu’ici ! Un régal ! Vous pouvez vous balader sur le plateau du Granier pour découvrir d’autres points de vue, mais attention à pas faire trop de secousses… !! 😉

 

Les différents sentiers du mont Granier (Chartreuse)Descente par le Pas des Barres

Après plus d’une heure d’extase oculaire, il faut bien redescendre. On retourne sur ses pas jusqu’à la bifurcation qui fait redescendre soit par la Balme à Collomb, soit par le sentier qui mène au col de l’Alpette par le Pas des Barres. C’est celui-ci qu’on va prendre. Le chemin n’a rien d’exceptionnel, on marche quasiment à plat au milieu des arbres et on contourne la petite barre rocheuse en tirant vers le Nord-Est.

© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Ensuite, ça descend par un chemin un plus raidos jusqu’à arriver au Pas des Barres. Là, ça va être un enchainement de plusieurs passages très verticaux (câbles, barres, échelles). À dire vrai, il n’y a rien de bien compliqué mais je pense que ce n’est pas donné à tout le monde non plus, surtout en descente. Donc évitez de vous embarquer là-dedans si vous ne vous sentez pas et préférez le chemin de notre montée. Réfléchissez aussi si, la prochaine fois, vous voulez essayer la montée du Granier par ce chemin. En tout cas, on a jolie plongeante sur le Plateau de l’Alpe.

Vue sur l'Alpette et les rochers de l'Alpe depuis le pas des Barres (mont Granier - Chartreuse)

Vue sur le plateau de l’Alpe depuis le pas des Barres

Le Col de l’Alpette

Une fois en bas le chemin se divise en deux et permet de redescendre sur Chapareillan par la porte de l’Alpette. Enfin là, ça n’a pas d’intérêt parce que je vous rappelle que vous êtes garés à La Plagne ! Prenez donc la direction du col de l’Alpette. en face de vous, un alpage ondulé avec plusieurs rochers qui ont dévalé de la montagne. Il y a en 3 énormes et 1 plus petit qui sont assez rigolos : on dirait une famille ! Et toujours, en fond, le Mont Blanc. Quel bonheur ! Ici, vu les rochers, on doit trouver de nombreuses marmottes. D’ailleurs, il y a plein de trous de terriers. Poursuivre, tranquillement (c’est l’avantage de ce sentier) jusqu’au col de l’Alpette avec le Sommet du Pinet face à vous. D’ici, un sentier part au Sud en traversant le plateau de l’Alpe mais vous, il ne vous reste plus qu’à descendre sur La Plagne (c’est un peu raide pour les genoux). En 1/2h vous arrivez au village au niveau de la première bifurcation. Retournez-vous et regardez une dernière fois le massif du Granier avant de partir. 🙂

 

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Carnet de Randonnée en Montagne (Auteur : L'Oeil d'Édouard / Éditions Les Dirtbags) mountain hiking book hike trek trekking




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