Une randonnée au Fitz Roy c’est toujours un moment incroyable où l’on découvre la merveilleuse Patagonie dans ses plus beaux apparats. Lors de mon tour du monde, il m’a souvent été donné de voir de superbes paysages et de parcourir des endroits d’une immense beauté. Pourtant, la Patagonie – avec surtout El Chalten et le Fitz Roy – a été un véritable coup de cœur à jamais gravé dans ma mémoire.
Je suis arrivé à El Chalten – Patrimoine mondial de l’Unesco – après quelques jours passé à El Calafate pour admirer le glacier Perito Moreno. Dès mon arrivée en cette belle matinée ensoleillée, j’ai su que j’allais adorer ce coin de Patagonie argentine. Le village semblait fait pour moi, avec ses maisons en bois colorées, son atmosphère cool et détendue et les paysages majestueux des montagnes andines.
Un sentiment de bien-être donc, qui provoqua en moi l’ardent désir de crapahuter ces montagnes pour en prendre plein la tête. Je me suis donc renseigné au poste d’entrée du Parc des Glaciers, dont fait partie En Chalten et le Fitz Roy, sur les possibilités de randonnée et même de kayak sur les lacs glaciaires. Le kayak n’était pas dans mes moyens financiers mais la randonnée oh que oui !
J’ai donc décidé de me baser à El Chalten et de faire deux randonnées d’une journée chacune se terminant sur deux flancs différents du Fitz Roy et sur deux glaciers différents. Un bon moyen pour moi de profiter d’une bonne douche chaude le soir et surtout d’un bon thé bien chaud en terrasse de mon hostal : moment si appréciable après une journée passée sur les chemins et dans la nature.
Pour organiser votre séjour autour du Fitz Roy, vous pouvez télécharger la carte des chemins de randonnée (Pdf en espagnol).
SENTIER DE LA LAGUNA TORRE
Premier jour, direction la Laguna Torre, située à quelques 8km de marche soit 6-7 heures AR selon les dires des locaux. Bon, en fait je la ferai aller-retour en 5 heures.
Le sentier démarre en hauteur d’El Chalten : prendre la rue “Los Loicas”, puis tourner (au niveau du batiment rouge) sur le chemin de gauche en direction du lotissements d’habitation. Traverser le lotissement. Le départ se fait en montant la colline ensablée juste après le lotissement. Un autre point de départ est possible depuis la rue “Costanera Norte” et un troisème depuis la rue “Los Loicas”.
Dénivelé : point le plus bas à 400m, point le plus haut à 680m
Période : Novembre à fin Avril
Distance : 16 kilomètres aller-retour
Difficulté : moyenne à difficile
Les oiseaux m’ont montré le chemin tout en virevoltant autour de moi
Cette première randonnée vers la zone Sud du Fitz Roy est incroyablement belle ! Vous arpentrez la pampa sèche est ses paysages sublimes composés en bois mort, de rocailles glaciaires, d’arbustes aux couleurs chaudes (en automne), de petites rivières pures (vous pourrez y boire l’eau directement !) et de la chaîne du Fitz Roy en arrière-plan. Inoubliable.
Lors de cette randonnée, j’ai fait comme en Terre de Feu tellement j’étais impressionné et heureux : j’ai posé la main sur un arbre, j’ai fermé les yeux et j’ai remercié très fort Dame Nature. Pas que je sois particulièrement hippie mais la beauté du lieu est telle que j’ai eu envie de me connecter aux éléments pour les remercier de me permettre d’être le témoin de tant de beauté et de vivre tant de bonheur. Croyez-moi ou pas mais 2 minutes plus tard, une petite nuée d’oiseaux s’est posée devant moi sur le sentier de randonnée. Ils m’ont regardé, puis m’ont indiqué le chemin pendant environ 10 minutes tout en virevoltant devant et autour de moi. Je n’y croyais pas, c’était le summum ! Après avoir vécu la même chose avec un renard en Terre de Feu juste après avoir remercié la Nature, j’en revenais pas. Du coup, maintenant je remercie la Nature à chaque fois que je le peux de me donner l’opportunité de vivre ces moments forts… Ca a l’air con je sais mais je le fais quand même.
Je parcours donc ce sentier avec bonheur. Je suis bien. Le silence règne, la beauté gouverne, les couleurs chatouillent.
J’arrive ensuite au Mirador Torre où la vue sur les Andes me prend aux tripes. En plus, j’ai du bol la météo (pourtant très changeante en Patagonie) est parfaite ! Décidément, ça déchire !
Je reprends ensuite le sentier de randonnée direction la Laguna Torre. Je passe une petite rivière où je remplis ma bouteille de cette eau pure et bonne. Le soleil caresse ma peau, le petit souffle du vent me rafraîchit le corps.
Au bout de quelques centaines de pas, j’arrive enfin près du camp Agostini, point de passage pour monter jusqu’à la Laguna Torre. Mes jambes sont en forme, je me sens bien. Je crapahute donc directement sans m’arrêter. Et là, le coup de grâce ! Non pas que je meurs, non, mais de ce lieu singulier émane une grâce qui restera à jamais gravée au fond de moi.
Je découvre émerveillé le glacier Torre et les mini icebergs flottants sur la lagune. Je me pose enfin et laisse passer le temps devant cette vue que je n’aurais pu imaginer dans mes rêves les plus fous. Et apparemment je ne suis pas le seul émerveillé.
Je reste presque une heure à admirer le paysage et la force des Andes, ces jeunes montagnes, et à manger un banane et des biscuits pour préparer mon corps au retour à El Chalten. Je refais donc le chemin en sens inverse avec déjà en moi la satisfaction d’une journée incroyable en Patagonie.
Je rentre à la tombée de la nuit à El Chalten, complètement crevé mais hagard comme un bienheureux. Je prends une douche bien chaude, mets des vêtements propres et mange un bon repas cuisiné à mon auberge. Le thé viendra ensuite, avec pour témoin un ciel pur et étoilé. Je ne pouvais m’imaginer à cet instant que le lendemain, ma randonnée vers le Fitz Roy et la “Laguna de los tres” serait encore plus belle.
SENTIER DU FITZ ROY et LAGUNA DE LOS TRES
Dénivelé : Point le plus bas à 400 m, point le plus haut à 1180 m
Période : Novembre à fin Avril
Distance : 21 kilomètres aller-retour
Difficulté : moyenne à difficile
Pour cette randonnée vers le Fitz ROy et la “Laguna de los tres“, il faut compter 9-10 aller-retour selon les locaux. En fait, avec un bon pied, je la ferai en 7h30. Je décide donc de partir vers 9h du matin après un bon petit-déjeuner au restaurant situé à côté du Patagonia Traveller’s Hostel, pour 50 pesos argentins (env. 5€).
Le sentier démarre par la montée d’une colline un peu dure pour une mise en jambe matinale (faut dire que je suis déjà crevé de ma rando d’hier). Mais passé cette difficulté, la randonnée va être plus facile et permettre d’admirer la douce beauté des Andes et de la pampa sèche.
J’avale donc les kilomètres en m’arrêtant régulièrement prendre des photos ; ce que l’on pourrait très bien faire tous les 10 mètres tant les paysages sont superbes.
Je passe par des la pampa aux couleurs jaunes orangés, puis par des forêts et les zones humide (les “mallin” en espagnol). Le sable côtoie l’herbe rase et jaune, le bois mort et sec ainsi que les rivières et les rochers donnent une impression d’aventure quasi permanente. On se sent bien sur ces sentiers, on les mord, on les arrache, on les savoure. La douleur est vite passée quand nos yeux se posent devant ce spectacle millénaire empreint de grâce.
La chance me sourit encore en ce bel automne (début avril) car le soleil pose ses rayons caressants sur la Patagonie, il me chauffe et me fait ressentir qu’ici la nature vous héberge et vous couve.
J’arrive à un premier point de vue au bout de quelques heures, j’y ferai une pause bien méritée accompagnée de biscuits et d’un selfie. Je tiens à immortaliser ce moment, cet endroit et pouvoir montrer plus tard à mes proches et à mes futurs enfants que j’y suis allé lorsque j’étais jeune. Une manière peut-être de leur dire et montrer que le monde peut être d’une beauté sans nom. Je viens d’avoir 35 ans et c’est la première fois que je me sens entièrement et profondément partie prenante du monde qui m’entoure : je ne désire alors qu’être respectueux et bon. Je veux que ce paysage, ces montagnes, cette pampa et ces arbres durent éternellement et ne soient jamais bafoués par les hommes. Je me ferai tout petit, humble.
Je repars tranquillement vers le camp de base Poincenot, lieu où je m’arrêterai encore afin de recharger mes batteries avant la montée quelque peu ardue qui mène à la Laguna de los tres, face au fameux Fitz Roy. Je croise quelque randonneurs venus de tous les coins du monde : USA, Japon, Hollande, Allemagne. On se dit quelques mots en se doublant puis on retourne dans nos pas, ceux qui font surgir les pensées et sondent notre âme.
Au bout de quelques heures encore, j’arrive enfin au camp de base Poincenot. L’endroit est top pour ceux qui sont restés dormir ici : une rivière écoule les eaux bleues glaciaires venues des Andes, les touffes d’herbe font de bons fauteuils pour fessiers endoloris, les arbres rougeâtres abritent du vent. Il y a même des zones aménagées pour faire du feu. Je me dis que j’aurais dû prévoir de dormir ici : les nuits sont fraîches mais le ciel étoilé doit être grandiose, avec une bonne bière et un jambon-beurre.
A la place, je me suis prévu des knacks froides, une banane et des biscuits. Je rempli ma bouteille à l’eau de la rivière. J’évalue mon corps : je suis fatigué mais j’ai encore du jus. Je décide donc de monter la façade rocailleuse de cette colline cotoyant la lagune. Et puis quand la tête est bien, les jambes suivent !
Je commence donc à grimper. Oh purée j’en chie ! Pendant 40 minutes, je gravis cette pente empièrée, instable et rocailleuse. Mes pieds glissent, je failli de me tordre une cheville, les muscles de mes cuisses commencent à devenir du béton. Mais je garde le cap, je fais quelques pauses d’une ou deux minutes pour admirer la vue et reprendre mon souffle. Je croise beaucoup de monde : ceux qui descendent me souhaitent bonne chance, ceux qui montent derrière moi m’interpellent en me demandant si je vois le bout. Heu… nan ! Mais ça doit pas tarder 😉
Au bout de pas mal d’effort, j’arrive enfin à du plat de rocailles, je commence à espérer la fin. Mais non ! Quand y’en a plus y’en a encore ! Une dernière collinette de pierres encore plus instables se lève devant moi. Putain je commence vraiment à être crevé là ! J’arrache mes dernières forces pour la gravir en essayant de rien me casser et au bout de quelques minutes, la délivrance…
Le Fitz Roy se dresse fier et anguleux en face de moi. La lagune repose à ses pieds tandis que le glacier glisse le long de son corps. La souffrance valait bien le spectacle. Je descend au bord de l’eau glaciaire et me pose exténué sur un rocher. Je suis mort mais purée ce que je suis bien !
Je contemple et m’enivre, j’ouvre mes chakra, je scotche. Autour de moi, personne ne parle : tout le monde est béat. Un rapace se pose à mes côtés. Je me mets inconsciemment à lui parler comme si j’étais Yakari. Mais oui bien sûr il va me répondre !… Il se pose alors sur un rocher devant moi l’air fier, le torse bombé de ses plumes. Qu’il est beau !
Je le regarde, cet autochtone au bec noir. Je me dis qu’il a de la chance d’être ici. Je me prends à l’envier cet enfoiré. Puis soudain il ouvre ses grandes ailes et s’envole avec grâce et confiance. Ciao l’ami.
Au bout de pas mal de temps, je me dis que si je ne pars pas de suite je risque de rentrer dans la nuit et le froid à El Chalten. Putain, faut que je me fasse le trajet en sens inverse…
J’y arriverai non sans mal et je croiserais des américaines aux jambes flageolantes qui n’arrivaient plus à s’arrêter dans les descentes du sentier, hehehe. Je ne leur parle même pas en les dépassant, trop mort-vivant pour ouvrir la bouche. Le soleil commence déjà à se cacher derrière les montagnes, je speede un peu plus. Je fini par arriver à la montée difficile du début, mes cuisses ne me retiennent presque plus, je manque je m’écrouler dans les fourrés, j’ai l’impression que mes pieds butent dans toutes les racines du coin (et y’en a !). Mais heureusement, j’arriverai au panneau du départ de sentier avant de bouffer la poussière.
Je veux une douuuuche chauuuuude ! Et j’ai faiiiiiim ! Ma soirée se résumera alors à une douche, des raviolis et mon lit. Demain départ pour Bariloche !
El Chalten et le Fitz Roy restront les plus belles randonnées que j’ai pu faire durant mon tour du monde d’un an, c’est dire la beauté de la contrée !
Se préparer pour une randonnée au Fitz Roy
Mars/Avril est une belle saison pour aller au Fitz Roy : l’automne est très coloré et il y a moins de monde sur les sentiers.
L’inconvénient c’est que le temps peut être très joueur. Bien se renseigner au poste d’entrée du parc sur les conditions des sentiers. Ils peuvent parfois être fermés en raison des conditions climatiques.
Ce qu’il faut emporter :
- Des vêtements techniques chauds et légers,
- De bonnes chaussures de rando, montantes de préférence pour préserver les chevilles,
- Des grosses chaussettes,
- Un coupe-vent imperméable en cas de pluies,
- Du ravitaillement énergétiques (bananes, barres de céréales, pain, etc)
- Une petite bouteille d’eau vide que vous remplirez en chemin avec l’eau des rivières (eau pure et très bonne)
- Une lampe frontale au cas où la nuit tomberait,
- Un couteau suisse,
- Un bonnet et des gants,
- Un sac plastique pour y mettre vos déchets (et les ramener à El Chalten).
Dormir à El Chalten
Adresse : avenida San Martin 493 – El Chalten
Tel : +54 2962 493019
Manger à El Chalten
Il existe plusieurs “tiendas” dans le village ainsi qu’un supermarché où vous pourrez facilement acheter de quoi vous ravitailler. Attention, les prix peuvent être élevés pour certains produits, bien faire attention.
Niveau restaurants, ce n’est pas ce qui manque : je n’y ai pas mangé car prix presque français mais il y en a des tonnes.
Comment venir à El Chalten
En bus depuis El Calafate : plusierus bus par jours, 3h de route.
En bus de puis Bariloche ou le Nord : par la Ruta 40 (route mythique des Andes argentines). Depuis Bariloche, compter 10 à 12 heures de voyage.
Le terminal de bus d’El Chalten se trouve tout au Sud du village, juste avant le pont traversant la rivière.
En avion : aéroport international d’El Calafate puis bus, taxi ou location de voiture.
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j’ai fait la même rando l’année dernière fin avril. C’était ma première visite en Argentine et tout pareil : complètement scotchée par les paysages splendides !! des randos bien crevantes (idem pour le sentier du Fitz Roy : arrivés avec le bus de El Calafate à 12h, juste le temps d’acheter un sandwich dans un boui boui, de poser les sacs dans la meme AJ et c’est parti pour un magnifique trek d’un bon pas, rentrés juste à la tombée de la nuit (19h) !! Epuisés mais ébahis !!! Tes photos me rappellent d’excellents souvenirs et donnent envie d’y retourner !!! bon voyage !!!
Ahah oui c’est exactement ça : complètement crevé mais ébahis ! Ouais ces randonnées incroyables restent clairement gravées dans nos mémoires, j’ai moi-même pas mal de nostalgie de la Patagonie et du Fitz Roy qui me donne vraiment l’envie d’y retourner un jour ! Bon voyage à toi aussi Emmanuelle 🙂
Ces panoramas sont juste sublimes dis donc !
Merci Sandrine ! Faut dire que le lieu s’y prête bien 🙂 Incroyable comme endroit !