Les LACS JOVET, depuis Les Contamines-Montjoie

Randonnée Lacs Jovet Contamines-Montjoie Massif du Mont-Blanc Haute-Savoie Alpes France Paysage Montagne Nature Outdoor Hike French Alps Mountain Landscape Hiking Trail

Les lacs Jovet se situent sur un plateau au fin fond du vallon des Contamines-Montjoie, au pied du massif du Mont-Blanc. Traversant forêts et prairies alpines avec des vues sur les hauts sommets enneigés, l’itinéraire offre des ambiances charmantes et variées, en toute saison. Si la randonnée aux lacs Jovet depuis Notre-Dame de la Gorge est relativement facile, il faudra toutefois avaler la distance (notamment au retour, lequel pourra paraitre longuet).

 

Sommet : Lacs Jovet (2200 m)
Massif : Mont-Blanc (Haute-Savoie)

Départ : Notre-Dame de la Gorge (1200 m)
Les Contamines-Montjoie

Carte IGN : Saint-Gervais-les-Bains 3531 ET
Topos Randonnées Haute-Savoie

Difficulté : ★★☆☆☆

Dénivelé : env. 1000 m

Distance : 15 km a/r

Durée : 3h-4h aller (2h-3h retour)

Intérêt : ♥♥♥♥
lacs de montagne
cascades

Période : mai à octobre
(possible en hiver en raquettes ou ski de rando,
voir enneigement / risque avalanche)

 

Depuis Notre-Dame de la Gorge

L’accès en voiture à l’église étant réservé, le départ de la randonnée aux lacs Jovet se fait depuis le grand parking situé juste avant (toilettes). D’ici, deux solutions s’offrent à vous : soit rejoindre directement à gauche le sentier en traversant le pont surpassant le Bon Nant, soit, par curiosité, croyance ou même superstition invocatrice pour la suite du parcours, remonter le Chemin de Croix bitumé conduisant à l’église Notre-Dame de la Gorge. Dans l’idée d’une randonnée où on part tôt pour se laisser de la marge (cf : mes conseils pour bien préparer), je conseillerais de se garder la visite au retour, d’autant qu’elle peut être fermée le matin. De toute façon, les itinéraires se rejoignent dans les deux cas quelques 350 mètres plus loin.

Un panneau indique que nous entrons, dès ici et jusqu’aux lacs Jovet, dans la Réserve Naturelle des Contamines-Montjoie avec la réglementation à respecter pour le bien de la faune et de la flore (pas de cueillette, chiens autorisés en laisse, baignade interdite, pas de survol en parapente, drone…). Après cette petite mise en jambes, la randonnée aux lacs Jovet va vraiment commencer avec une longue raideur prononcée chauffant d’emblée les cuisses. Avec ses nombreux passages sur dalles rocheuses, les appuis pourront parfois être glissants par météo humide et une bonne semelle de chaussures de randonnée et une paire de bâtons pourront être de bons alliés (notamment à la descente au retour).

500 mètres plus loin et 100 m de dénivelé plus haut, on atteint un replat au milieu de la forêt, ornée de fougères, mousse et champignons. Second point d’intérêt sur l’itinéraire des lacs Jovet, un pont naturel en contrebas à droite du chemin (pour être honnête, je n’ai… pas vu ledit édifice…). Un petit belvédère, protégé de barrière, permet de le dominer. Néanmoins, pour une vue davantage remarquable, je vous recommande de descendre jusqu’au bord du nant (attention toutefois à la possible rapide montée de son niveau). Après un peu de crapahute sur pierres humides et racines branlantes, on se trouve au cœur d’un charmant paysage pittoresque, face à une curieuse petite tour rocheuse (que les alpinistes appelleraient gendarme ou bitard) millénairement sculptée par le flux du torrent glacialement bleuté.

© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Un peu plus loin, artificiel celui-ci, le pont Romain de la Téna enjambe le Bon Nant. Car, oui, nous sommes ici sur une voie romaine, datant donc de l’Antiquité, reliant l’Italie via le col du Bonhomme, permettant notamment les échanges commerciaux, dont le sel. Juste après à gauche, ne manquez pas le balcon permettent d’observer à pic le torrent chutant de plusieurs mètres dans les marmites du défilé. Très impressionnant ! Dans un degré moindre, la vue pittoresque m’a rappelé le pont d’Espagne dans les Hautes-Pyrénées.

le Bon Nant sous le pont de la Téna © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

On sort ensuite de la forêt en laissant sur la gauche le sentier menant à la cascade de Combe Noire puis au refuge de Tré la Tête et au refuge des Conscrits). Le chemin poursuit tout droit en passant au milieu des chalets de Nant Borrant et du refuge avant de remonter une piste 4×4. On rejoint ici le mythique itinéraire du GRP Tour du Pays du Mont-Blanc. À gauche, quelques vues sur l’aiguille de la Bérangère, dont le soleil pointe ses premiers rayons sur le sommet (3425 m), et les monts Jovet, envers du décor des lacs éponymes.

Après une aire de bivouac pour le tour du Mont Blanc et un embranchement à droite vers le refuge des Prés, on atteint une vaste prairie d’alpage que l’on traverse sur une piste carrossable desservant les différents chalets de la Rollaz. La configuration du paysage de ce vallon du Borrant, encaissé et à l’ombre au matin, a convoqué mes agréables souvenirs de ma randonnée pyrénéenne au Turon du Néouvielle. En toile de fond de ce replat ondulant, majestueusement escarpée et fascinante, la face nord des aiguilles de la Pennaz (2688 m) et, à leur droite, les dentelées roches Franches, dont les reliefs sont mis en exergue par les ombres de la lumière latérale.

perspective sur le vallon de la Balme et les aiguilles de la Pennaz © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

La Balme

Une petite inclinaison entre les arbres puis une petite passerelle nous conduisent au refuge de la Balme, étape du tour du Mont Blanc (une aire de bivouac se situe également à quelques centaines de mètres). Au panneau Danger chutes de pierres, on quitte par la gauche la piste carrossable (itinéraire vers le col de la Fenêtre et le col de la Cicle mais qui, pour les adeptes des doux lacets peu inclinés, peut également rejoindre la suite de notre sentier juste un peu lus haut). Le chemin caillouteux, sans difficulté technique, suit une ligne de relief dominant le cours de la cascade de la Balme avec ses méandres et ses ressauts.

la cascade de la Balme

Arpentant le sentier au pied de l’escarpement minéral, on a alors une vue directe sur les aiguilles de la Pennaz, les roches Franches, la tête de la Cicle et les roches Rouges. Quelques virages se raidissant petit à petit (dont un comporte une plaque commémorative d’un Suisse mort en 1936) monte jusqu’à une épaule. Celle-ci est esthétiquement agrémentée d’un énorme pylône électrique et les bourdonnements qui vont avec (ai-je réellement eu mal à la tête quand je suis resté en-dessous le temps des photos ou bien l’ai-je imaginé/somatisé… ?). Le promontoire offre une vue plongeante sur tout le val Montjoie et la perspective se poursuit jusqu’au massif du Giffre avec la tête de Colonney, le désert et la pointe de Platé, la pointe de la Mitraille et le col d’Anterne, la pointe Noire de Pormenaz, le mont Buet…

aiguilles de la Pennaz, lumières automnales (📷 Sony FE 24-70mm f/2.8 GM II) © L’Oeil d’Édouard / Instagram

Le plan Jovet

On retrouve alors la piste carrossable sur laquelle on peut jouir de la vue dégagée sur le grand plateau herbeux du plan Jovet, couronné de la chaîne de montagnes allant du mont Tondu à la tête sud des Fours. Si, à l’automne, le parterre est chaud de ses couleurs ocres dorées et rougeoyantes, nul doute que celui-ci doit avoir des airs de jardin d’Eden au printemps. (Mon) Erreur à ne pas faire, être aspiré par le fond du vallon et continuer tout droit car le chemin est celui du tour du Mont Blanc, conduisant au col du Bonhomme et au massif du Beaufortain. Ainsi, après le mini-barrage en béton, traverser le ruisseau via la passerelle en bois.

Nous ne sommes plus très loin et on sent l’objectif à porter de semelles, juste un peu derrière. On suit alors la trace en visant la cascade au-dessus de laquelle se situent les lacs Jovet. Au niveau d’un gros bloc rocheux au pied duquel demeurent des ruines des chalets de Jovet (photo-ci-dessous), traverser à nouveau le ruisseau que l’on remonte ensuite à main gauche au milieu des rhododendrons et des myrtilliers (en fleurs à la fin du printemps / début de l’été, ce doit être absolument splendide !). Un sentier poursuit également rive nord-ouest mais, plus abrupt, il est davantage préconisé en variante pour le retour (voir plus bas).

En quelques minutes, on accède à un point de vue sur la cascade issue des lacs Jovet. Bon, soyons honnête, si elle permet l’alibi d’une pause contemplative, elle ne mérite pas non plus qu’on s’y arrête des heures. Après une courte série de virages un peu plus raides, une traversée plus douce offre un somptueux panorama sur le plateau de fond de combe, du col du Bonhomme jusqu’au mont Joly (2525 m) en passant par l’aiguille de la Roselette, la tête de la Cicle et une vue imprenable sur, en majesté, les aiguilles de la Pennaz, dont on aperçoit l’arête effilée en saillie au sommet de la dalle inclinée. Pour connaitre précisément le nom de chaque sommet alentour, je vous conseille l’application Peakfinder.

les aiguilles de la Pennaz et les roches Franches, couleurs d’automne (📷 Sony FE 24-70mm f/2.8 GM II) © L’Oeil d’Édouard / Instagram

Longeant le talweg du ruisseau, un dernier replat herbeux a aux allures de steppes d’Asie centrale sur fond de cimes mouchetées de blanc. Plus ou moins 3 heures après le départ du parking de Notre-Dame de la Gorge, on atteint les lacs Jovet. Si le vent soufflait déjà fort depuis la cascade de la Balme, les rafales ne trouvaient ici plus beaucoup d’obstacles pour décorner les bœufs ! Et, fin octobre, c’était… glacial !! Il avait neigé quelques semaines avant. Ainsi, même en plein été et de surcroît au printemps en aval des montagnes encore fraichement enneigées, prévoir absolument une veste coupe-vent, et même une autre thermique (polaire ou micro-doudoune). De dires de randonneurs locaux, l’endroit est connu pour être “tout le temps” venteux !

Les Lacs Jovet

L’ensemble lacustre se love dans l’enceinte auréolée des têtes de Belleval (2885 m et 2892 m), de la tête d’Enclave (2852 m), du Pain de Sucre (3169 m), du mont Tondu (3196 m) et des monts Jovet (2468 m), lesquels leur ont donné leur nom. Le premier, le plus grand, est le lac Jovet inférieur, à 2179 mètres d’altitude, où le paysage est grandiose ! Contrastant avec les brins d’or environnants, la couleur émeraude de l’eau envoûte. Une petite montée à peine sur les pentes sud des monts Jovet offrira un point de vue d’ensemble sur le tableau. Pour les plus téméraires et/ou désireux de faire une variante écourtée du tour du Mont Blanc, un raide appendice rocheux de 500 mètres de dénivelé+ mène jusqu’au col des Enclaves (2672 m) pour basculer sur la Ville des Glaciers via la combe de Bellaval.

le lac Jovet inférieur et la pointe sud du massif du Mont-Blanc © L’Oeil d’Édouard / Instagram

Contournant le lac Jovet inférieur par la gauche (mais aussi tout à fait possible par la droite), on rejoint, au milieu des blocs rocheux victimes de la pesanteur, un chalet en bois digne des paysages québécois (bienheureux propriétaires !). L’angle du vue confère un tout autre paysage, plus ouvert, où la perspective semble faire émerger comme une île les aiguilles de la Pennaz en arrière-plan. Nous casserons la croûte ici, au soleil et à l’abri du vent du nord. Pour la photo avec les aiguilles de la Pennaz éclairées, en reflet sur le miroir du lac Jovet parfaitement lisse, il faudra venir très tôt le matin, avant que le vent ou la brise permanents ne s’activent. Pour rappel, faisant partie de la Réserve Naturelle des Contamines-Montjoie, le bivouac aux Lacs Jovet est interdit, de même que la baignade, afin de préserver le lieu de la (sur)fréquentation et son impact nuisible.

© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Histoire de ne pas avoir de regrets a posteriori, la curiosité, mêlée à la pulsion de l’exhaustivité, nous a poussés à pousser jusqu’au petit frère du haut. Un sentier plus ou moins évident serpente entre les pierres et, 300 mètres plus loin et 5 minutes pus tard, se révèle dans son creux le lac Jovet supérieur (2194 m), au pied du diptyque Pain de Sucre / mont Tondu. Plus étriqué et moins charmant, il aura valu le coup d’œil mais sans plus. Retour donc au grand frère du bas pour exalter les yeux, le cœur et l’esprit avant de redescendre.

Le retour

Pour revenir au parking de départ de la randonnée aux lacs Jovet, l’itinéraire est le même, un aller-retour sans surprise. Néanmoins, si on peut longer le lac inférieur par l’autre rive, il est aussi possible d’agrémenter le retour avec une courte alternative en redescendant le ruisseau via l’autre versant (tracé orange sur la carte au-dessus ; partie détaillée ci-dessous : cliquer le bandeau pour dérouler ➕). Pour enrichir son parcours avec un peu de culture, je vous invite à aller un œil à l’église Notre-Dame de la Gorge à la fin (idem ➕).

Variante : retour en boucle

Pour cette petite variante, retrouver le ruisseau qui part au sud du lac Jovet inférieur. Sur la rive droite, un sentier à plat longe à main gauche avant passer au-dessus de la cascade. Avec une vue frontale sur les aiguilles de la Pennaz, on débouche alors à l’aplomb du plan Jovet que l’on rejoint par des lacets un peu raides mais digestes (des bâtons de randonnée seront très appréciés ici). Cette mini-boucle rejoint l’itinéraire classique au niveau des ruines des chalets de Jovet et du bloc rocheux accolé.

Bonus : visiter l'église Notre-Dame de la Gorge

La présence d’un sanctuaire sur la route historique du col du Bonhomme remonterait au XIe siècle, créé par un ermite et dévoué à saint Antoine, patron des muletiers et guides. La Sainte-Chapelle de Notre-Dame de la Gorge, située 200 mètres en amont au bord du Bon Nant, fait référence à l’édifice originel emporté par une crue en 1914. Il est encore un lieu de pèlerinage bi-annuel.

Au bout d’un Chemin de Croix jalonné de quatorze petits oratoires, l’église Notre-Dame de la Gorge actuelle, elle, date du XIIIe siècle. Elle avait pour mission d’être la paroisse des habitants du vallon et est notamment dédiée du culte marial. Reconstruite en 1699 et 1707, elle est de style baroque savoyard et est classée monument historique depuis 2015. La façade blanche est protégée par une avancée de toit, peinte en bleu ciel et ornée de rinceaux dorés et d’écritures. Au-dessus de la porte, une statue de la Vierge à l’Enfant avec, de part et d’autre, deux niches vides et deux cartouches dans lesquelles sont inscrits en latin « Qui trouve Marie trouve la vie » et « Elle est fondée sur les montagnes saintes » et un oculus entouré de deux anges tenant un bandeau où l’on peut lire « C’est moi la mère du bel amour ».

Après le narthex au-dessus de nos têtes, l’intérieur de l’église Notre-Dame de la Gorge se tient en une nef unique, peinte en rose pastel et décorée de stucs, des armoiries de Savoie ainsi que d’une statue de saint François de Sales, patron local. Dans le chœur, trois retables dorés de style baroque avec des sculptures de la Vierge à l’Enfant, de saint Antoine, de saint Bernard de Clairvaux et de nombreux angelots (baroque, vous disais-je).

l’intérieur de l’église Notre-Dame de la Gorge

Infos pratiques : se rendre aux Contamines-Montjoie

depuis Annecy ou Annemasse, prendre la direction de Chamonix (autoroute ou nationale) en traversant Bonneville puis Cluses et Sallanches. Au niveau du Fayet, monter à Saint-Gervais-les-Bains via les Plagnes.

depuis Albertville, traverser Ugine puis remonter les gorges de l’Arly via Flumet pour traverser Megève puis, au giratoire, prendre à droite la D909 pour rejoindre Saint-Gervais via le Neyret.

Ensuite, dans tous les cas, rentrer dans Saint-Gervais-les-Bains puis prendre la route D902 en direction des Contamines-Montjoie. Passer le hameau de Bionnay puis traverser les Contamines-Montjoie pour atteindre le domaine skiable et poursuivre dans le fond du vallon. Rejoindre le grand parking le plus au fond (l’accès à la chapelle Notre-Dame de la Gorge est interdit en voiture).

Avant de partir, êtes-vous bien équipé ?
➜ retrouvez le contenu de sac à dos de rando ainsi que tous nos conseils montagne
✔︎

Pour séjourner ou dormir la veille sur place, vous pouvez regarder les hébergements aux Contamines-Montjoie et ses environs (hôtels, gîtes, appartements…). Par ailleurs, si vous venez en week-end ou en vacances en Haute-Savoie, voici quelques activités à faire autour des Contamines-Montjoie (vol biplace en parapente, saut en parachute ou à l’élastique, canyoning, rafting, via ferrata…).


Carnet de Randonnée en Montagne (Auteur : L'Oeil d'Édouard / Éditions Les Dirtbags) mountain hiking book hike trek trekking

Notre blog est totalement gratuit mais vous pouvez nous aider ! 😀 Pour soutenir notre travail et le partage avec vous de contenus de qualité, intégralement accessibles et indépendants (aucun article rémunéré !), vous pouvez passer dans nos articles par nos liens affiliés vers nos partenaires pour vos achats ou vos réservations d’avion, d’hébergements et d’activités touristiques. Cela ne vous coûtera rien de plus et, nous, ça nous aidera à poursuivre l’aventure Trace Ta Route avec vous. Merci grandement pour le coup de pouce ! 🙏 Vous pouvez également commander nos « produits maison » (carnet de randonnée, vêtements et accessoires) ou une impression de nos photographies en tirage d’art. Plus de détails sur notre boutique.




Vous aimez cet article ? Parlez-en à vos amis et inscrivez-vous à notre newsletter

D’autres articles sur les mêmes thématiques

Nos Topos Randonnée

Savoie (73-74)

Nos Conseils Montagne

Laisser un commentaire