La BRÈCHE DE ROLAND, au-dessus de Gavarnie

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Située à 2807 mètres d’altitude, la brèche de Roland est une impressionnante trouée naturelle dans une barre rocheuse au-dessus du cirque de Gavarnie. Large de 40 mètres et haute de 70, elle ouvre un passage à la frontière entre la France et l’Espagne. L’itinéraire le plus facile démarre du col de Tentes et passe par le refuge des Sarradets.

 

Sommet : Brèche de Roland (2807 m)
Massif : Mont-Perdu (Hautes-Pyrénées)

Départ : Col de Tentes (2207 m)

Carte IGN : Gavarnie PN Pyrénées 1748 OT
Topos Randonnées Pyrénées

Difficulté : ★★★☆☆

Dénivelé : 650 m (cumulés)
Distance : 11 km aller/retour

Durée : montée 2h30 à 3h30
(descente 1h30 à 2h30)

Intérêt : ♥♥♥♥
Lac de montagne

Période : juillet à octobre
mais dès juin si bien équipé

Avant de partir, êtes-vous bien équipé ? ➜ retrouvez le contenu de sac à dos en randonnée ✔︎

➜ Se rendre au Col de Tentes

Depuis Lourdes, compter environ 1h. Prendre la route D821 en passant Argelès-Gazost et Pierrefitte-Nestalas. À Soulom, monter la D921 qui serpente dans la vallée du cave de Pau en direction de Luz-Saint-Sauveur (une route permet de contourner le centre-ville, souvent bouchonnant). Poursuivre ensuite en traversant le village de Gèdre pour enfin arriver à Gavarnie. Poursuivre la route principale D923 dont les lacets conduisent à la station de ski Gavarnie Les Espécières (attention aux brebis vagabondes) puis au col de Tentes où se trouve un grand parking.

Pour séjourner ou dormir la veille sur place, vous pouvez regarder les hébergements à Gavarnie ou Luz-Saint-Sauveur.




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Le Col de Tentes

Pour être sûr de ne partir pas trop tard et d’avoir de la place au parking, j’étais arrivé la veille au soir au Col de Tentes. À la sortie d’une épaisse couche brumeuse des plus désespérantes, j’ai eu droit à de somptueuses cimes rougeoyantes au coucher de soleil, au-dessus d’une non-moins splendide mer de nuages. La nuit tombée, le spectacle de la voûte céleste avec les étoiles filantes était également sublime et restera gravé à jamais. Ce préambule pour vous dire que je vous recommande vivement de monter également la veille (bivouac ou voiture aménagée).

Le lendemain, face au pic du Taillon (également objectif de la journée), départ pour la brèche de Roland. L’itinéraire suit une piste carrossable conduisant anciennement jusqu’au col du Port de Boucharo (des rochers sont venus bloquer l’accès aux voitures). On s’échauffe alors les jambes tout en profitant de la vue sur la Vallée des Pouey Aspé. En 15 minutes, on rejoint le Port de Boucharo (2271 m), voie pédestre à la lisière de la France et l’Espagne (un panneau indique le refuge de Bujaruelo à 1h30). Si l’on ose se laisser aller à pousser quelques mètres au-delà du col (je vous le conseille), on découvre alors une magnifique vue sur la vallée et les montagnes ibériques. Le paysage vibre de vert et d’ocre rouge, de bleu pour le ciel. Quelques brebis d’alpage, elles aussi montées au col, viennent parfaire la scène montagnarde.

Le chemin part ensuite en épingle pour atteindre un plateau au pied des barres rocheuses du pic du Taillon. Le parcours serpente et oscille tranquillement, alternant passages sur terre et rochers. À l’horizon de ce sentier balcon, on peut voir en toile de fond les sommets au-dessus de Gavarnie. 30 minutes après le Port de Boucharo, le sentier se raidit un peu jusqu’à arriver à un premier endroit pouvant être un peu délicat : il faut ici traverser un ruisseau s’écoulant en mini-cascades depuis le glacier du Taillon. Rien de bien compliqué si on a des chaussures imperméables mais ça peut bouchonner un peu s’il y a du monde (nb : règle d’usage en montagne, toujours priorité à celui qui monte). Quelque chose me dit qu’il faut être vigilant ici en début de saison avec les plaques encore gelées…

L’itinéraire poursuit sur un tracé parmi un chaos de pierres et de rochers. La relative raideur du parcours nécessite alors de veiller à marcher à un rythme régulier. Il ne s’agirait pas de se cramer ici car il y a encore du chemin à faire jusqu’à la brèche de Roland ! 10 minutes plus tard, le chemin amène sur le replat de l’ancien glacier du Taillon (il ne reste quasiment rien), au pied de la majestueuse barre rocheuse de la pointe Bazillac et “le Doigt”. Les quelques lacets sur la gauche permettent une vue d’ensemble avant d’arriver au Col des Sarradets (2589 m).

le Glacier du Taillon © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Le Refuge des Sarradets

Au col, la vue bascule côté cirque de Gavarnie et apparait le refuge, aussi logiquement appelé, de la brèche de Roland. On longe alors la mini-crête et le pan rocheux avant d’atteindre quelques mètres plus loin le refuge des Sarradets (des toilettes et de l’eau potable sont gratuitement accessibles à l’extérieur). Datant de 1955-1956, le bâtiment est un lieu emblématique du Pyrénéisme. Du balcon terrasse, on peut admirer au fond la fameuse Grande Cascade, chutant sur 423 mètres de verticalité depuis les glaciers du géologiquement tourmenté pic de Marboré (3248 m). “Malheureusement”, le matin, la montagne est à contre-jour et donc peu propice à l’observation. Sur notre droite, c’est également un mur à gravir qui se dresse alors devant nous avec, en arrière-plan, l’iconique entaille gavarnienne.

Le sentier remonte la moraine mais sa verticalité est finalement plus digeste qu’envisagée depuis le bas (comme quoi, ce n’est pas forcément au pied du mur qu’on le voit le mieux). Là encore, ne pas se mettre en sur-régime, d’autant qu’on est maintenant en plein soleil. Les bâtons de randonnée sont alors un précieux atout (de surcroît quand il faudra descendre). En regardant derrière soi, les couleurs s’entremêlent dans un tableau composé de touches grises, ocre orangé, vertes, blanches et bleues. Un paysage convoquant mes souvenirs de Madère, de La Réunion ou même d’Islande.

On atteint ensuite un ressaut marqué d’une dalle rocheuse polie et striée par le Glacier de la Brèche, dont il ne reste désespérément que quelques névés… La brèche de Roland se présente juste sous nos yeux et il ne reste plus qu’à traverser le pierrier glaciaire. En début de saison, il pourra demeurer des plaques de neige plus ou moins épaisses à l’ombre de cette face Nord. Ainsi, des petits crampons de randonnée pourront s’avérer nécessaires pour les traverser ainsi que des guêtres pour laisser ses chaussettes sèches.

la brèche de Roland, fin août © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

La Brèche de Roland

La partie finale se redresse progressivement et il faudra crapahuter quelques mètres sur le rocher. Ce n’est pas très compliqué mais cela nécessite néanmoins de savoir lever un peu le genou pour passer. Une demi-heure après le refuge des Sarradets, on atteint les 2807 mètres d’altitude de la brèche de Roland. Même si cette randonnée est populaire, on arrive plutôt facilement à trouver une place sur ses 40 mètres de largeur. L’émotion se perd un peu entre la vue bilatérale et la vertigineuse verticalité de ses parois qui nous encadrent. La barre rocheuse impressionne autant par sa hauteur (70 mètres) que sa finalement finesse. Les murs dressés font office de frontière naturelle entre la France et l’Espagne.

D’après la légende de la brèche, Roland le preux, neveu de Charlemagne, tenta de briser son épée, Durandal, sur un rocher, pour ne pas qu’elle tombe aux mains des Sarrasins de Navarre lors de la Bataille de Roncevaux. C’est alors que celle-ci créa la brèche ainsi nommée, sans pour autant être ébréchée ! Puisqu’il ne pouvait alors la détruire, il décida donc de la jeter dans la vallée où elle alla se planter à “quelques” 270 kilomètres de là, dans un rocher à Rocamadour (en savoir plus sur cet indétrônable record Guinness Book de lancer).

Versant français, la vue expose la vallée de Gavarnie avec une multitude de montagnes des Hautes-Pyrénées. Le panorama s’étale du Vignemale, plus haut sommet du massif (3298 mètres) mais dont on n’aperçoit ici que le glacier, jusqu’au pic du Marboré (3248 m), au-dessus du cirque de Gavarnie. On peut ainsi voir, par exemple, le pic de Cestrède (2947 m), le Turon de Néouvielle (3035 m), le pic Long (3192 m)… Pour identifier précisément le nom de chaque sommet alentour, je vous recommande l’application Peakfinder). Sous nos yeux, le refuge de la brèche de Roland, au pied de la dalle de la pointe des Sarradets (2639 m), et un joli petit lac glaciaire qui parait bien tentant pour une pause à la descente…

Côté espagnol, le paysage est très différent avec une ambiance très aride, minérale, chaotique avec de nombreux éboulis de blocs rocheux. Les reliefs sont nappés des couleurs chaudes (ocre rouge et jaune, orangé…) dans une atmosphère martienne. Cet horizon est autrement très impressionnant, par son caractère extra-terrestre, désertique et silencieux. Sur la droite, se dresse le pico Blanco (2916 m). Pour ceux qui en veulent encore, on peut, comme je l’ai fait ce jour-là, poursuivre en longeant ce versant jusqu’au pic du Taillon (3144 m). Celui-ci n’est pas plus difficile d’accès (et même techniquement moins) et offre une splendide vue panoramique à 360°. Je vous conseille vivement de pousser jusqu’à ce sommet !

 

Le retour se fait par le même itinéraire qu’à la montée. Il faudra rester attentif à ne pas rouler sur les pierres n’amassant pas mousse. Pour ceux qui voudraient faire la randonnée à la brèche de Roland depuis Gavarnie, il est aussi possible de faire une boucle en redescendant par le Col des Sarradets puis la Vallée des Pouey Aspé. Pour ma part, attiré par sa couleur, je suis allé faire le mini-crochet par le lac au milieu des plaques de neige. Puis, deux ultimes pauses contemplatives sur le belvédère de la roche moutonnée puis sur la terrasse du refuge où tout le monde observe le cirque de Gavarnie et sa cascade, maintenant au soleil de l’après-midi. Deux heures après la brèche de Roland (sans les pauses), on rejoint le parking du col de Tentes. Dernier bonbon de la journée, la chance d’admirer un vautour survolant le vallon plafonné de la brume montante, à la recherche de son dîner…

© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

 

Carnet de Randonnée en Montagne (Auteur : L'Oeil d'Édouard / Éditions Les Dirtbags) mountain hiking book hike trek trekking

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