Quand on pense vallées savoyardes, une sorte de frisson vient parcourir l’imaginaire. Un réflexe culturel vient immédiatement y associer “une autoroute traversant une vallée encaissée, froide et sans lumière, jalonnée d’usines”. Effectivement, le Doron et l’Isère ont “nourri” des générations entières de savoisiens besogneux, des Ducs de Savoie jusqu’à Opinel. Aujourd’hui encore. Mais, pour ceux qui savent et veulent surpasser les stéréotypes (et curieux de lire cet article), on trouve une culture vernaculaire, un patrimoine historique démarrant avec les Allobroges, développé avec la Maison de Savoie, mêlant l’influence esthétique italienne à celle de la vie pastorale traditionnelle. Pour ce qui est de la nature… il n’y a qu’à se laisser couper le souffle par les paysages !
Ou comment partir en vacances en retournant à la maison
Exilé deux années hors de mes terres natales, j’avais décidé en cet été 2014 de rentrer chez moi et faire du tourisme en Savoie. Après des mois de juillet et août à attendre le beau temps (“C’est quoi ce temps pourri, on est pourtant lundi, c’est les vacances qui commencent…” ne finissait pas de résonner dans ma tête), j’ai profité d’une fenêtre météorologique de 3 jours pour faire une virée et visiter quelques lieux touristiques de Savoie : une boucle commençant par les villages de Haute-Maurienne (Aussois, Termignon, Bessans, Bonneval-sur-Arc…) jusqu’à la Haute-Tarentaise (Val d’Isère, Tignes, Bourg-Saint-Maurice) en passant par le mythique col de l’Iseran.
Non, je n’ai pas dessiné une poule, c’est vraiment le tracé de l’itinéraire !
1er jour : la Vallée de la Maurienne
Le parfum de ce “voyage à la maison” commence à s’humer en entrant dans la Combe de Savoie. Les reliefs rehaussent le cœur. Ce périple commence par la Maurienne, vallée où coule l’Arc. Passé la porte d’Aiguebelle, on se retrouve étreints au pied des montagnes de Belledonne et de Lauzière. On passe Épierre, Saint-Étienne-de-Cuines et la route menant au Col de la Madeleine, les lacets de Montvernier, Saint-Jean-de-Maurienne, berceau des couteaux Opinel qui ne mérite pas une escale touristique. En revanche, je vous recommande de monter sur le plateau d’Albiez-le-Vieux et admirer les splendides Aiguilles d’Arves. Après être sortis de l’autoroute à Saint-Michel (l’A43 conduit au Tunnel de Fréjus menant en Italie et Turin), on traverse Modane, ce qui consiste essentiellement à remonter une rue bordée d’une ligne de train et d’un mur de bâtiments surannés. Envie de s’arrêter : zéro ! Il faut être honnête le creux de la vallée de l’Arc ne fait pas rêver jusque là et est fidèle à son image… En revanche, faites-moi confiance, osez pousser plus loin, c’est dans la Haute-Maurienne que se trouvent quelques perles de Savoie !
Modane et le Mont Thabor
Aussois
Première étape de mon road trip en Savoie, Aussois, juché sur un replat champêtre au pied de la Dent Parrachée. Connu pour sa station de ski familiale, le village n’en a pas pour autant sacrifié son authenticité. Le centre garde le charme de ses petites ruelles avec des maisons authentiques composées de pierres et de bois (le haut du village est tout de même constitué de bâtiments d’hébergements touristiques mais sans non plus dénaturer le site). Quelques boutiques folkloriquement décorées proposent des produits locaux (je vous recommande notamment l’épicerie-traiteur Un p’tit coin d’Italie qui prépare des mets savoyards et transalpins, des délicieuses pizzas et autres plats maison). Pour se poser, on peut également profiter de l’agréable terrasse ensoleillée de La cave du Père Fressard, sur la place, en buvant une bière d’Oé, fabriquée à Aussois. Là, je vous donne mes bonnes adresses dégotées lors d’un autre séjour sur place. D’ailleurs, pour dormir, le camping d’Aussois est très bien : grand, bien placé et très bien équipé.
Historiquement liée à l’Italie, la culture savoisienne a été nourrie d’influences transalpines et ses esthétiques, notamment dans l’architecture et l’ornementation de ses églises. On parle des Chemins du Baroque. À Aussois, l’Église Notre-Dame de l’Assomption (datant de 1648) donne un aperçu de ce patrimoine alpin. Son aspect extérieur en pierres est sobre et, derrière sa petite porte, l’intérieur est vraiment surprenant ! Très lumineux et décoré d’or et de couleurs pastels jaune, bleu et rose. On retrouve également fresques, retables, dorures et tableaux.
Les Forts de l’Esseillon
Autre patrimoine historique de Savoie, ses forts militaires. À l’époque où il fallait muscler la frontière entre la France et la Savoie, de nombreuses fortifications ont été érigées dans la Vallée de l’Arc, principalement autour d’Aussois avec le complexe de la “Barrière de l’Esseillon”. Classés Monuments Historiques, les cinq forts construits entre 1820 et 1850 par le royaume de Piémont-Sardaigne portent les prénoms de la famille royale : Victor-Emmanuel, Marie-Thérèse, Marie-Christine, Charles-Albert et Charles-Félix. Devenus français avec l’annexion de la Savoie à la France en 1860, ils serviront encore un peu durant les deux guerres mondiales du XIXe siècle. En savoir plus ici et là ou dans l’émission Des racines et des ailes. Aujourd’hui, sept célèbres vias ferratas parcourent le site.
De l’ensemble, j’ai visité le Fort Marie-Christine, le plus haut perché du dispositif (1500 mètres) avec le fort Charles-Albert. De forme hexagonale, il était conçu pour accueillir 150 hommes et défendre les forts Charles-Félix et Victor-Emmanuel ainsi que le plateau d’Aussois. Autre époque autre mœurs, c’est dorénavant un restaurant gastronomique et un gîte de 66 places qu’il abrite. L’entrée est gratuite et, à la faveur d’une exposition historique, on peut déambuler dans les salles et coursives. On peut imaginer la rudesse des hivers pour les soldats en place… À travers les ouvertures, la vallée et le Fort Victor-Emmanuel en contrebas.
Les barrages d’Aussois
Après la visite du fort, j’avais envie de prendre un peu de hauteur. Direction les deux lacs de barrages de Plan d’Aval et Plan d’Amont. On monte les lacets (piste de ski l’hiver) et, en 1/4h, on atteint le premier barrage de Plan d’Aval (se garer avant l’épingle sous la maison en pierres). Un belvédère offre une vue plongeante sur le premier lac ainsi que sur le village d’Aussois et l’Aiguille de Scolette (3506 m) en arrière-plan.
En poussant un peu plus, on rejoint le… Plan d’Amont (logique…) à 2078 mètres d’altitude. Un parking est juste au pied du barrage et il faut faire confiance aux ingénieurs EDF… Un chemin conduit au bord du lac artificiel avec sa vue sur ce cirque entouré du Râteau d’Aussois (3131 m), la Pointe de l’Échelle (3418 m), le Col d’Aussois (2916 m), la Pointe de Labby (3521) et la splendide Dent Parrachée (3697 m). Aux portes de la Vanoise, de nombreux départs de randonnées et courses d’alpinisme démarrent d’ici ainsi que des refuges alentours.
Les jours sont longs en été mais l’heure est venue de trouver un endroit où poser la tente voiture pour dormir. Afin de pouvoir pleinement bénéficier du spectacle céleste nocturne, on se dirige vers le lac du Mont-Cenis. Après avoir traversé Termignon et Lanslebourg, on zigue et on zague jusqu’au Col du Mont-Cenis. Évidemment, l’endroit est très populaire et les camping-cars sont nombreux dans le quartier. Un petit pas de côté dans un chemin fera l’affaire pour être (presque) seuls et tranquilles. On peut sortir la bière et le saucisson et profiter de la vue avec les étoiles qui apparaissent au fil de l’heure bleue…
© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
2e jour : la Haute-Maurienne
Le Lac du Mont-Cenis
Il y a toujours quelque chose de merveilleux dans les réveils post “nuit dehors”. Sans doute le fait d’être immergés dans une nature d’une autre temporalité, irradiés par le soleil. On a déjà l’impression d’être partis depuis plus d’une semaine ! On descend se débarbouiller au bord du lac. La plage de cailloux est à nous mais plutôt très très fraiche l’eau ! Pour le bain, on procrastinera…
La veille au soir, j’avais été complètement déconcerté par une vision hallucinée. En même temps que je regardais les étoiles, je voyais une soucoupe volante éclairée au niveau de la montagne. Comme elle était statique et jaune doré, j’ai d’abord pensé à une pleine lune qui se levait derrière les cimes. Mais, tellement immobile que, après 1h, l’hypothèse a perdu sa validité. Faute de “I want to Believe” cette fois-ci, je me suis alors résigné à ne pas comprendre… Le lendemain, en même temps que le jour, tout s’est éclairci : il s’agissait du Fort de Ronce dont la façade est illuminé la nuit et situé en contrebas de la barre rocheuse de la Pointe de Ronce (3612 m).
Le Fort de Ronce
L’envie de m’en rapprocher pour le découvrir était alors trop tentante. Différents chemins de marche permettent d’y accéder facilement entre 30 et 45 min de marche depuis le parking du plan des Fontainettes, à la (“magnifique”…) Pyramide du Mont-Cenis (1 heure en passant au Nord-Ouest par le Plan des Trois Fontaines). L’itinéraire, en boucle ou pas, permet de passer entre les vaches à beaufort et pas loin des marmottes (enfin… si jamais on est un brin discret à l’inverse ce que j’ai pu voir et entendre…). Dans tous les cas, plus on monte, plus la vue sur le Lac du Mont-Cenis est dominante et vaut “l’effort” des 200 mètres de dénivelé.
Le Fort de Ronce a été bâti entre 1877 à 1880 en forme circulaire pour surveiller l’ensemble du Col du Mont-Cenis, frontière franco-italienne. Quasiment à l’abandon désormais, sa visite consiste en une déambulation lugubre à travers les salles d’ex-garnison délabrées au rez-de-chaussée. Là encore, on ressent la vie des soldats gardant la frontière à 2286 m mètres d’altitude en plein hiver… Des phases de restauration semblent être programmées pour valoriser le bâtiment. À l’étage, les galeries déjà rénovées au béton exposent des panneaux sur l’histoire du lieu.
Pour finir de découvrir le coin, on pousse jusqu’au barrage et même un peu au-delà sur la D1006. En contrebas, le replat de la Grande Croix et l’Hôtel-Refuge de Gran Scala, juste avant la frontière Savoie-Italie. Traversée ensuite pour rejoindre l’ancien Fort de Variselle. Si on ne peut pas en voir grand-chose, l’endroit est tout de même un autre joli point de vue sur l’ensemble du Col du Mont-Cenis.
Termignon
On redescend ensuite côté France pour rejoindre Termignon. Oui, il est certain que dans le sens de circulation de ces vacances en Savoie, la logique aurait été d’aller à Lanslebourg mais la découverte de Termignon traversé la veille semblait notamment plus enthousiasmante. Le cœur du village se situe à la confluence du doron éponyme et de l’Arc. Dans l’absolu, il n’y a rien de particulier à visiter ici mais disons plutôt que le cadre est très agréable : des maisons en pierres, en bois et/ou crépis coloré, une passerelle semi-recouverte au-dessus de l’Arc, la chapelle Notre-Dame de la Visitation à l’architecture originale au milieu des jardins… Si besoin, la Maison de la Vanoise donne des infos touristiques. Le camping Les Mélèzes m’a semblé être au top sous les arbres au bord de la rivière.
Pour ceux qui suivent les Chemins du Baroque, allez faire un tour dans l’Église Notre-Dame de l’Assomption, de l’autre côté du pont. L’intérieur est éblouissant de couleurs et dorures (typiques de l’esthétique). Elle abrite de nombreuses peintures et surtout cinq retables en bois sculpté, doré et polychrome réalisés par les sculpteurs locaux et deux retables (celui du chœur et celui de la chapelle latérale).
Bessans
Autre village réputé de Savoie, Bessans, surtout pour ses pistes de ski nordique. Du coup, on y trouve de nombreux gîtes et chambres d’hôtes. L’entrée dans le village commence par une série de chicanes. De part et d’autre, des maisons aux murs en pierres et un toit en lauzes (annonciateurs de Bonneval…). La ligne droite amène directement sur la place principale et son parking. Le plus simple et pratique a été de s’y garer pour pouvoir ensuite se balader dans les ruelles. Là encore, pas un gros coup de cœur mais l’ambiance est agréable et mérite d’y faire escale une demi-heure.
En revanche, je vous recommande de visiter l’église Saint-Pierre dominant Bessans sur son petit promontoire et surtout la chapelle Saint-Antoine (XVe siècle). En effet, si la première poursuit l’esthétique baroque savoisien, la deuxième est réputée pour sa quarantaine de fresques qui ornent ses murs extérieurs et intérieurs, relatant la vie du Christ, de la Nativité à la Pentecôte. Pour en savoir plus sur ses peintures murales, rendez vous sur ce site. Si vous cherchiez une raison de vous arrêter à Bessans, la voici.
Bonneval-sur-Arc
Si vous n’y êtes jamais allé, vraisemblablement en avez-vous entendu parler ou vu des “images cartes postales”. Référencé parmi les plus beaux villages de France avec ses fameuses maisons en pierres coiffées de toitures en lauzes, Bonneval-sur-Arc est une étape incontournable à visiter en Savoie. D’ailleurs, et malheureusement, le hasard a voulu que la moitié du village soit bloquée pour le tournage du 2e volet de Belle et Sébastien le jour où on est venus. Dommage…
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Toutefois, ce village de haute-montagne (1759 m) n’en est pas moins muséifié ou transformé en parc d’attraction. Combinant activités agricoles et touristiques, 300 habitants y résident en permanence et sont donc très attachés à l’authenticité de leur lieu de vie. De plus, l’ensemble de la commune, inscrite au répertoire du patrimoine national, est ainsi protégé. Pour visiter Bonneval-sur-Arc, le mieux est incontestablement d’errer en se perdant dans les ruelles (on ne prend pas beaucoup de risques, le village n’est vraiment pas très grand). D’ailleurs, chose assez insolite dans le hameau, les rues n’ont pas de nom. I want to take shelter from the poison rain….
On n’y est pas allés ce coup-ci mais si vous avez un peu de temps, je vous conseille de pousser encore un peu jusqu’au hameau de L’Écot (lieu de départ d’une splendide randonnée au cirque des Évettes. Des bergers piémontais se seraient installés ici avec leurs troupeaux dès le Ve siècle, survivant aux rudes conditions de ses 200 m d’altitude. Les quelques maisons étaient encore habitées toute l’année jusqu’en 1960 avant d’être abandonnées durant l’hiver. Il a été complètement restauré et protégé depuis 1971 avec sa chapelle Sainte-Marguerite. Diégétiquement, il s’agit du village de Belle et Sébastien lors des trois tournages.
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Le Col de l’Iseran
Cependant, le moment était venu de passer dans l’autre vallée de Savoie, la Tarentaise, par le col de l’Iseran. Culminant à 2764 mètres d’altitude (selon IGN, 2770 m selon le département), la fierté locale revendique être le plus haut col routier des Alpes (alors que la plus haute route des Alpes, sans être un col, est celle de la Cime de la Bonette, 2802 m, ou encore plus haute route goudronnée Ötztaler Gletscherstraße, 2 829 mètres, en Autriche atteint 2 829 m : ça chipote le trophée !). Dans tous les cas, ce col de La Route des Grandes Alpes (inauguré en 1937) est très prisé des cyclistes et un passage mythique du Tour du France avec ses 13 km et ses 1000 m de dénivelé depuis Bonneval. Au printemps (vérifier avant sur ce site s’il est ouvert car déneigé), la route est bordée de congères de plusieurs mètres de haut ! Au fil des lacets, la sensationnelle route-balcon domine la vallée et offre une vue sur le Sud des Alpes Grées avec la pointe d’Andagne, le glacier du Mulinet puis celui du Vallonnet.
Au “sommet”, le col de l’Iseran ressemble à une terre déserte où ça et là, se dressent cependant discrètement quelques pylônes de remontées de la station de ski de Val d’Isère. On trouve une imposante bâtisse en pierre abritant un hôtel, un bar-restaurant (tous deux fermés) et une échoppe vendant des produits touristiques savoyards. L’autre édifice tout en pierres est religieux, il s’agit de la chapelle Notre-Dame de Toute-Prudence, érigée en 1939. Puis, ça et là, des cyclistes, de toutes nationalités, aussi fiers que dégoulinants, posant à tour de rôle dans la borne, totem de la réussite. La photo fera office de preuve pour les gens du bas. Le col de l’Iseran est aussi le point de départ de randonnées partant au Signal (3237 m), à la Pointe des Lessières (3043 m) qui est juste au-dessus ou éventuellement aux Lac du Fond et Col des Fours (29760m) depuis le parking du Pont de la Neige, un peu en-dessous côté Maurienne.
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La route se poursuit ensuite en descendant le vallon de l’Iseran jusqu’au Pont Saint-Charles où passe un ruisseau alimenté par le glacier des sources de l’Isère. En face, l’imposante montagne de la Bailletaz avec La Tsanteleina comme point culminant (3602 m). Dans le creux, on rejoint le village-station de Val d’Isère dont l’architecture consiste essentiellement en un agglomérat de gros bâtiments à touristes. Contrairement à la Haute-Maurienne, les villages ont été sacrifiés à l’autel de l’or blanc et son tourisme skiistique de masse. On peut toutefois saluer l’intention esthétique d’intégration avec l’utilisation de bois et de pierres pour “faire local”. Pour être honnête, on n’a pas eu envie de faire autre chose que traverser. On a voulu voir Val d’Isère, on a vu Val d’Isère…
Juste après, on atteint le Lac de Chevril et le Barrage de Tignes. Pour ceux qui ont suivi la série Les Revenants, c’est le lieu d’où revivent les morts et qui est sensé être au bout du Lac d’Annecy… D’ici, deux alternatives s’offraient à nous : monter du côté de la Réserve de la Grande Sassière ou pousser encore un peu pour rejoindre Tignes. Le crépuscule pointant, c’est, par sécurité logistique, la dernière solution qu’on a choisie. Après avoir traversé le village, nous poserons la voiture au fond du val Claret pour y passer la nuit. Pour séjourner ou dormir la veille sur place, vous pouvez regarder les hébergements sur Tignes.
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3e jour : la Haute-Tarentaise
Tignes
Même si le double-village de Tignes (Le Lavachet et le Val Claret) n’a pas grand-chose en soi d’esthétiquement très emballant (je pense notamment aux longues barres et aux grands immeubles), il faut toute de même reconnaitre que c’est loin d’être la plus laide des stations de ski. Les habitations sont aussi globalement plus espacées entre elles et le lac en son centre et la verdure environnantes ajoutent un peu de cachet. Malgré cela, ça reste tout de même bel et bien un village-station de masse… C’est une histoire de goût après.
Les stations voulant développer leur marché en été, Tignes propose plusieurs activités de plein air, notamment sur le plan d’eau. Plusieurs randonnées partent du village bordant la Vanoise. Histoire de se dégourdir les jambes, on a pris le sentier montant au Col de Fresse. L’itinéraire de cette balade remonte le Vallon du Maquis sous les pylônes d’un télésiège. Pas le top mais bon… Arrivés sur le replat, le sommet de La Grande Motte (3653 m) et son glacier skiable commencent à poindre. En arrière-plan, la Grande Casse, plus haut sommet de Savoie (3855 m). Dans le dos, le Dôme de la Sache (3588 m).
Une dernière côte où l’on croise des vttistes et, une grosse heure après le départ, on atteint le Col de Fresse (2576 m). Là, désillusion totale !! Le paysage versant oriental a littéralement été ravagé par les pistes de skis et, en été, la multitude de chemins pour les descentes en vélo ! “Tout ça pour ça ? Putain mais qu’est-ce qu’on fout là bordel !?!” explose forcément dans ma tête à ce moment-là. Dégoûté ! Heureusement, en toile de fond, l’Aiguille de la Grande Sassière, plus haut sommet randonnable de France, qui fera naitre une perspective de randonnée, assouvie quelques années plus tard.
Le retour se fait avec la motivation de vite redescendre et quitter Tignes. Seules quelques marmottes et leurs marmottons joueurs égaient la marche et les souvenirs en cours de fabrication. De retour à la voiture, on reprend le bitume des routes de Savoie, redescendant obligatoirement par le lac de barrage. L’itinéraire love la vallée, enchainant virages et tunnels et passant par Sainte-Foy-Tarentaise puis Bourg-Saint-Maurice.
le Lac de Chevril et les Alpes Grées
Bourg-Saint-Maurice
Quand on pense à Bourg-Saint-Maurice, c’est comme pour Saint-Jean-de-Maurienne, ça n’inspire pas tout de suite l’entousiasme. On pense ville de fond de creux de vallée, encastrée entre deux montagnes, froide et sans lumière. Pour être honnête, c’est quand-même pas tout à fait faux ! Cela dit, j’ai été malgré tout positivement surpris, je m’attendais à pire. Petit ville de 7500 habitants, elle n’en est pas moins chargée d’histoire. En effet, le bourg se situait sur la route antique qui reliait Vienne (en Isère !) à Milan. Au fil des siècles, la ville s’est développée à la faveur de son activité laitière et de, plus récemment, la création des stations de ski alentours (Les Arcs, La Rosière, La Plagne, Sainte-Foy et même Tignes et Val d’Isère.).
Pour autant, même si la gare est à la mesure de l’activité touristique, la commune tarine n’a pas été dénaturée et a su garder son authenticité avec notamment plusieurs bâtiments historiques. On s’est baladés dans les rues du centre-ville où on retrouve les couleurs ocres italo-savoyardes sur les murs. Si vous passez dans la Grande Rue, en plus des portes sculptées et ferronneries, n’oubliez pas de lever la tête au n°92 pour admirer la “Maison des Têtes” (fin XIXe siècle). La façade est ornée de portraits de la famille qui y résidait (Delponti) et d’autres personnalités de France et d’Italie (Robespierre, Dante, Marianne, Cavour…). L’Église Saint-Maurice ne présente pas d’intérêt particulier. Un dernier café sur la Place Marcel Gaimard et la voiture nous ramène à la maison via Moûtiers et Albertville.
Ces 3 jours en Savoie n’auront assurément pas été suffisants pour découvrir l’ensemble des richesses patrimoniales, et encore moins naturelles, du territoire. Toutefois, ils en ont offert un bel aperçu et ont confirmé que j’ai préfère la Haute-Maurienne et ses villages typiques à la Haute-Tarentaise et ses stations de ski. Je ne parle même pas de la “basse” que je ne traverse que pour me rendre dans le Sud du Beaufortain ou en Vanoise. Par ailleurs, si vous connaissez un p’tit coin de paradis en Savoie que je n’aurais pas mentionné, vous pouvez le partager dans les commentaires plus bas.