Les Musées du Vatican ont été fondés par le pape Jules II au XVe siècle dans le palazzo Apostolico Vaticano. Aujourd’hui, ce complexe de 7 km de galeries abrite une impressionnante collection d’œuvres d’art, accumulées au fil des siècles par le pouvoir religieux (et politique). Parmi celles-ci, on compte de réels chefs-d’œuvre de l’Antiquité à la Renaissance, de tous les grands noms de l’histoire de l’art (même contemporain), avec, en point d’orgue, les fresques de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine et celles de Raphaël.
Après avoir passé les portiques de sécurité et échangé en 30 secondes le voucher contre le billet officiel (voir en fin d’article les infos pratiques : horaires, tenue vestimentaire, sac à dos…), on accède au cortile delle Corazze, point de départ de la visite des Musées du Vatican. La configuration architecturale du palais est assez labyrinthique et, malgré les quelques indications, on ne sait pas dans quelle direction aller (d’après ce que j’ai pu entendre et voir, on n’était pas les seuls, tout le monde était un peu perdu !). Heureusement que j’avais pris le Lonely Planet avec le plan détaillé ! Après avoir fait un tour sur la terrasse pour appréhender le lieu, on a, autant que faire se peut, stratégiquement commencé par la droite pour finir par la gauche. Néanmoins, je vous avoue avoir quand même raté quelques salles !
La pinacothèque vaticane
Si, comme moi, vous êtes amateur d’art (et même si vous ne l’êtes pas, ne vous focalisez pas que sur la chapelle Sixtine), « courez » voir la pinacothèque ! La collection du XIe au XIXe siècle est véritablement impressionnante et rivalise avec les plus grands musées du Monde avec plus de 450 œuvres. À travers les 18 salles organisées chronologiquement (environ 1h de visite), on peut admirer des peintures de Pietro Lorenzetti, Simone Martini, Giotto (le recto-verso Triptyque Stefaneschi, 1315-1320), Fra Angelico, Filippo Lippi (Couronnement Marsuppini, 1444), Lucas Cranach l’Ancien, Giovanni Bellini, Le Pérugin (Retable des Décemvirs, 1495-1496), Titien, Véronèse, Nicolas Poussin (Le Martyre de Saint Érasme, 1658-1629), Rubens… Depuis la cour du jardin extérieur, on peut lire certains noms en mosaïque sur le haut de la façade.
Triptyque Stefaneschi (1315-1320) GIOTTO
Vierge à l’Enfant et les quatre Saints (vers 1481) Carlo CRIVELLI
Pietà (1488-1489) Carlo CRIVELLI
Parmi mes coups de cœur, je vous cite les très expressives et détaillées Pietà (1488-1489) et Vierge à l’Enfant et les quatre Saints (vers 1481) de Carlo Crivelli (découvert à la pinacothèque de Brera de Milan), les éclatantes La Vierge de Foligno (1513-1514), le Retable Oddi (1502-1503) et Transfiguration (1518-1520) de Raphaël, au milieu des tapisseries réalisées à partir de ses cartons (photo de la salle, ci-dessous), l’ébauche inachevée de Saint-Jérôme (vers 1483) de Léonard de Vinci et la sur-dramatique et massive Déposition de Croix (1600-1604, détails) du Caravage. Un délice !
Saint-Jérôme (vers 1483) Léonard de VINCI
La Déposition de Croix (1600-1604) LE CARAVAGE
Les petits musées du Vatican
Loin de moi l’idée de hiérarchiser la valeur des choses avec condescendance, je parle juste de leur situation géographique (ils sont à l’étage en-dessous) et spatiale (ils sont beaucoup plus petits). La cité du Vatican compte ainsi d’autres galeries avec des thématiques particulières à savoir le Musée missionnaire ethnologique (aussi intéressant qu’exotique) qui présente les cultures du Monde (converti…) à travers des objets, le Musée grégorien profane avec des sculptures et des mosaïques de l’Antiquité grecque et romaine (et c’est là qu’on se dit que le Moyen-âge a vraiment été une catastrophique régression dans l’évolution technique et esthétique…), le Musée Pio Cristiano, consacré à l’époque paléochrétienne avec des sculptures (statue du Bon Pasteur) et des sarcophages sculptés en bas-relief, et le Musée philatélique et numismatique exposant les timbres et pièces de monnaie de la cité du Vatican (mouais, bof…).
Il y a également le Musée grégorien égyptien mais que, dans la profusion des Musées du Vatican, j’ai, à regret, complètement zappé ! Sans non plus être celui de Turin, il possède toutefois de nombreuses pièces de collection apparemment splendides, ramenées sous l’Empire Romain, dont une partie d’une statue du pharaon Ramsès II, une momie et des sarcophages d’environ 3000 ans.
Le garage des « papamobiles »
Bien caché sous terre ! Après l’avoir cherché plusieurs minutes, l’entrée se situe près de la cafétéria où on descend un petit escalier type parking municipal… On découvre ensuite une longue allée où sont exposés les différents véhicules papaux dans le temps, à commencer par de somptueux carrosses. Puis, les moteurs et la tôle font leur apparition et le trône est progressivement remplacé par une simple banquette. D’ailleurs, on s’aperçoit que, au fil des siècles, les voitures ont de moins en moins de… faste ! Une certaine forme de banalité… Faut-il y voir un signe… ? Toujours est-il que c’est intéressant de voir l’évolution et l’histoire de chacune, comme la Fiat Nuova Campagnola dans laquelle le Pape Jean-Paul II a été victime d’un attentat.
Le cortile della Pigna et le Musée Chiaramonti
On bascule alors de l’autre côté du palais pour arriver dans la « cour de la pomme de pin », du nom de la sculpture en bronze du 1er siècle au pied du monumental exèdre. Au centre, l’œuvre d’Arnaldo Pomodoro, Sfera con sfera (vers 1960), qui tournoie sur elle-même. Juste après, on pénètre dans la galerie Chiaramonti avec ses très nombreuses sculptures antiques. Plus loin, le Braccio Nuovo (la « nouvelle aile », dans un magnifique style néoclassique) loge dans ses niches d’autres statues antiques dont, la plus célèbre, celle d’Auguste ou encore Silène avec Dionysos enfant.
le Braccio Nuovo du Musée Chiaramonti © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Le Musée Pio-Clementino
Après avoir monté un escalier étroit, on accède au Musée Pio-Clementino avec un point de vue sur Rome par la fenêtre. Dans le cortile Ottagono, la foule s’amasse devant la célèbre sculpture du Laocoon et ses enfants (dont une copie est également exposée à la Galerie des Offices de Florence). En attendant que tout le monde ait pris son selfie devant le marbre, n’oubliez pas d’admirer également les délaissés Apollon du Belvédère et son superbe drapé suspendu, Persée triomphant d’Antonio Canova ou encore le Sarcophage du fleuve Tigre (ci-dessous).
Laocoon et ses enfants (vers 40 avant J.-C.)
On enchaine ensuite avec la sala degli animali avec certaines sculptures animales réellement stupéfiantes de réalisme, d’expressivité et de dynamisme, la sala delle muse avec sa coupole peinte et le torse du Belvédère (qui a inspiré Michel-Ange pour certaines figures du plafond de la chapelle Sixtine, notamment pour la position et la musculature), la sala rotonda où ses statues d’illustres personnes encerclent une gigantesque vasque de granite. Selon l’affluence (et il y en a !!!), le parcours muséal est modifié, adapté par les surveillants afin de réguler le flux. De la sorte, l’ordre peut varier et certaines salles être fermées (ce qui a été le cas de plusieurs salles pour moi).
Car oui, quel monde !! J’ai été choqué par les flux incessants de groupes de visiteurs, appareillés d’oreillettes, suivant comme des zombies leur guide à micro pointant en l’air leur canne à pompon/drapeau (qui n’hésite presque pas à vous pousser pour faire de la place, car oui, ils bossent eux, ne comprends-tu pas toi ?). Parfois, pour pouvoir prendre une photo à peu près sans personne dessus, il m’a fallu laisser défiler 6, 7, 8 groupes de 20 personnes, sans discontinuer, les uns à la suite des autres ! Consommation de masse, comportement de moutons… Toujours est-il qu’ils enchainent les salles sans s’arrêter, sauf si on leur dit, sans regarder les œuvres qu’on ne leur dit pas de regarder ! Mais que voient-ils réellement de leur visite des Musées du Vatican ? Où est la curiosité, la rencontre fortuite, la surprenante sérendipité… ? Ainsi, nous avons été déroutés vers les salles du musée grégorien étrusque avec ses vitrines de cratères et autres objets (subjectivement plutôt inintéressant, sinon la statue en bronze de Mars de Todi dont le regard rappelle ceux dans Le Testament d’Orphée de Jean Cocteau) avant de revenir par la galerie des Candélabres et ses multiples sculptures. Je vous confesse que, au bout d’un moment, on ne les regarde plus trop…
le musée grégorien étrusque
la galerie des Candélabres
La galerie des cartes
Puis, on entre dans la galleria delle carte geografiche dont la perspective est vertigineuse (120 mètres de long !), tout comme la décoration du plafond où on ne sait plus où porter le regard. Au fil des pas, on découvre les 40 cartes, peintes entre 1580 et 1583, représentant les différentes régions d’Italie. Il est très plaisant de s’arrêter devant celles qu’on a déjà parcourues afin d’y repérer les lieux déjà visités et se remémorer le voyage. Ainsi, ma curiosité m’a fait chercher la Toscane avec Florence, Sienne, Lucques, Pontedera… la Lombardie avec les lacs du Nord, Milan, Bergame, Mantoue… la Vénétie avec Vérone, Vicenza, Padoue, Venise, Trieste, les Dolomites… et le Piémont avec Turin. Je me suis également réjoui de pouvoir observer ma Savoie avec les vallées, les montagnes, les principales cités de l’époque. Il y a aussi Avignon, les Alpes-Maritimes avec Nice et Vence, la Corse.
Les appartements de Raphaël
Après avoir longé une coursive extérieure donnant sur le (parking du) cortile du Belvédère, on traverse d’abord la sala dell’Immacolata avant d’atteindre les quatre chambres des stanze di Raffaello. La première, sala di Costantino, est plus grande que les autres avec des fresques plus monumentales, peintes entre 1520 et 1524 par les élèves du maitre italien car ajoutées après sa mort prématurée en 1520. On entre alors en plein dans le faste des Musées du Vatican, leur riche ornementation.
la salle de l’Immaculée Conception
la salle de Constantin
On pénètre ensuite dans les trois salles dont les fresques ont été réalisées par la main de Raphaël entre 1508 et 1517. Selon le mur sur lequel elles ont été peintes, leurs dimensions sont de 6 à 7,7 mètres de large sur 4,4 à 5 mètres de haut. La première est la stanza di Eliodoro dont les représentations d’Héliodore chassé du temple, La Messe de Bolsena, La Rencontre entre Léon Ier le Grand et Attila et La Délivrance de Saint Pierre évoquent la protection de Dieu (face à l’armée française). Dans chaque pièce, un panneau présente une analyse (en français) assez complète et intéressante des quatre peintures murales de la salle. On remarquera également les fausses colonnes en grisaille, semblant porter la fresque, en forme de statues.
Héliodore chassé du temple
Puis, la stanza della Segnatura, première des pièces à être décorée par l’artiste, dans laquelle on retrouve la fresque la plus connue : L’École d’Athènes, un des chefs-d’œuvre de l’histoire de l’Art et iconique de la pensée humaniste de la Renaissance avec la figuration des grands philosophes et scientifiques de l’Antiquité redécouverte (une époque où les deux se conjuguaient au lieu de, comme de nos jours, les opposer..). Depuis mes livres, je ne l’imaginais pas du tout dans cette configuration spatiale (voir en visite virtuelle à 360°) mais, malgré la foule, je ne boude pas mon plaisir. Sur les autres murs de la chambre, Les Vertus cardinales et théologales, La Dispute du Saint-Sacrement et Le Parnasse (avec Apollon entouré de muses et de poètes, dont Dante, Homère, Virgile, Horace, Ovide et Ange Politien en possible autoportrait de Raphaël). De par les thèmes illustrés, la salle était destinée à être la bibliothèque du pape Jules II. D’ailleurs, sur la voûte richement ornée, on peut observer quatre allégories féminines symbolisant la poésie, la philosophie, la justice et la théologie, respectivement placée au-dessus de la fresque associée.
L’École d’Athènes (1508-1512) RAPHAËL
Enfin, originellement salle à manger de Léon X, la stanza dell’incendio del Borgo, du nom de la fresque relatant L’incendie de Borgo, est également décorée avec les scènes d’histoire représentant Le couronnement de Charlemagne, qui s’est déroulé dans l’ancienne basilique Saint-Pierre au Vatican, ainsi que Le Serment de Léon III et La bataille d’Ostie.
La collection d’Art religieux moderne
La visite des Musées du Vatican se poursuit avec les appartements Borgia, un ensemble de 6 salles (des Sibylles, du Credo, des Arts libéraux, de la Vie des Saints, des Mystères, des Pontifes) destinées au pape Alexandre VI et décorées par Pinturicchio avec des fresques particulièrement colorées. Aujourd’hui, elle héberge principalement des œuvres d’art moderne et contemporain. Car oui, à ma surprise, je l’avoue (même si, en un sens, ce n’est pas nécessairement étonnant), les Musées du Vatican ne se contentent pas d’exposer des œuvres de l’Antiquité greco-romaine et de la Renaissance.
Pietà (1889) Vincent VAN GOGH
La Déposition (avant 1936) Vincenzo IROLLI
Et la collezione Arte Religiosa Moderne des Musées de Vatican dispose de près de 800 œuvres de 250 artistes du XIXe siècle à nos jours, et pas des moindres : Auguste Rodin, Paul Gauguin, Maurice Denis, Odilon Redon, Wassily Kandinsky, Umberto Boccioni, Marc Chagall, Paul Klee, Otto Dix, Giorgio de Chirico, Giorgio Morandi, Georges Rouault, Oskar Kokoschka, Bernard Buffet, Giacomo Balla, Salvador Dalí, Pablo Picasso, Carlo Carrà, Hans Hartung, James Ensor, Fernand Léger, Alberto Giacometti… Mais finalement, là encore, les groupes défilent sans même jeter un œil… quel dommage ! Parmi mes coups de cœur, la Pietà (1889) de Van Gogh, d’après Delacroix, Le pape Martin V (1950) de Lucio Fontana, émergeant en saillie d’une plaque en bronze destinée au portail de la cathédrale de Milan, La Deposizione (avant 1936) de Vincenzo Irolli, Nature morte italienne (1957) de Giorgio Morandi, une Étude pour un Pape II (1961) de Francis Bacon et, cerise sur le gâteau, une salle entière consacrée aux motifs ornementaux d’Henri Matisse pour la chapelle du Rosaire de Vence.
La chapelle Sixtine
Puis, après un long escalier (le cœur se lève à la vue du panneau indicatif)… on entre dans la cappella Sistina, LA salle tant attendue de la visite des Musées du Vatican. Celle-ci fut bâtie entre 1477 et 1483 à la demande du pape Sixte IV, d’où son nom (à ma surprise sur place par rapport aux images que j’en avais, elle fait intégralement partie de l’architecture du palais). C’est entre ses murs que se réunissent les cardinaux pour élire le nouveau Pape. En entrant, on découvre alors, enfin, LE chef d’œuvre pictural de la cité du Vatican. Le regard est alors immédiatement tiré vers le plafond, peint par Michel-Ange entre 1508 et 1512. La construction de la basilique Saint-Pierre, à partir de 1506, ayant causé de nombreux dégâts dans la chapelle, le pape commande la rénovation du plafond bleu étoilé au grand maitre de la Renaissance. Ayant un caractère odieux, il renvoya tous ses assistants au bout d’un an et réalisa quasiment seul durant les 4 années ce laborieux chantier sur des échafaudages à près de 20 mètres de haut.
© wikipedia
Michel-Ange représente la Genèse en 9 scènes, peintes sur la voûte de la chapelle Sixtine en 3 x 3 épisodes : la Création du Monde (La Séparation de la lumière et des ténèbres, La Création des astres et des plantes, deux scènes en une même image, La Séparation des terres et des eaux), la Création de l’Humanité (La Création d’Adam, la plus iconique avec la géniale invention de représenter juste avant, dont il se dégage l’extrême intensité d’un moment suspendu, La Création d’Ève, la pluri-scénique Le Péché originel et l’expulsion du Jardin d’Eden) et l’Histoire de Noé (Le Sacrifice de Noé, Le Déluge, L’Ivresse de Noé). Pour donner une unité à l’ensemble, il a imaginé une architecture fictive en trompe-l’oeil sur laquelle se tiennent 7 prophètes (dont Jonas nous indiquant le début du sens de lecture), 5 sibylles et des ignudi dans des positions complexes. Cette oeuvre monumentale (800 m2 !) s’est immédiatement imposée dans le monde de l’art et est devenue une référence dès la Renaissance.
le plafond de la chapelle Sixtine par Michel-Ange © e-Venise
Restaurée entre 1984 et 1999, les photos sont strictement interdites pour ne pas abîmer les fresques avec le flash et les surveillants, en plus de devoir gérer la masse et le flux, doivent régulièrement constamment rappeler les règles au micro pour demander le silence (il s’agit tout de même d’un lieu de culte) et ne pas prendre de photo ou de vidéo. Merci donc de respecter le lieu et l’œuvre. Si vous souhaitez des images (en très haute qualité et donc meilleures que celles que vous pourriez faire), vous pouvez regarder sur commons.wikimedia ou via la fidèle visite virtuelle à 360°. Je vous avoue ma viscérale émotion, à en verser des larmes, devant cette merveille de l’humanité, étudiée, re-étudiée (je ne vous ferai pas un cours ici tellement il y a à dire) et avoir le bonheur de la voir en vrai. Je suis resté plusieurs dizaines de minutes à profiter, admirer, savourer… La beauté des corps, la position de chacun, semblant animé, la douceur des ombres et des couleurs, légèrement acidulées, la composition dans l’espace architectural suggéré… C’est absolument fascinant ! Et dire que Michel-Ange, alors principalement sculpteur, avait hésité de peur de ne pas réussir…
24 ans plus tard (il est alors âgé de 61 ans), le pape Clément VII lui commande une nouvelle fresque sur le mur occidental, sur lequel il représente Le Jugement dernier entre 1536 et 1541. Le dessein papal étant de mettre en garde les catholiques face à la diffusion de la Réforme en Europe. En lévitation sur un fond bleu en onéreux lapis-lazuli, entouré de la Vierge et d’Apôtres, on y voit le Christ, bras levé, regard solennel, jugeant les hommes. Cette figure, dont on peut voir des repentirs de la part de l’artiste, a soulevé des critiques du fait de l’absence de barbe, le rendant ainsi plus commun. Par ailleurs, la représentation des 391 personnages est marquée par une musculature exacerbée (au-delà de son penchant pour l’anatomie masculine, il semble clairement s’inspirer des sculptures antiques exposées dans les mêmes Musées du Vatican) et surtout une nudité quasi générale ! Ainsi, face au scandale, l’église décida lors du concile de Trente en 1564 de faire recouvrir les corps et missionna Daniele da Volterra, qui sera alors surnommé « il Braghetonne », de reculotter 41 personnages. La composition dynamique et l’expressivité dramatique des personnages (détails) influencera grandement le Maniérisme à venir. À noter également, la figure de Saint Barthélemy en écorché qui est dit être un autoportrait de Michel-Ange, alors de 70 ans et en période de doute religieux (déjà suggéré dans l’attitude interrogative de Jérémie sur le plafond). Pour en savoir plus sur l’œuvre intégral de Michel-Ange (et sa vie), je vous recommande le livre des éditions Taschen ou encore les bandes dessinées d’Hector Obalk, historien de l’art.
Le Jugement dernier (1536-1541) © wikipedia
Si les fresques de Michel-Ange focalisent l’attention, il ne faudrait pas oublier les autres peintures sur les parois de la chapelle Sixtine, réalisées en 1481-1482 par des grands artistes de la Renaissance que sont Sandro Botticelli (La Tentation du Christ, Épisodes de la vie de Moïse, La Punition des rebelles), Le Pérugin (La Remise des clefs à Saint Pierre, Le Voyage de Moïse en Égypte, Le Baptême du Christ), Domenico Ghirlandaio (La Vocation des premiers apôtres Pierre et André), Cosimo Rosselli (La Cène, La Remise des Tables de la Loi, Le Sermon sur la montagne, Le Passage de la mer Rouge), Luca Signorelli (Le testament et mort de Moïse). À l’instar des fresques de Giotto dans la chapelle Scrovegni de Padoue, l’ensemble se compose de plusieurs épisodes narratifs répartis en séquences : le mur nord raconte la vie du Christ et celui au Sud la vie de Moïse.
La Remise des clefs à Saint Pierre (1481-1482) LE PÉRUGIN
Épisodes de la vie de Moïse (1481-1482) Sandro BOTTICELLI
Les Musées de la Bibliothèque apostolique
Enfin, le parcours se termine par un long couloir, richement décoré, dans une des galeries de la Bibliothèque apostolique du Vatican. Des objets exposés dans des vitrines et on arrive sur les habituelles boutiques souvenirs. Un regard sur la montre : on n’a pas vu le temps passer, on est déjà en fin d’après-midi. En fin de compte, on a passé toute la journée aux Musées du Vatican (heureusement qu’on avait déjà pris nos billets coupe-file avant pour ne pas prendre du retard dès le début !). On n’aura pas le temps de visiter la basilique Saint-Pierre, on reporte au lendemain matin.
L’escalier de Bramante
La visite des Musées du Vatican se termine par une saisissante expérience esthétique et sensorielle avec l’escalier de Bramante (en fait, il a été réalisé en 1932 par Giuseppe Momo mais est nommé ainsi par analogie avec un autre escalier du grand architecte renaissant). Depuis le haut, en regardant les autres visiteurs, l’escalier en colimaçon double hélicoïdal, spiralaire et conique, semble tournoyer sur lui-même, tel une vis s’enfonçant infiniment dans le sol, dantesquement vers les enfers…Depuis le bas, la vue en contre-plongée vaut également le coup d’œil !
L’escalier de Bramante © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Infos pratiques
Horaires :
9h-18h du lundi au samedi / 9h-14h le dernier dimanche du mois (gratuit)
Pour ceux qui se demandent « combien de temps faut-il pour visiter les Musées du Vatican ? », sachez que, au final, j’y ai passé toute la journée, de l’ouverture à la fermeture ! Et encore, je n’ai pas tout, tout vu, mais j’ai pris mon temps pour admirer, photographier…
Tarifs :
17€ sur place, sans réservation, mais… Rome est une ville très touristique et, en fin de compte, les visites se concentrent principalement sur les incontournables que sont la basilique Saint-Pierre et les Musées du Vatican (3e musée le plus visité au monde !) et le complexe du Colisée, du Forum romain et du Palatin. Ainsi, il faudra acheter à chaque fois un billet d’entrée et donc… faire la queue au milieu de tous les autres touristes qui ont eu la même idée que vous, et le même jour en plus ! Je vous recommande donc plus que vivement de réserver vos billets coupe-file à l’avance pour la visite des Musées du Vatican (évitez les propositions des rabatteurs sur les trottoirs, ils en profitent pour vendre plus cher). Grâce à cela, j’ai pu rentrer directement, sans attendre la moindre minute, longeant la file de plusieurs centaines de mètres (et combien d’heures ?) de visiteurs attendant sur le trottoir l’ouverture de la billetterie sur place. Et tout ça seulement en avril, alors imaginez en plein juillet-août… !! Vous pouvez également réserver une visite guidée du Vatican.
la file d’attente dans la rue… puis la billetterie des musées du Vatican
Où dormir à Rome ?
En quête d’un hôtel à Rome 1 mois avant le départ (avril), le choix avait déjà été quelque peu restreint par rapport au budget alloué. La préférence est alors allée à l’Hôtel Major Aventinus, une belle bâtisse privée située au Sud du Circus Maximus, au cœur d’un quartier résidentiel et très calme ! La longue allée met déjà dans l’ambiance avec les effluves de jasmins de part et d’autre. L’accueil (24/24h) a été très chaleureux. La chambre, avec salle de bain privative, était très bien. Néanmoins, réflexion faite après 5 jours à Rome, avoir été un peu plus près du centre historique aurait quand même été pas plus mal, notamment le soir pour rentrer après une grosse journée à battre le pavé. Donc, si vous pouvez, privilégiez un hébergement plus proche, notamment de la cité du Vatican, en vous y prenant au moins 2-3 mois à l’avance… ➜ tarifs et réservation
Pour un séjour en famille avec plus de confort, vous pouvez également regarder les locations de vacances (maisons, appartements, gîtes, etc.).