Fort de son expérience et de son exigence d’excellence dans la conception de tentes d’alpinisme mono-paroi, Samaya, marque haut-savoyarde, étend son expertise sur l’ensemble des domaines montagnards, avec toujours le même dessein : ultra-légèreté et ultra-technicité. Elle a ainsi développé la Instant 2 dans sa gamme Ultra, une tente 3 saisons à moins d’1 kg ! Au-delà de la remarquable promesse technique, qu’en est-il à l’usage sur le terrain ? Réponse après expérimentations.

Description technique

Conception de la Tente SAMAYA INSTANT 2

Une tente minimaliste ultra-légère

On ne va pas tergiverser, parlons d’emblée de la toute première raison objective qui m’a fait tomber sous le charme de la tente Instant 2 Samaya : son poids ! Une fois montée, elle pèse 995 g ! En montagne, à force de pratiquer (et de vieillir…), on optimise en prenant en compte le moindre gramme (certes, le matériel ultra-léger a un coût, mais je répondrais que les séances d’osthéo aussi !). Si à cela je rajoute mon inséparable matériel photo, vous comprendrez que je sois regardant… Bref, une tente de randonnée à moins d’un kilo, c’est un vrai argument (de poids…) quand on prend en considération que la plupart des autres (de marques très célèbres) se situent entre 1,5 et 2,5 kg, et même la déjà ultra-légère Samaya Inspire 2. On parlera plus bas aussi de la conséquence pratique pour le montage (notamment seul) et l’époussetage avant rangement.

Alors comment Samaya a-t-elle réussi à gagner autant de poids sur une tente de randonnée 3 saisons ? La réponse se trouve évidemment dans la conception de l’Instant 2, c’est-à-dire dans le choix des matériaux (deux membranes techniques, deux arceaux en carbone, sardines en aluminium…) et de la structure minimaliste (une tente mono-paroi avec deux auvents pour absides), c’est-à-dire juste l’essentiel ! L’idée était pourtant si simple.

Des matériaux ultra-techniques

Venons-en donc aux matériaux de la tente Instant 2. Samaya, comme pour tous ses produits (il s’agit de sa marque de fabrique depuis sa création en 2018), utilise le Dyneema^® Composite Fabric (collaboration). Cette fibre, composée de filaments empilés et laminés, offre des caractéristiques d’ultra-résistance (5x plus que le polyester habituel à poids équivalent) et d’imperméabilité tout en étant ultra-légère. Par ailleurs, soucieuse de son impact environnemental, il s’agit de la version biosourcée (l’éthylène utilisé pour produire le polyéthylène est extrait de pulpe de bois) réduisant son empreinte carbone de 90%. Le matériau qualitatif est ainsi utilisé porr les parties les plus exposées (grises) : pour les vestibules, en tension et manipulés, avec une densité de 18 g/m² et pour le sol, soumis à l’abrasion, avec 34 g/m².

À savoir que, si le Dyneema^® Composite Fabric est ultra-résistant aux froissements, frottements, déchirures, lacérations… il pourra toutefois être percé par un élément pointu (caillou, branche, herbe sèche…) mais, contrairement à d’autres tissus, sans qu’il ne se déchire davantage en ligne (un kit de réparation est fourni avec la tente et Samaya dispose d’un atelier SAV). Taillé sur mesure pour chaque modèle, un tapis de sol en Nylon 30D, appelé « footprint », peut être adjoint pour éviter toute perforation. Je vous le recommande vivement car, ultra-léger (152 g) et ultra-compact (je le fourre dans la housse des arceaux, avec les sardines), il isolera encore un peu plus de l’humidité au sol et vous évitera d’avoir à nettoyer le dessous de la tente (j’ai ainsi toujours l’habitude de placer une couverture de survie pour toutes mes tentes mais là, c’est plus efficace et durable).

détail de la fibre Dyneema^® Composite Fabric et le « footprint »

En plus du Dyneema^®, la tente Instant 2 est également fabriquée avec la membrane Nanovent^® (parties blanches), développée spécifiquement par Samaya. Spécialisée dans les mono-parois, la marque haut-savoyarde a élaboré une toile permettant d’allier mécaniquement imperméabilité à l’eau, respirabilité et perméabilité à l’air. L’entrelacement nanométrique de filaments en polyuréthane crée des pores trop petits pour laisser passer de l’eau, mais assez larges pour laisser passer de l’air. Cette membrane électrofilée associe une couche interne en nylon hydrophile permettant de répartir l’eau condensée pour qu’elle sèche plus rapidement et une couche externe en nylon hydrophobe favorisant la déperlance de l’eau à sa surface.

Ainsi, la tente Samaya Instant 2 présente une imperméabilité de 10 000 mm à la pluie (largement suffisant quand on sait qu’une très forte pluie correspond à 2000-3000 mm) et de 20 000 mm au niveau du sol, là où le poids des corps fait pression sur une eau pouvant stagner. À savoir que les zips extérieurs Aquaguard^®, sur les absides, sont imperméables. La respirabilité de 40 000 g/m²/24h est très efficace, d’autant que les vestibules laissent suffisamment, mais pas trop non plus, circuler l’air par le dessous. Ainsi, l’humidité est très efficacement ventilée. Alors qu’avec ma Ghost 2 Mountain Hardwear, je me retrouvais quasi systématiquement avec le pied du duvet trempé au contact de la toile. Avec la tente Samaya Instant 2, rien, même lors de ma nuit ultra-humide au bord du lac de Pormenaz, au milieu des ruisseaux marécageux alentours.

✅ Astuce : Au fil des saisons, en plus de se salir, la toile de tente perd en imperméabilité. Pour entretenir le tissu, on peut le nettoyer avec les produits spécifiques Nikwax (recommandés par de nombreuses marques). Cela permet de l’imperméabiliser et de le protéger des rayons UV. Le matériel outdoor étant, il faut l’avouer, onéreux, il peut être plus que bien vu d’en prolonger la durée de vie !

Une tente hyper pratique !

Compacte, simple et rapide à monter/ranger

Au départ, la tente Instant 2 est rangée dans sa housse roll-top (aussi en Dyneema^® Composite Fabric), avec deux autres housses pour les deux arceaux et les sardines (au final, je rangerai la dernière dans la seconde, pour être “sûr” de ne pas la perdre). En terme de volume emballé (20 cm de hauteur sur 16 cm de diamètre), même si l’ensemble n’est pas parmi les musts de la compacité, on est quand même largement mieux que la moyenne. Ainsi, si l’on range la housse des arceaux-sardines (43 cm de long) à l’extérieur du sac à dos, la poche de la toile; à proprement parler, s’intègre très bien au fond de mon Osprey Atmos AG LT 50 avec en plus mon sac de couchage calé à côté.

la tente Samaya Instant 2 emballée, comparée à un mug © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Dans l’ordre des choses, il faut ensuite installer l’ensemble. Même pour ma première, c’était très intuitif car, là encore, pas de chichi, les concepteurs Samaya ont élaboré quelque chose de simple pour le montage : une toile d’un seul tenant (chambre + auvents) dans laquelle on vient glisser les deux arceaux Easton^® Carbon Ion Pole, jusqu’à la butée finale du conduit (ils ne ressortent pas devant) tandis que l’arrière s’emboîtent dans l’anneau d’une sangle réglable. Il faudra juste mémoriser le sens de pénétration pour placer correctement le coude au 2/3 par rapport à la forme de la toile. Ensuite, on plante les sardines en Y profilées avec encoches.

Puis, on ajuste l’ensemble des sangles pour créer la tension nécessaire à la stabilité, notamment au vent. En cas de prévisions fortes, classique, des haubans en Dyneema^® permettent d’augmenter la résistance, en coinçant très simplement la cordelette dans une encoche en plastique. Le cahier des charges de Samaya est de réaliser des tentes 3 saisons pouvant résister a minima à 70 km/h (éprouvées avec leur propre souffleuse sur leur site ainsi qu’en haute-montagne dans le massif du Mont-Blanc et dans le Monde). Y a de quoi faire donc ! Sinon, c’est que vous n’aviez rien à faire là ! Par ailleurs, petit détail que j’ai trouvé tout à fait génial, des parties réfléchissantes y sont intégrées sur la cordelette et s’illuminent avec la frontale pour éviter (certains verront très bien ce que je vais dire) de se prendre les pieds dedans à la nuit tombée ! En tout et pour tout, on met 5 à 10 minutes à monter la tente une fois qu’on a bien pris le coup de main (voir le tutoriel vidéo de Samaya).

bivouac dans le massif des aiguilles Rouges © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Pour le démontage de la tente, c’est tout aussi simple. Dans un premier temps, pour enlever tous les brins d’herbe, poussières de terre, etc. entrés au fil des allées et venues, on apprécie l’ultra-légèreté de la Samaya Instant 2 que l’on soulève ultra-facilement d’une seule main pour ensuite la secouer. Puis, après avoir retiré les arceaux et les avoir repliés dans leur poche, il suffit d’enfourner la toile dans sa housse roll-top, comme on le fait pour un sac de couchage (sans se soucier de comment, sinon finir par une partie laissant sortir l’air pour ne pas en emprisonner). Ultra-simple donc, un jeu d’enfant, pas besoin de plier symétriquement, enrouler parallèlement… Ensuite, on comprime, on écrase (le Dyneema^® Composite Fabric et la Nanovent^® sont très souples et très résistants !), jusqu’à avoir réduit le volume à son strict minimum.

L’espace intérieur

En plus de son ultra-légèreté, l’autre point très important qui a fini de me séduire sur le papier, ce sont les deux grandes absides latérales avec ouverture de chaque côté. Jusqu’alors, avec ma Ghost 2 Mountain Hardwear, je n’en avais qu’une seule, relativement petite, et il fallait déranger, dormant, l’autre pour sortir par l’avant. À force, notamment sur plusieurs jours en trek, ça devient pénible et ça a fini par me décider à changer de tente. Là, avec la Samaya Instant 2, chacun sa chacune, personne n’a à enjamber l’autre (sauf si consenti…), l’un et l’autre jouissent d’un espace personnel suffisant pour loger leur gros sac à dos de randonnée sous le auvent et entrer/sortir. Les fermetures éclair YKK^® (référence mondiale dans le domaine) sont robustes et coulissent très bien. Les deux absides s’ouvrent en grand, et même en très grand (maintenues par une cordelette mais les nouveaux modèles ont un système de languettes à aimants), laissant la vue pleine pour des réveils de rêve !!

fenêtre sur le massif du Mont-Blanc © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Après l’abside, la chambre. L’intérieur de la tente Samaya Instant 2 est vraiment spacieux ! L’espace au sol forme un trapèze de 1,2 m de large au niveau de la tête et 1 mètre au niveau des pieds sur une longueur de 2,2 m. Nous pouvons donc largement juxtaposer nos deux matelas (mon Therm-a-Rest NeoAir Xtherm NXT et le Seat to Summit Comfort Light Insulated) avec un peu de place sur les cotés et surtout quelques dizaines de centimètres au pied ou, selon, à la tête pour disposer des affaires dans la tente. De plus, on a 1,1 m de hauteur sous plafond, ce qui est très confortable pour entrer/sortir, pour s’habiller et même y passer de (très…) nombreuses heures en cas de pluie persistante en jouant au UNO… Bref, son très agréable volume intérieur de 1,6 m³ est un vrai plus !

Même si la tente Instant 2 est minimaliste dans sa conception, Samaya ne l’a pas pour autant démunie de quelques agréments essentiels. Vraie-fausse mono-paroi, sa chambre est dotée de deux filets-moustiquaires latéraux, eux aussi très facilement attachables avec un petit cordon, que l’on pourra ouvrir ou non selon la présence d’insectes. Une large poche en mesh à l’avant court sur toute la largeur (1 m) tandis qu’un grand filet amovible avec clips est suspendu au plafond pour y placer les affaires qu’on veut garder à portée de main durant la nuit (lampe frontale, bonnet, téléphone…).

MON VERDICT

La tente Samaya Instant 2 est un vrai coup de cœur matos ! Ultra-légère, compacte, résistante, spacieuse et bien équipée en terme d’accessoires rendant pratique le bivouac, elle est une vraie réussite ! Certes, elle a un coût certain mais avoir une tente de randonnée à moins de 1 kg avec un tel niveau d’excellence vaut l’investissement sur la durée.

➜ Samaya en vente sur leur site ou EKOSPORT ou HARDLOOP ou ALPINISTE

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