Avec un circuit total de 3,7 km, la via ferrata du Diable d’Aussois est la plus grande de France. Elle est composée de 7 tronçons distincts, de niveaux différents allant de facile à très difficile. Le parcours a la particularité de longer et de surpasser la tumultueuse rivière de l’Arc avant de pénétrer dans le fort Victor-Emmanuel. Une via ferrata incontournable à faire en Haute-Maurienne.

➜ Se rendre à Aussois

Compter 1h15 de route depuis Chambéry et 1h Albertville. Rentrer dans la vallée de la Maurienne avec l’autoroute A43 en direction de Saint-Jean-de-Maurienne et Turin jusqu’à Modane. Pour séjourner ou dormir la veille sur place, vous pouvez regarder les hébergements vers Aussois.

Les 7 parties de la via ferrata du Diable

La via ferrata d’Aussois est constituée de sept segments indépendants, disposés plus ou moins à la suite les uns des autres. Avec les marches d’approche et de retour, on a ainsi la possibilité de tout faire en boucle. Libre à chacun donc, en fonction de son niveau et de son temps, d’enchainer toutes les vias ferratas. Enfin… toutes ? Pas tout à fait en fin de compte car deux d’entre elles sont un peu hors-cicruit : Les Angelots, via ferrata facile pour les enfants (à partir de 6-8 ans) et Les Diablotins, via ferrata pour débutants (niveau Peu Difficile). Par ailleurs, Le Chemin de la Vierge (AD+) est une sorte d’appendice partant un peu tout seul à l’écart pour devoir après revenir à pied au niveau de sous la redoute Marie-Thérèse. Peu pratique donc et je crois qu’elle a de toute façon été fermée jusqu’à nouvel ordre (à confirmer). Ainsi, nous avons collectivement décidé d’optimiser le rapport plaisir/durée en faisant le circuit en boucle des 4 plus belles vias ferratas d’Aussois. Par ailleurs, si vous souhaitez faire l’activité mais que vous n’êtes pas autonome, vous pouvez faire appel à un guide pour vous encadrer ou venir lors du Grand Parcours organisé par la FFCAM Savoie (début juillet).

la carte du parcours de la via ferrata du Diable

Mon parcours de la via ferrata d’Aussois

1. La Descente aux Enfers & La Montée au Purgatoire

Le départ de la via ferrata de La Descente aux Enfers se situe en contrebas du fort Victor-Emmanuel. Ainsi, on peut le rejoindre en partant d’une de ses meurtrières pour descendre un sentier, le même qu’on prendra pour le dernier tronçon des Rois Mages. Plus pratique pour faire la boucle, se garer à Arvieux (expliqué plus haut) et se rendre à pied au départ (1,5 km). La marche d’approche suit une piste forestière au milieu des champs et, 200 mètres après le cimetière, prendre à droite en direction du grand pylône électrique rouge et blanc, et suivre le sentier conduisant au pied de la falaise du fort Victor-Emmanuel et ses éboulis puis dans la forêt (c’est bien tracé, il n’y a pas de raison de se perdre). On rejoint alors l’itinéraire officiel, balisé, descendant jusqu’au départ de la via ferrata.

Si ce n’est pas déjà fait, on s’équipe, on vérifie, et… c’est parti ! Le départ met directement dans le bain (sens figuré, l’idée n’est pas de tomber dans la rivière !) avec un aplomb sur les gorges de l’Arc, la passerelle et la cascade. La descente assez raide nécessite d’emblée une vigilance accrue aux petites pierres roulantes n’amassant pas mousse et la désescalade est même parfois privilégiée. Après une traversée en balcon, une sensationnelle verticale de 15 mètres à pic, aménagée de barreaux, descend avec vue plongeante sur les gorges et la passerelle des Enfers. Le franchissement au-dessus de son eau bleu glacé est alors un délice.

La partie suivante, nommée La Montée au Purgatoire, consiste en une traversée sans grande difficulté mais permettant tout de même de s’échauffer. Après un interstice de sentier boisé, se révèle la cascade du Nant dont on entendait déjà résonner le tumulte. On reprend avec une horizontale plus déversante qui sollicite davantage les bras (on se demande comment les arbres font pour pousser et tenir ici !).

traversée au-dessus des gorges de l’Arc, jusqu’à la cascade © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Au plus près de la chute d’eau, on remonte la paroi par une série de barreaux verticale. Le corps en effort éprouvant ses premières chaleurs trouvera réconfort dans la jouissive fraicheur de la brise et des éclaboussures. Ce passage est véritablement l’un des points forts de ce parcours de la via ferrata du Diable d’Aussois ! À la sortie au niveau du ressaut, l’itinéraire, après un petit dévers, s’horizontalise et devient plus reposant. On passe sous la passerelle du Chemin de la Vierge avant de rejoindre un sentier menant à la redoute Marie-Thérèse. Ici, les enfants et les grands font leurs premières gammes à l’accrobranche du Parc du Diable.

La Montée au Purgatoire le long de la cascade du Nant © Phil Larive 📷

2. La Traversée des Anges

À moins d’avoir choisi de faire Le Chemin de la Vierge, le parcours de la via ferrata d’Aussois se poursuit avec le tronçon de La Traversée des Anges. Le départ se situe derrière une structure/panneaux en bois. Après une courte sente sur une vire, la vue expose les remarquables gorges de l’Arc avec la passerelle du Diable qui les enjambe et l’imposante falaise couronnée par le fort Victor-Emmanuel avec, en arrière-plan, la majestueuse dent Parrachée pointant à 3695 mètres d’altitude.

le fort Victor-Emmanuel et la falaise de « La Montée au Ciel » © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

On commence par une petite désescalade avec quelques courtes verticales équipées de barres et de barreaux. Puis, l’itinéraire fait une looongue traversée sur la paroi effondrée. Quelques légers dévers solliciteront un peu les bras mais on peut aisément profiter du paysage au-dessus du vide. C’est également le moment de profiter de la fraicheur avec cette dernière partie à l’ombre avant de basculer sur le versant au soleil.

la traversée de deux anges (partis trop tôt…)

Pour ceux qui commenceraient la via ferrata d’Aussois par ce tronçon et qui s’apercevraient que c’est trop vertigineux ou trop éprouvant pour eux (ou pour ceux qui fatigueraient), une échappatoire se présente assez rapidement pour éviter que la partie de plaisir ne se transforme en véritable calvaire. Ensuite, le niveau technique va devenir « Difficile », se raidissant petit à petit. Sur la fin, une montée verticale sur le rocher avec deux surplombs un peu physiques fait sortir par le haut de la falaise peu avant le pont du Diable.

3. La Montée au Ciel

La via ferrata d’Aussois se situe de l’autre côté de l’Arc et il faut alors traverser à pied le pont du Diable, long d’une centaine de mètres. La vue est ici imprenable sur les méandres du torrent agité, enclavé dans le vertigineux défilé rocheux. On peut également lever la tête et observer les autres grimpeurs, fourmis arpentant le relief, et les accrobranchistes suspendus déferlant (et criant !) sur une des deux tyroliennes au-dessus du canyon.

les gorges de l’Arc © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Le départ du tronçon de La Montée au Ciel est situé sous la passerelle en bois et fait passer en-dessous de celui-ci. Petit conseil au préalable, essayer d’éviter d’arriver ici en plein milieu d’après-midi en plein été car la paroi est exposée plein sud et le soleil cogne dur sur le rocher ! La crème solaire sera alors diluée par la transpiration tandis qu’une sensation de cuisson à l’étouffée adviendra entre deux brises de vallée providentielles. On suit une vire ascendante offrant une splendide vue dominante sur, une fois encore, les gorges de l’Arc. Puis, le tracé alterne entre quelques traversées obliques et verticales, dont certaines sont ponctuées de surplombs musclés.

« La Montée au Ciel » porte bien son nom…

Enfin, clou du spectacle de cette via ferrata d’Aussois et qui la rend célèbre, la fin de La Montée au Ciel se fait en pénétrant dans le fort Victor-Emmanuel par une des bouches à canon (conseil : passer les pieds en premier pour ne pas vous retrouver la tête par terre à la sortie). L’expérience est assez rigolote avec cette petite impression d’être un éclaireur ninja de l’époque s’infiltrant dans la forteresse imprenable.

4. Le fort Victor-Emmanuel

Patrimoine historique de Savoie classé Monuments Historiques, ces cinq forts construits entre 1818 et 1834 par le royaume de Piémont-Sardaigne marquent la frontière entre la France et à la Maison de Savoie (alors transférée à Turin). De nombreuses fortifications ont été érigées dans la vallée de l’Arc, principalement autour d’Aussois formant le complexe de la « barrière de l’Esseillon ». Le fort Victor-Emmanuel en est l’édifice principal, le plus imposant. Il est composé de huit bâtiments à double niveaux en cascade, épousant le relief de l’éperon rocheux verrouillant les gorges de l’Arc avec la redoute Marie-Thérèse. Pour en savoir plus, rendez-vous ici et ici ou dans l’émission Des racines et des ailes.

Et donc, tant qu’à être là, autant en profiter pour visiter le fort Victor-Emmanuel, non ? Et puis, en plus d’agrémenter son parcours sportif par de la culture historique (accès gratuit), ça permet de faire redescendre sa température au frais après la montée au soleil (prévoir tout de même une petite veste pour les courants d’air) et également de faire reposer les bras avant la très athlétique dernière partie de la via ferrata du Diable. On commence donc par la partie basse et ses vastes espaces avec quelques canons encore exposés puis on remonte les impressionnants escaliers, ou rampes plutôt, pour les mobilités des armes, me rappelant les architectures carcérales de Piranèse. Plus haut, on découvre les anciens différents espaces de vie quotidienne avec les cours intérieures, les chambres, l’hôpital, les cuisines, une chapelle, un cimetière et, tout en haut, le pénitencier et, un peu à l’écart, la poudrière. Au final, nous y avons pris goût et avons visité le fort Victor-Emmanuel en 1h30 quasiment.

5. Les Rois Mages

Le plus récent, le tronçon des Rois Mages est aussi la plus physique et la plus spectaculaire des parties de la via ferrata d’Aussois. Après le sentier descendant du fort Victor-Emmanuel, on est tout de suite mis dans le bain avec une vue plongeante au-dessus du vide ! Le ressaut, que l’on désescalade, conduit au premier pont tibétain (c’est-à-dire, deux câbles pour les mains et un pour les pieds). Nommé « Gaspard », il est d’une longueur de 25 mètres.

À la sortie, on retrouve le rocher avec une traversée en dévers qui tire bien sur les bras, obligeant à faire des pauses pour faire reposer les bras avant la tétanie (on prétextera vouloir profiter de la vue…) ! Puis, on joue les funambules sur le pont de singe « Balthazar » (un seul câble pour les mains et un pour les pieds), long de 20 mètres et avec 200 mètres de vide en-dessous ! Ça bouge ! Passer l’un après l’autre est la solution offrant le plus de stabilité. Car ici, encore plus qu’ailleurs en via ferrata, il ne s’agirait pas de tomber parce que la seule issue sera sans doute alors l’extraction par hélicoptère…

le pont de singe « Balthazar » © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Une ultime traversée au-dessus des gorges de l’Arc amenant sur un dernier beau surplomb, aussi impressionnant que physique. Sur le tronçon des Rois Mages, une vache peut assurément être une bonne option pour souffler. Une échappatoire se situe ici. Enfin, clou du spectacle, le parcours de la via ferrata du Diable d’Aussois se termine en apothéose avec une immense passerelle en bois nommée « Melchior ». Mesurant 82 mètres, elle est la plus longue au monde pour une via ferrata. Sensation garantie ! De surcroît avec le nécessaire premier pas dans le vide pour atteindre la première planche. N’ayez crainte, c’est solide. Car, oui, forcément, on a testé, quand on est plusieurs, le jeu « rigolo » est évidemment de s’amuser à la faire secouer pour les autres…

Après cela, vous pouvez souffler, de soulagement mais également de fierté car ça y est, c’est fini. Le retour se fait sur terre, par un sentier pédestre remontant, soit au parking du fort Victor-Emmanuel ou, comme moi et indiqué au départ de ce topo, ramenant au village d’Arvieux (point d’eau près du cimetière, à moins que la traditionnelle bière en terrasse ne soit plus conforme à votre idée de récompense réconfortante).

à Laetitia et Justus, notre dernière sortie ensemble… RIP

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